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Morpheus Morpheus 24 janvier 2014 21:13

Et si la folie et l’irrationalité dénoncée par la prétendue élite était précisément le fruit de la démence de cette élite ?
 
On peut avancer qu’une population donnée sera effectivement "contaminée" par certaines dérives mentales dès lors que s’installe dans la société un contexte socioculturel qui instaure, justifie, "moralise" même, certaines caractéristiques propres à ces dérives mentales.
 
Ainsi, si l’on pose une forme de gouvernement qui, depuis le mode entrepreneurial jusqu’au système politique, base son fonctionnement sur ce modèle pathologique (compétition, struggle for life, chacun pour soi, pénurie organisée), vu le besoin d’insertion et le fait même de devoir vivre dans ce paradigme (le fameux "conatus" de Spinoza dont parle Frédéric Lordon), il en résulte que tout un chacun est susceptible, à son niveau, de développer peu ou prou des caractéristiques comportementales qui correspondent à ces modèles pathologiques. La raison est simple : la nature humaine, C’EST la faculté d’adaptation.
 
Ma propre analyse a déjà conclu (il y a un moment) que le monde dans lequel nous vivons est largement dominé par une folie psychotique, et que chacun de nous, à son niveau, est plus ou moins atteint : je considère que cette société est largement schizoïde. Mais cela ne veut pas nécessairement dire que nous sommes tous fous, ou du moins, que ce soit une fatalité. Il est possible même (c’est une hypothèse) que le sens de l’existence en ce monde soit précisément de trouver le moyen de s’extraire de la folie dominante. En sommes, je pose comme hypothèse que notre civilisation serait un immense asile à ciel ouvert dont le personnel psychiatrique et médical serait constitué de dangereux psychopathes désireux de réguler les masses afin qu’elles rentrent dans leur monde fous.
 
Dans une société oligarchique, régie par le principe hiérarchique, l’état général de la masse souhaité par l’élite dirigeante est ce qu’on appelle l’état « eknoïde », qui est l’état normal du citoyen conditionné et toujours obéissant.
 
Dans cet état, l’homme est étranger à lui-même et à tous les aspects de son expérience, étranger à toute véritable raison d’agir, étranger même à son propre corps quand il n’est pas l’objet d’exploration pour les autres. Dans cet état, l’homme refuse prudemment toute possibilité de changement, si bien que l’on peut dire, sans crainte d’une métaphore déplacée, qu’il a "perdu la tête".
 
La plupart des gens se soumettent à cet assassinat chronique (qui est aussi une forme d’assistanat) en murmurant seulement quelques plaintes et en oubliant vite leur désaccord. De cet assassinat, la compensation est manifeste : on peut devenir riche ou du moins "aisé", diriger une grosse entreprise ou un État, ou même se réjouir de la dévastation écologique d’énormes surface au profit de valeurs admises. Tout bien pesé, il n’y a rien de mieux que d’avoir perdu la tête.
 
Par une série de « métanoïas », l’homme peut sortir de l’état eknoïde (= servitude volontaire). On entend par là un changement de sa personnalité profonde qui atteint son apparence, sa surface sociales. C’est toutefois un véritable chemin de Damas, avec conversion, repentir et, même au deuxième stade de la métanoïa, des "signes" de dépression et de deuil.
 
La première métanoïa conduit à une zone « paranoïaque », état ou l’homme est à côté de lui-même. Si l’eknoïa est l’état où l’on est hors de soi-même, dans la paranoïa, du moins, on en est près. Ici, il s’agit de relations de voisinage avec soi-même, qui peuvent devenir affectueuses.
 
Si l’eknoïa est un état de l’être négatif résultant du conditionnement social inauguré au sein même de la famille, la paranoïa, elle, est le début d’une existence active, début d’une vie consacrée à de nouveaux projets. Il y a certainement une confusion entre les fantasmes persécuteurs et les réalités persécutrices.
 
Avec les premiers, l’homme explore la réalité sociale à travers la projection, d’abord inconsciente puis à moitié consciente, des structures du passé sur le présent. Si, dans le domaine des relations les plus significatives, cette recherche est assez radicale (recherche de la cause des causes), l’homme commence alors à développer une conscience objective de la réalité persécutrice, laquelle dépasse sa personne et ses projections, bien qu’elle provienne de son expérience familiale primitive.
 
La deuxième phase est celle du travail sur soi-même au sens de travail total, notion qui implique cette autre, utilisé en psychanalyse, « l’élaboration ». Elle nous procure un sentiment de cohérence et nous donne l’impression d’être, en nous-mêmes, distinct, comme une personne d’une autre personne, détenteur d’une autonomie qui n’est pas solitude, mais ouverture sur le monde. Ici, l’homme s’encourage lui-même, il s’octroie un nouveau cœur non par transplantation, mais par imagination. Dans l’état d’autosuffisance qui résulte de ces relations avec lui-même, il révèle le défi d’assumer toutes les nouvelles expériences, de sorte qu’il peut se permettre une généreuse ouverture sur le monde (mouvement « noïque »). A ce stade, l’homme est près à abandonner son égocentrisme et à rompre les limites de son être fini.
 
La dernière métanoïa est le passage du moi actif et autonome au moi-dans-le-monde (transcendance, « anoïa »), œuvrant à travers la négation de l’autopréformation dans un moment d’antinoïa. Il n’est plus ici question d’états de l’être, ni de l’illusoire sérénité qu’ils procurent.
 
Il y a évidemment place pour des confusions entre ces états, la plus désastreuse étant la tentative de passer de l’eknoïa et de la paranoïa à l’anoïa, sans avoir l’autonomie requise. L’emploi incontrôlé de drogues psychédéliques, les formes alarmantes de ce qui semble être des « dépressions psychotiques » sont de telles tentatives. Quand cela se produit, les gens sont encore prisonniers du joug de leur famille, ainsi que du joug de l’image familiale qu’ils ont intériorisée, et sont forcément en quête de répliques familiales non contraignantes.
 
Schéma :
 
Eknoïa << 1ère métanoïa >> Paranoïa << 2ème métanoïa >> Noïa (En-noïa) << 3ème métanoïa >> Anoïa / Antinoïa.
 
(remarque : l’état paranoïaque est donc le signe d’une activité libératrice et d’un progrès sur le chemin de l’individuation)
 
Source : Mort de la famille de David Cooper.
 
« Pour Cooper, la maladie mentale n’existe pas, et la folie est une expérience personnelle et sociale, un état modifié de conscience (EMC), un voyage. Il conteste tout classement des comportements mentaux déviants en maladie. »
 
Morpheus




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