Voici quelques extraits du livre "Shiva et Dionysos" (Alain Daniélou)
concernant les similarités entre les initiations des religions antiques
et celles des sociétés secrètes modernes visant à diviniser l’homme :
Certaines
techniques rituelles vont nous permettre d’agir sur les énergies
latentes présentes dans l’être humain et ainsi de le transformer et d’en
faire le véhicule de la transmission de certains pouvoirs, de l’élever à
un plan supérieur dans la hiérarchie des êtres, d’en faire une sorte de
demi-dieu ou de superman plus proche du monde invisible des esprits.
C’est le rôle de l’initiation. Ce processus de transformation de l’être
humain est long et difficile, c’est pourquoi l’initiation ne peut se
faire que par degrés.
Le pashu
(l’homme animal) deviendra d’abord un sâdhaka (apprenti), puis un vîra
(héros) ou adepte, c’est à dire un être qui peut dominer et dépasser les
apparences du monde matériel. Le degré suivant est celui de siddaha
(réalisé), appelé aussi, chez les Tantrikas, le stade de kaula (membre
du groupe), mot qui correspond au titre de "compagnon" dans l’initiation
maçonnique, où se trouve aussi le grade d’apprenti. Le kaula a atteint
"l’état de vérité". C’est seulement alors que s’effacent les barrières
entre l’humain et le divin et que l’adepte peut-être considéré comme
divya (divinisé). Dans le langage des mystères gréco-romains, on
appelait "héros" l’adepte, l’initié. Les degrés supérieurs étant
probablement gardés secrets. Cette transformation concerne l’être humain
tout entier. (…)
Seul
un initié peut transmettre des pouvoirs à un nouvel initié. Cela est
essentiel pour que la transmission initiatique soit valable. C’est
pourquoi on ne peut rétablir une tradition interrompue. L’initiation est
la transmission réelle d’une shakti, d’un pouvoir, transmission qui
prend la forme d’une illumination. La continuité de la transmission d’un
initié à un autre est comparée à la transmission d’une flamme qui en
allume une autre. Les initiés forment des groupes d’hommes différents
des autres. Ces groupes sont appelés kula (familles) dans le Tantrisme,
d’où le nom de kaula (membres de la famille ou "compagnons") donné à
leurs adeptes. La kula correspond au thiase dionysiaque. (…)
Le
bain rituel précédait, pour les mystères d’Éleusis, la phase considérée
comme la plus mystérieuse des initiations. Il était précédé, selon
Plutarque, d’une abstinence pendant dix jours de tout rapport sexuel. La
même règle est appliquée en Inde. (…)
"Le
novice est alors conduit à l’intérieur de l’aire d’initiation,
soigneusement marquée au sol. L’entrée située à l’ouest est la meilleure
pour les disciples de toutes les castes, mais en particulier pour ceux
de la caste royale, les Kshatriyas… Le novice doit faire trois fois le
tour de l’image phallique et, selon ses moyens, offrir à Dieu une
poignée de fleurs mêlées à de l’or, ou seulement de l’or s’il manque des
fleurs, en récitant l’hymne à Rudra (Rudrâdhyaya). Puis il méditera sur
Shiva en répétant seulement le pranava, la syllabe AUM." (Linga Purâna,
II, chap. 21, 40-42)
De
même, dans le rite dionysiaque, "l’initié a la tête voilée et se laisse
guider par l’officiant… Une corbeille emplie de fruits et d’objets
symboliques, parmi lesquels l’un en forme de phallus, est posé sur la
tête de l’initié. (H. Jeanmaire, Dionysos, p.459) (…) "Le bandeau qui aveuglait le disciple est ensuite enlevé et le yantra lui est montré…." (Linga Purana, II, chap. 21, 45)
.
Réception d’un apprenti FM : on lui ôte le bandeau et on l’expose à une lumière intense : http://www.servimg.com/view/12922592/687
http://www.servimg.com/view/12922592/685