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maQiavel machiavel1983 8 novembre 2013 14:05

@Eric Gueguen

Très bien, le phronimos va puiser dans ses vertus intellectuelles les moyens successifs de parvenir à sa fin, et évalue ces moyens au regard de la morale grâce à sa vertu de prudence.

Bon, voyons maintenant l’application concrète de ce très joli énoncé et revenons à ma question !

Avant quelques précisions :

-Est-il moral de s’être laissé accuser à tort par la démocratie athénienne et s’être laissé mourir quasiment ? Qu’aurait fait Machiavel dans un tel cas ? Ne se serait-il pas enfui sans demander son reste, comme le lui aurait conseillé Criton ? Socrate, lui, a gardé en vue le bien de la cité, le respect des lois communes et leur rôle émancipateur, peut-être savait-il que de sa mort seraient tirées quelques leçons quant aux dangers de l’opinion publique, leçons salutaires pour la cité. Qu’en pensez-vous ?

R / J’en pense que Machiavel n’a pas blâmé Socrate et qu’au contraire vu son sens de l’Etat et des intérêts supérieurs il l’aurait loué d’avoir donné sa vie pour le bien de sa cité, et surtout pour son respect des lois communes (Machiavel était très cheval sur l’observation des lois).

-Socrate ou Aristote ont en vue un bien suprême constant, et délibèrent pour accorder le divers de la vie à ce bien constant ; pour Machiavel, le bien est inconstant, il dépend lui-même des circonstances (fortuna) comme des caractères (virtù) en jeu.

 

R / Non, non, non, vous vous trompez, le bien ne varie pas en fonction des circonstances chez Machiavel, mais c’est le cas des moyens pour y parvenir !

Quant à la fortuna, elle  renvoie à une disposition humaine de réaction, ou de non réaction, face à l’évènement, elle est une nécessité extérieure, une contrainte à laquelle il faut généralement répondre dans l’urgence.

Et la vertu chez lui, elle est une sorte d’énergie, de puissance que l’on retrouve aussi bien dans des individus que dans les Etats. Ceux qui en sont doté sont des sujets créateurs maitre et arbitre de leur destin, et capable de surmonter la fortune quand elle leur est contraire et de l’utiliser pour potentialiser leur action quand elle leur est favorable.

Mais tout cela en vue d’un bien, qui lui est un absolu : un Etat puissant et sécurisé permettant l’essor d’une vie civile prospère et harmonieuse régies par des lois, des institutions et des mœurs politiques observés par l’ensemble des citoyens.

C’est en vue de ce bien suprême, que tous des moyens doivent être utilisé pour surmonter les contraintes et les nécessités !

Maintenant, revenons à vos questions :

-Mais dans quelles circonstances ?

R / Celle d’un changement de régime. Le fondateur de ce nouveau régime que j’appellerai « le prince » vient de mettre à bas le précédent qui était corrompu !

Quel est l’homme qu’il faut tuer ?

R : Disons un groupe d’hommes. Ceux qui étaient à la tête du précédent régime et profitaient de sa corruption pour s’enrichir et abuser de leur pouvoir.

Qu’a-t-il fait ?

R / Pour pimenter le tout, je dirai qu’ils n’ont encore rien fait. Mais le fait est que ces hommes ne supportent pas ce nouveau régime qui les a dépossédés de tous leurs privilèges.

-Que met-il en danger ?

R / Le nouveau régime. Ces hommes disposent encore d’une influence au sein de la cité et à l’étranger, ils peuvent potentiellement déclencher une guerre contre la cité.

Gueguen, voici que la fortune est favorable au prince : ces hommes sont momentanément à sa merci ! Ce dernier ait la possibilité de tous les éliminer physiquement et éviter ainsi la guerre civile, les guerres extérieures, les troubles, les famines et toutes sortes de calamités. Cela est il moral de le faire, alors même que ces hommes n’ont encore rien fait ? Si ce moyen est vil, qu’aurait conseillé Aristote ? Que conseilleriez-vous ? Comment mettez vous en application votre jolie phrase que j’ai reprise au début ?

Voyez, c’est cela la politique, se trouver face à des circonstances et des nécessités à surmonter  et y faire face avec les moyens du bord !

P.S : ne me dites pas que nous sommes entrain de faire des plans sur la comète, cet exemple est un cas concret récurent de quasiment toutes les révolutions et changement de régime !




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