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Baston Labaffe Gaston Lagaffe 31 août 2015 11:19

Parisiânerie narcissique entre Blanrue et son ex ami Moix à l’occiput néanderthalien séduit par le révisionisme sauce Faurisson du temps d’avant gamelle BHLienne.

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Partie 1

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Lettre ouverte à Yann Moix,

en souvenir de Sacha Guitry, Charles Péguy et Robert Faurisson



Paris, le 28 août 2015.


Mon cher Yann,


Te souviens-tu du début des années 2000 ? Tu étais prix Goncourt du premier roman pour un livre que seuls de vieux cons avaient aimé, et moi je finissais mon cycle de dix ans de yoga zététique avec Henri le Niçois, qui avait fait son temps. Courant d’une émission l’autre, on se croisait parfois dans les couloirs de la maison de la Radio sans jamais s’adresser la parole. Ton crâne préhistorique ne prédispose pas au bisou baveux et la morgue que j’affiche envers les bons élèves du système nous offrait peu de chance de nous asseoir l’un à côté de l’autre pour discuter de l’air du temps et de la révolution qui vient.

Mais il y eut la nuit. Et à Paris, la nuit est un autre jour ! Tentant de rattraper des années perdues à tournoyer avec les feuilles mortes dans les brumes automnales des marches de l’Est, je m’étais transformé en rapace nocturne. Ce soir de 2001, j’avais été convié à un raout privé, une sauterie parisianiste “littérature et pique-assiette” dans une boîte chic située à deux pas du Palais-Royal. Comme je n’aime pas perdre mon temps, j’avais aussitôt entrepris d’accoster deux apothéotiques Noires qui se déhanchaient sur la piste de danse telles des panthères narguant un safari, face à un Arno Klarsfeld ébouriffé et quelques noceurs en sueur, quand je vis accoudé au bar une espèce de Néandertalien semblant se raser sec en compagnie de lui-même : ce n’était autre que toi, mon Yannou !

Sur divers forums du Net, j’avais eu l’occasion d’écrire sans me brider ce que ton personnage m’inspirait. Après une courte expertise de ton cas, il en résultait que je ne te savourais guère ; en outre, l’un de tes passages dans l’émission “Tout le monde en parle” de Thierry Ardisson au cours de laquelle tu avais répondu de but en blanc à des questions dont tu connaissais manifestement la teneur à l’avance ne m’avait franchement pas plu. C’était une manière facile et vulgaire de briller ; je méprise les artistes qui trichent tandis que j’apprécie la spontanéité en toute circonstance. L’occasion était en or : je délaissai provisoirement mes trémoussantes beautés africaines pour venir t’exposer en face mon appréciation de ta vie et de ton oeuvre :

- Salut ! Je n’aime pas du tout ce que vous faites !

Tu posas ton verre sur le comptoir et me dévisageas d’un air intrigué. Prenant garde de ne pas créer un scandale inutile qui m’aurait valu une fâcherie avec les demoiselles court-vêtues dont je venais de vanter l’érudition, j’avais pris soin d’afficher mon plus large sourire ; provocateur, oui, mais magnanime ! Interpellé, tu pris ma remarque tranchante pour ce qu’elle était au fond : une manière originale d’engager la conversation autour de minuit. Tu t’enquis de mon nom. Ton visage rayonna soudain. Blanrue ! Ah, sacré Blanrue  ! C’était donc lui, ce fichu troublemaker !

Je n’étais pas un inconnu dans la maison. Marc-Édouard Nabe alors en exil à Patmos, en Grèce, pour écrire un espéré chef d’oeuvre, Nabe notre vieil ami commun que nous fréquentions à tour de rôle rue de la Convention, Nabe, l’amant de la Déesse aux yeux pers t’avait confié peu de jours auparavant par téléphone tout le bien qu’il pensait de ma modeste personne (c’était une autre époque !). Pour toi, l’auteur du Régal des vermines était un demi-dieu, un classique vivant de la littérature française, dont la moindre phrase jetée à l’écrit comme à l’oral valait à elle seule plus que toute l’oeuvre intégrale reliée en cuir pleine-peau de BHL, même si ce dernier t’avait pris sous son aile protectrice depuis tes vingt ans après la singulière comédie que tu lui avais jouée sans honte en bon Rastignac orléanais que tu es.

Tu me concédas sans peine qu’à ce jour tes rédactions imprimées ne valaient pas tripette à tes propres yeux et tu t’en trouvais fort marri. Être apprécié par des ploucs pour des numéros de claquettes médiatiques ne te satisfaisait pas, tu voulais à tout prix que l’on te louangeât pour ton génie auquel tu commençais à croire depuis que ton éditeur Jean-Paul Enthoven t’avait assuré que tu en possédais un grain. Tu proclamas fièrement que tu travaillais d’arrache-pied à un projet d’ampleur, agrémenté d’un style nouveau, inspiré non plus, comme tu en avais coutume, de celui de Marcel Proust mais de celui de Frédéric Dard. Tu désirais te lancer dans le feuilleton populaire. San Yannantomoix ! Si tout se passait comme prévu, tu étais bien décidé, et à raison, de réaliser un blokcbuster grâce à ce filon, avec Benoît Poelvoorde dans le rôle-titre. Quel défi !

Il ne faut pas que j’oublie de signaler qu’au cours de cette première discussion, j’avais sorti de la poche intérieure de ma veste aussi noire que ma chemise un objet kitch que je venais de chiner dans un tabac de la place San Stefano à Venise : un briquet portant l’effigie du Duce. Dire que tu t’en effarouchas serait très exagérément ternir la vérité  ! Ce truc rigolo fut au contraire l’une des attractions de la soirée, l’autre étant le décolleté pigeonnant de nos fraîches amies que nous reluquions sous les volutes de fumée tels des lions affamés (chose assez logique au demeurant car la devise collée sur le briquet n’était autre que : “Meglio vivere un giorno da leone, che cento anni da pecora[1]).

Je te présentai l’une de mes neuves et provisoires conquêtes - car avant d’être un “prédateur sexuel”, comme je l’ai lu récemment dans Closer, tu étais en ce temps-là incapable d’adresser la parole à une inconnue, et longtemps je fis la navette entre toi et la grisette -, et quelques jours plus tard tu me fis lire une version tapuscrite de ton roman Podium, m’assurant que j’étais le premier lecteur dont tu réclamais la vigilante critique. Je fus aussitôt saisi d’admiration et te félicitai chaudement ! Ce n’était pas du Céline, bien sûr ; toutefois il y avait dans les lignes que j’avais lues de la verve, du rythme, des intonations berurières, un bon paquet de joyeuses trouvailles et de tournures innovatrices. Bien mieux, il y avait une patte ! Tu avais réussi ton pari : se faire tordre de rire ton lecteur en le tenant en haleine moyennant une histoire construite autour d’un thème sociétal qui passionnait le populo du début du millénaire, les sosies de vedettes. Je me moquais pas mal de Claude François et de ses tubes tartes, mais la manière dont tu traitais le sujet changeait délicieusement de l’atmosphère cucul de tes poussives Jubiliations vers le ciel ! Les compliments non feints provenant d’un lecteur aussi difficile à contenter que moi te touchèrent au coeur.

Nous devînmes proches, puis, notre passion commune pour Charles Péguy aidant, amis et intimes, passant, durant des années, la plupart de nos après-midis ensemble ainsi que les fêtes de fin d’année. Rationaliste mais superstitieux, il te prit même de me considérer comme un porte-bonheur : un Nouvel An en ma compagnie était, disais-tu, gage de réussite professionnelle pour les douze mois suivants ! Te souviens-tu de celui qui eut lieu dans mon appartement du 18e arrondissement où, avec Laurence Remila, nous passâmes le réveillon à traquer sur le Net d’anciennes couvertures de Blek le Roc ? On m’a informé que Laurence est depuis devenu rédacteur en chef de Technikart et que tu t’es laissé aller dernièrement, lors d’une interview, à répandre des méchancetés sur mon compte.  Ce n’est pas joli.




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