@ Machiavel1983 et Filifuche :
Michéa tente de réintroduire de la "décence", le mot commode pour ne pas dire "morale", c’est-à-dire "jugement de valeur",l’évidence que tous les choix de vie ne se valent pas (ce qui nous ramène au passage à Finkielkraut et sa très juste dénonciation du démocratisme fondé sur une égalité ubiquiste qui rend légitime tous les choix de vie). Or, qu’est-ce que la morale ? Le scrupule d’un individu qui vise un comportement décent en société, autrement dit d’un individu qui consent à passer d’un état A, spontané et peu soucieux de ceux qui l’entourent, à un état B, raisonnable et conscient de son caractère politique, sociable.
Lorsque Machaivel1983 pourchasse les idéalistes et qu’il dit en substance que Michéa s’oppose à eux par un esprit "George Brassens", je me permets donc de dire qu’à mes yeux il se trompe : Michéa, comme Finkielkraut, veulent plus de décence ordinaire, plus d’éthique et de modération (sophrosune en grec), c’est-à-dire voir en l’être humain un être qui vise individuellement un maintien, un comportement social nécessitant beaucoup d’efforts et de retenue.
Au rebours, c’est parce qu’il a fallu lutter contre la morale (de l’Église notamment) que les libéraux en sont venus à prôner l’intérêt comme maître-mot, et la dssolution des passions religieuses dans le grand bain marchand. Tous ces gens nous disaient : "cessons de voir l’homme tel que l’on aimerait qu’il soit - décent - et voyons-le plutôt tel qu’il est spontanément - égoïste." D’où bientôt le règne du marché, de la finance spéculative et le régime représentatif en tant que VRP. On a beau jeu aujourd’hui de reprocher à nos dirigeants de penser à leur gueule : toute la modernité individualiste, matérialiste, progressiste et relativiste a été fondée là-dessus.