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attis attis 14 octobre 2015 13:22

Une petite citation d’Huxley pour la route :

Environ 99,5% de la population de la planète est aussi stupide et béotienne que les masses anglaises, mais de façon différente. Il me semble qu’il est inutile de s’attaquer aux 99,5%, mais qu’il important que les 0,5% puissent survivre, se maintiennent au niveau de qualité le plus élévé possible, et, si possible, dominent le reste. L’imbécilité des 99,5% est consternante, mais après tout, que peut-on en attendre d’autre ? (tiré de The Hidden Huxley, par David Bradshaw).

Voilà qui devrait vous amener à vous interroger sur la véritable personnalité d’Huxley...

 

Quant à ses livres, le principe mis en oeuvre chez Huxley est celui de la fiction normative. Voici comment cela fonctionne :

[...]le pouvoir normatif de la fiction. Des auteurs animés par des idéologies douteuses ont souvent utilisé ce pouvoir normatif pour mettre en avant des projets radicaux. La propagation de la fiction normative au sein de la population permet de lui suggérer l’apparition d’événements à venir. Ceux qui auront été convaincus du caractère inévitable de ces événements futurs vont soit les accepter passivement, soit agir concrètement pour les mettre en oeuvre. Ainsi, lorsque le futur se déroule comme prévu, il adopte le caractère paradigmatique de la fiction qui l’avait prédit. [...] elle peut présenter à son public des possibilités qu’il ignorait auparavant ou qu’il n’avait pas considérées, et donner corps à ces possibilités par le truchement de l’intrigue, des personnages, de la mise en scène etc. Grâce à une « suspension volontaire de l’incrédulité », les lecteurs mènent une gedankenexperimente socio-culturelle : ils évaluent dans quelle mesure ces idées pourraient fonctionner dans le monde réel et quels effets elles seraient susceptibles d’y produire, et ils envisagent la possibilité d’un nouveau consensus.

 

Voilà ce qu’a fait Huxley dans ses livres. Il ne les a pas écrits pour dénoncer une horreur à venir, mais pour habituer les gens à l’idée de cette horreur future, de telle sorte qu’ils soient plus facilement en mesure de l’accepter une fois qu’elle sera devenue une réalité concrète.

Et je sais que je vais encore me faire des ennemis mortels, mais Huxley n’est pas le seul dans ce cas : le 1984 d’Orwell fonctionne exactement sur le même principe. D’ailleurs, Orwell a été l’élève d’Huxley à Eton, avant de bosser pour le ministère de l’information (=propagande) anglais. Le MOI (Ministry Of Information) était d’ailleurs la version contemporaine du Ministère de la Vérité de son roman. Encore de la fiction normative : il s’agit d’habituer les gens à l’idée d’une propagande omniprésente et délirante.

 

Et ces principes sont plus que jamais d’actualité. Le film Transcendence, avec Johnny Depp, sur le transhumanisme est un excellent exemple de fiction normative. On nous présente le futur désiré (ici, le transhumanisme) comme une monstruosité présentant tout de même certains avantages, tout en soulignant son caractère inéluctable . La populace pèse le pour et le contre, s’habitue à cette idée et finit par accepter ce futur monstrueux (c’est en tout cas l’objectif recherché).

Le meilleur des mondes (et les autres productions d’Huxley) avait pour objectif d’habituer les gens à l’idée d’aimer leur servitude, le fouet étant remplacé par le contrôle social, l’eugénisme, les drogues, la sexualité débridée, les jeux débiles etc.

Pour les anglophones, je recommande la lecture de cet article, que je vais bientôt traduire pour les autres. On y apprend le rôle joué par Huxley dans la révolution psychédélique.




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