Réponse globale.
Des choses importante ont été
dites , je vais faire au mieux pour synthétiser ma réponse mais ce ne sera pas
simple , elle risque d’être assez longue.
0. Concernant le reproche qui m’a été fait d’écrire un articles qui a plus à voir avec Avox.fr que
Avox.tv, c’ est simplement que la pierre
angulaire de cet article est l’ intervention de Friedman … qui est en vidéo. Pour
moi, vidéo = agoravox tv. Bref, c’est un détail.
1. Concernant le complotisme et la
complexité des rapports internationaux, les remarques de sentero dans la première
partie de son commentaire sont remarquables, je ne vais pas revenir dessus.
2. Il y’a un certain étonnement par rapport
au fait que Friedman balance sans retunue sa vision stratégique sur
la place publique. Je me pose, moi , au contraire la question suivante :
pourquoi ne le ferait il pas ? Il n’a aucun poste officiel dans l’administration
américaine, c’est le PDG d’une firme privée, que l’on peut assimiler à un think
thank et qui cherche à être employé par l’administration américaine, ce
discours en place publique peut etre assimilé à une campagne de promotion de la
société. De plus il est dans la tradition des think thank américain de parler
sans tourner autour du pot. Pour finir, il ne dit rien que ceux qui suivent le
contexte géopolitique global ignoraient …
Pour qui roule –t-il ? Au contenu de son discours
géopolitique, je le rattache au courant des conservateurs réalistes, en lien
avec Zbignew Brezinski, kissinger et la
trilatérale.
3. Pour l’école réaliste en géopolitique, les acteurs se meuvent avant tout en fonction de leurs intérêts (
pour être plus précis, en fonction de la représentation qu’ils ont de leurs intérêts
car il y’ a une part de subjectivité dans la définition de leurs intérêt).Cela
ne signifie pas qu’ ils sont en tout et à tout moment rationnel mais que même
la part d’ irrationnel est actionné à cette fin (cela est valable également pour les
extrémistes religieux ) , on imagine mal
un acteur géopolitique agir dans l’intention
de servir d’ autres intérêts que les siens
( ce qui n’exclut pas les instrumentalisations et les convergences d’ intérêts de
la donne politique , évidemment ).
Une fois cela dit, on peut aisément répondre à cette
question : quel est le jeu de l’Allemagne, satisfaire ses intérêts, ou
ceux des USA ? La réponse devient évidente.
4. Depuis les immenses pâtés reçus par l’Allemagne le
siècle dernier, on peut en effet est dressée à obéir en bon vassal au suzerain
américain.
Les choses sont je crois plus complexes.
Depuis sa défaite en 1945, le peuple
allemand, et ses classes considèrent implicitement que l’Allemagne doit
accepter de jouer avec des règles qu’elle ne fixe pas, et sur lesquelles elle a
peu d’influence. Les Allemands, collectivement, se veulent, désormais, les
« bons élèves » de la classe néolibérale tout comme la RFA avait été
le « bon élève » de la classe social-démocrate, et la RDA le
« bon élève » de la classe communiste.
L’Allemagne accepte le jeu de la zone Euro qu’elle
n’ a pas définie mais dont elle a tiré les fruits en l’ instrumentalisant
froidement pour tirer les avantages de la monnaie unique, et d’un taux
de change inchangé avec ses pays clients. L’Allemagne ne veut pas par contre
que la zone Euro se transforme en une “union de transferts” , c’est une constante depuis le début des
négociations sur la zone Euro car si les principes d’un réel “fédéralisme”
étaient appliqués l’Allemagne, “région”
riche de la zone Euro, devrait contribuer à hauteur de 8-9% de son PIB par an
sur une période d’au moins dix ans selon Jacques Sapir.
De fait, et quoi que fasse l’Allemagne, elle sera confrontée
à ce processus de contagion, soit à l’intérieur de l’Euro (et avec une pression
de plus en forte pour voir augmenter sa contribution) ou à l’extérieur, avec
une dislocation probable de la zone Euro. L’Allemagne a encore le choix, mais
c’est un choix entre deux maux. Quoi qu’il en soit, l’avenir s’annonce sombre
pour l’Allemagne qui se rend compte aujourd’hui qu’elle est dans un piège. Donc comment va-t-elle réagir, si ayant
joué le jeu, elle n’en retire plus les fruits ?
On peut penser que, dans ce cas, elle choisira ce qui pour
elle, ou plus précisément pour ses dirigeants, apparaîtra comme le moindre : la
rupture de la zone Euro et le basculement vers l’est deviennent une option.