Bien que je sois stalinien, je ne soutiens pas pour autant la
catégorie de "peuple criminel" qui a existé en URSS, il faut le
reconnaître. Vous avez raison de le souligner, cela dit, encore une
fois, il faut juger avec les catégories d’époque. Mettez-vous à la place
des dizaines de millions de citoyens soviétiques (Russes et pas que,
comme vous l’aurez bien compris) qui ont perdu une partie ou la totalité
de leur famille dans la 2ème guerre mondiale. Vous croyez qu’ils
auraient toléré que l’État ne fît rien contre certains groupes ethniques
plus ou moins obscurément identifiés comme étant Ukrainiens, Tatars ou
Tchétchènes ? Non, bien entendu. À la limite, le seul truc qui paraît
contestable dans votre critique sur la déportation des Tatars, ce sont
les chiffres de mortalité que vous avancez, qui me paraissent bien trop
élevés pour être crédibles. D’où les sortez-vous ?
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Cependant, je
ne crois pas qu’il soit juste d’imputer l’entière responsabilité de
cette répression à Staline seul et en personne. Vu la tension à l’époque
(et cette fois, vis-à-vis des Anglo-saxons), il avait bien évidemment
d’autres chats à fouetter. Il s’agit probablement de répression (voire,
vengeance) purement administrative, selon un algorithme assez bien
décrit par Kafka dans "Le Procès".
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Quant à boycotter le référendum... c’est exactement ce qu’ont fait les
pro-russes en Ukraine avec les élections présidentielles en empêchant
qu’elles aient lieu au maximum sur les territoires qu’ils contrôlent...
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Vous
ne savez pas lire ou bien, vous faites exprès ? La Novorussie
(c’est-à-dire, les provinces de Lougansk, Donetsk, Dniepropetrovsk,
Nikolaev, Kharkov et Odessa au minimum) n’est pas pro-russe, elle est
russe, de langue, de culture, de religion et de mémoire collective. Et
elle représente non pas 15% de la population de l’Ukraine, comme les
Tatars en Crimée, mais plutôt autour de 55%. Quand l’un des premiers
actes de la junte arrivée au pouvoir après le coup d’État contre
Yanoukovitch est l’abolition du statut de langue officielle du russe, et
qu’en plus, leur gouvernement est composé pour une partie non
négligeable de néo-nazis, comment voulez-vous qu’ils réagissent ? La
seule réponse adéquate dans ce genre de situation, si l’on tient compte
du vécu historique de ces gens par rapport au nazisme, est évidemment
l’insurrection armée. C’est exactement ce qui est en train de se passer.
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N’oubliez
pas non plus que la plupart d’entre les ex-citoyens soviétiques n’ont
toujours pas intégré la chute de l’URSS dans leur subconscient et
continue de vivre d’après la vision du monde de l’URSS. L’Occident est
un ennemi, et quand l’Occident tente de s’emparer de vos terres, quelle
que soit la pseudo-légitimité qu’il invoque (même la plus "démocratique"
du monde), il faut combattre l’ennemi jusqu’au dernier homme, par tous
les moyens. Dans le monde russe, on ne dit pas "libéralisme" ni "démocratie". On dit libérastie et démocrastie, et on craint de devenir homo si ils frappent à votre porte.