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Chitine Chitine 20 novembre 2014 21:24

Sur l’"individu", la "détermination", la "liberté", l’"extériorité", le "choix"...je pense que ceci pourrait vous intéresser :
(il s’agit d’extraits d’un résumé de "La société des affects" de F.Lordon, par Marie-Christine Ibgui)
http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/13/03/2014/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Lordon,-La-soci%C3%A9t%C3%A9-des-affects,-%C3%A9d.-du-Seuil,-lu-par-Marie-Christine-Ibgui

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(Ce résumé de résumé trahit en partie les concepts soulevés par manque de développement, mais il s’agit plus ici d’introduire ces idées.

Pour moi, tout l’intérêt du travail de Lordon est qu’il contribue à combler l’angle mort des individualismes théoriques qui, lorsqu’ils questionnent les "effets émergents des actions individuelles", postulent - à tort - l’individu conscient et rationnel dans ses choix. Se coupant du même coup, paradoxalement, des moyens de questionner le travail entre individuel et collectif à l’œuvre dans ces phénomènes d’émergences.)

___
"l’institution ne (doit) sa stabilité qu’ à un rapport de forces entre un affect commun favorisant l’obéissance et un affect contraire conduisant à l’indignation et à la sédition. Par conséquent, (...) il n’y a pas d’institution qui soit à l’abri des crises. (...)

(ce « structuralisme dynamique ») permet d’expliquer les mouvements de contestations et de révoltes, non comme l’irruption d’une liberté imprévisible, mais comme un infléchissement dans une direction nouvelle du jeu de forces entre affects d’obéissance et affects séditieux.

C’est pourquoi, contrairement à Hobbes, Spinoza ne pense pas que les individus puissent déléguer leur droit naturel au souverain, en entrant dans la société civile, puisque le droit naturel de chacun, comme puissance inaliénable, continue à s’exercer dans l’ordre institutionnel et peut même se retourner contre lui.

(...)

la domination par la violence symbolique ne fonde plus la légitimité,
(...) celle-ci repose sur l’accord suscité par l’institution à laquelle les sujets adhèrent de façon consciente et réfléchie. (il s’agit de) penser le maintien ou la crise des institutions autrement que sur la base de cette légitimité que les sujets sont censés leur accorder.

...une définition de l’institution qui ne soit pas fondée sur le modèle contractualiste de l’accord des sujets. En effet, selon Spinoza, l’individu n’y est pas un sujet-acteur, mais un « conatus », c’est-à-dire un effort ou encore un élan de puissance, orienté par des affects, qui le conduisent à poursuivre les sources de joie et à repousser les causes de tristesse.

C’est donc le désir qui institue les valeurs poursuivies ou non par l’individu ; celles-ci ne sont pas librement choisies par lui, mais résultent de l’effet (plus ou moins utile et agréable) produit par des causes extérieures sur sa propre constitution affective.

(...)

Après avoir montré que la légitimité n’existe pas, puisqu’elle n’est que le résultat d’un rapport de forces toujours fragile, F. Lordon se demande donc comment l’institution s’impose aux individus, d’où lui vient son autorité, ou encore son efficacité symbolique.

Pour répondre à cette question, l’auteur se tourne, une fois encore, vers la théorie spinoziste de la puissance comme pouvoir d’une chose de produire des effets sur une ou plusieurs autres choses. Or si les institutions ont ce pouvoir d’affecter de façon homogène les comportements des individus, c’est en raison de la puissance de la multitude, par laquelle les hommes s’affectent les uns les autres, individuellement et collectivement.

Le fait de la puissance n’est jamais qu’une autoaffection du corps social. Par mimétisme, en effet, les individus se trouvent affectés de la même façon par des choses qu’ils vont s’accorder à trouver bonnes ou mauvaises et c’est de la composition de leurs affects individuels en affects communs que l’État va tirer son autorité, c’est-à-dire son pouvoir de définir le légal ou l’illégal, comme s’il s’agissait de normes érigées par lui, alors qu’il ne s’agit que d’affects communs.

(...)

En dernière instance, c’est toujours de la puissance de la multitude et non de quelque extériorité transcendante que l’institution reçoit son efficacité. Mais du fait que le fondement de l’autorité est immanent au corps social lui-même, il reste fragile et arbitraire ; le pouvoir peut donc toujours être renversé par la multitude, si l’affect commun qui l’a engendré est défait par l’indignation. Autrement dit, ce qui fonde l’institution peut aussi la détruire et l’état civil ne met jamais définitivement fin à la guerre. Mais cette dernière n’abolit jamais complètement l’état civil non plus ; elle contribue plutôt à remplacer certaines valeurs ou institutions par d’autres apparaissant comme plus légitimes."

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