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O Scugnizzo O Scugnizzo 18 septembre 2013 14:15

Quel plaisir de voir ces deux personnes réunies autour d’une même table. Surprise inattendue ! Antoine Chollet a certainement été mon meilleur professeur, quasi-omniscient sur le sujet des idées politiques, très humble et d’une rare pédagogie. Je vois qu’il considère la Suisse dans l’ensemble comme une oligarchie, malgré des "touches" de démocratie directe ici et là, comme l’initiative populaire ou le référendum, ça devrait faire réfléchir pas mal de membres du forum avec qui j’ai pu avoir des discussions enflammées sur le sujet, comme Kurtis ou Gerfaut ou qui sais-je encore.


En résumé, la Suisse reconnait effectivement des instruments renvoyant plutôt à une démocratie directe comme le vote populaire obligatoire en cas de modification de la constitution, du vote sur la chose (les lois) et non pas uniquement sur les personnes (représentants), le référendum et l’initiative populaire. Et ce n’est pas rien ! Mais ça ne suffit pas à cacher que dans l’ensemble et sur les questions les plus importantes, c’est une oligarchie qui règne. D’ailleurs économiquement, on considère souvent le pays comme "néo-corporatiste". La démocratie directe est marginale, se trouve encore cependant dans deux très petits cantons isolés : Glaris et Appenzell Rhodes-intérieures, où l’on trouve encore des Landsgemeine. En ce sens, cette démocratie directe est le fruit de la tradition moyen-âgeuse des communes libres et ne s’inscrit pas dans la pensée des Lumières françaises et du système anglo-saxon, et ceci me parait tout à fait fondamental à souligner. En général, et particulièrement en Suisse, les obstacles à la démocratie directe sont les suivants : inégalité des revenus et ainsi inégalité devant la puissance d’initiative politique individuelle ou groupée, pouvoir des corporations (la Suisse est le pays des banques et des multinationales donc ce n’est pas rien) (lobbying intense, ce qui découle du point précédent), très peu de temps à consacrer à la chose politique (8h30 de travail par jour sans heures supplémentaires à plein temps, peu de fériés, peu de vacances) - ce qui se traduit par une participation extraordinairement basse (moins de 40% en 2012 pour 12 objets votés*) que ne souligne pas assez A. Chollet à mon avis. Ceci remet au centre de la réflexion la question de l’économique en démocratie directe, et en ce sens la Suisse - pays libéral des banques et des multinationales - est plutôt mal placée. Je soulignerais également la proposition de Chouard de l’initiative individuelle (contre les 50’000 pour la l’initiative populaire ou 100’000 pour le référendum), ce qui évite le biais de tout confier à des personnes charismatiques comme le dit Chouard, ou de manière plus réaliste à ceux qui ont les moyens de faire campagne. Chouard apporte ce grain de folie, d’idéal, moins "neutre" qui me semble essentiel pour faire bouger les citoyens. Le livre de A. Chollet est déjà en commande.

Finalement, on peut simplement regretter que l’entretien ne dure pas plus longtemps, à part ceci, je tenais à remercier chaleureusement "CauseToujours" pour avoir organisé ce court entretien.

* Source : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/17/03/blank/key/stimmbet eiligung.html



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