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Éric Guéguen Éric Guéguen 26 octobre 2013 15:07

Heureux que l’émission vous ait plu.
Pour ce qui est de mon ressenti vis-à-vis de la mort de Socrate, je pense qu’il n’est pas exclu que Socrate - sans parler de sacrifice - ait échangé sa vie contre le triomphe de la raison. Je veux dire que dans une démarche spirituelle - dont témoigne Platon dans le Criton du point de vue des devoirs de Socrate et dans le Phédon du point de vue du sort de son âme - Socrate intègre peut-être son procès et sa condamnation dans l’exemplification.
Il y a une dimension psychologique dans la pensée de Socrate qui est de moins en moins prise en compte de nos jours... malheureusement ! Et je pense que c’est pour s’adapter à l’auditoire d’aujourd’hui. Beaucoup de gens ne croient pas en l’existence de l’âme et se retrouvent... désarmés face à cette problématique. C’est bien dommage.
 
Concernant la tradition maintenant. Et c’est un problème fondamental. Je suis tout à fait d’accord pour dire que Socrate se présente comme un critique de la tradition, et qu’il perd forcément la bataille. Mais Socrate, comme Aristote, bien que théoriciens du droit naturel, partent du principe qu’il est nécessaire qu’il y ait un droit légal, un droit écrit valable pour tous et ancré dans la tradition des anciens, même s’il est loin d’être parfait. L’éducation consiste également à apprendre aux enfants à respecter ces lois. Donc Socrate se comporte en citoyen responsable en acceptant son sort, mais néanmoins critique par la "morgue" dont il fait preuve face à ses bourreaux.
Dans le même ordre d’idées, je pense notamment à Aristote et ses "endoxa" (j’en parle dans mon nouveau chapitre), ces éléments de tradition, matériaux bruts qui comportent à la fois de l’opinion et de la connaissance, le tout cristallisé au cours des âges. Au philosophe il appartient de dissocier les mauvaises opinions des sources du savoir ou des opinions devenues du savoir par la sanction du temps.
Il y a là matière à creuser (et je m’y emploie) concernant la nation : celle-ci est la figuration de la tradition, fondamentale car permettant tout le reste, mais en même temps elle doit accepter la nouveauté, la critique et l’amendement. C’est quelque chose que ne peuvent comprendre ni les nationalistes, ni les sans-frontiéristes. Je pense que ni les uns ni les autres n’ont pris le temps un jour de lire les Grecs...
 
Vis-à-vis de Jésus, le parallèle entre démocrates et Pharisiens est tout à fait pertinent et même saisissant. Mais j’en déduis surtout une constante : le conformisme contre lequel il faut à toute force lutter, et dont ni le christianisme ni la démocratie ne peuvent à eux seuls nous protéger. Pire : la démocratie cardinale est devenu LE conformisme fier de lui-même et sûr de son bon droit.




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