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Joe Chip Joe Chip 10 août 2016 02:23

@maQiavel

Je réponds en synthétisant car je n’aime pas saucissonner les commentaires, cela tend à déstructurer le propos et à rendre les paragraphes illisibles.

Pour Alex Jones, il n’est pas seulement excessivement paranoäique - ce qui ne serait pas trop grave - je le crois plutôt manipulateur et opportuniste ; comme tous les complotistes et les désinformateurs, il a annoncé un tas de conneries au fil des ans mais naturellement personne ne lui en tient rigueur (j’y reviendrais dans ma réponse à wendigo).

Pourriez-vous également nommer la "fraction de l’establishment" qui souhaite modifier la législation sur les armes, ainsi que leurs propositions, afin que les choses soient posées clairement.

Vous parliez de "tendance à vouloir désarmer le peuple américain", ce qui n’est pas tout à fait la même chose qu’un changement de législation soutenu par une "fraction de l’establishment" qui viserait simplement à réguler le nombre d’armes en accès libre. Je ne vois en quoi le fait de réguler l’accès à des armes de guerre ou renforcer les conditions d’acquisition d’une arme à feu trahit une volonté de "désarmer le peuple américian" en considérant qu’il y a déjà des centaines de millions d’armes à feu en circulation. Je vous rejoins sur l’idée qu’il n’existe pas une corrélation automatique entre la violence et la détentation d’armes à feu ; cependant, en sociologie, la quantité devient qualité au-delà d’un certain point. Les centaines de millions d’armes en circulation entretiennent fatalement un risque de violence par armes à feu plus élevé, sans parler du poids médiatique et politique du lobby des armes qui accentue encore ce risque avec ses propositions inconsidérées (armer les profs et les étudiants en classe, etc.). Vous parliez de la Suisse, mais la Suisse a une législation très stricte en matière de possession d’armes à feu. A contrario, la France, contrairement à ce que martèlent les médias américains, n’a pas une politique "répressive" en matière de détention d’armes. Je crois d’ailleurs que l’on reste dans le top 10 mondial avec 20 millions d’armes en circulation.

Je n’ai jamais affirmé que la classe dirigeante américain était derrière l’augmentation des armes à feu en circulation, là vous extrapolez mon propos. J’ai dit, ou j’ai voulu dire, si vous préférez, qu’il était contre-intuitif de laisser entendre que les élites fédérales américaines, ou une partie des élites, envisageraient de "désarmer le peuple américain" et surtout que cela consituerait un fait absolument problématique dans un contexte où le nombre d’armes à feu a progressé de près de 100% entre 2002 (8,5 millions d’armes vendues) et 2012 (16,8 millions).

http://www.businessinsider.com/unbelievable-facts-about-guns-in-america-2012-12?IR=T

Il est d’ailleurs faux de dire qu’il s’agit d’un phénomène complètement spontané dans la mesure où le lobby des armes à feu, appuyé par une partie significative du parti républicain, a largement soutenu dans l’opinion l’idée que plus d’armes à feu = plus de sécurité, en particulier depuis le 11 septembre. Ce qui est quand même paradoxal car les mêmes affirment dans le même temps qu’établir une corrélation entre le nombre d’armes à feu et la violence est absurde... 

Ensuite il y a la lettre et l’esprit de la lettre. Les "patriotes américains" et les libertariens ultra ont une approche fétichiste du second amendement qui n’est pas d’ailleurs sans rappeler le littéralisme de certains fondamentalistes religieux.

« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. »

Or les libertariens ramènent toujours l’enjeu à un problème de liberté individuelle, quand la formulation du texte porte sur l’organisation d’une milice afin de préserver un "Etat libre". L’organisation n’étant pas a fortiori incompatible avec le principe de limitation.

Donc posons clairement les choses. Si le projet de la "frange de l’establishment" consiste à encadrer et réguler dans une certain mesure l’accès aux armes, en particulier aux armes automatiques et aux armes de guerre, je ne vois pas au nom de quoi on pourrait s’y opposer, ni en quoi cela serait fondamentalement incompatible avec une interprétation rationnelle du texte de la constitution, qui ne pose pas la détention d’armes comme un droit individuel absolu.  

Mais s’il existe une tendance manifeste à vouloir "désarmer le peuple américain", dans le contexte d’une politique répressive qui prendrait pour prétexte la lutte contre le terrorisme (il ne s’agit pas seulement de Jones, ce point de vue est très présent au sein de la droite conservatrice, même de manière plus diffuse), il faut apporter des preuves sérieuses de telles allégations. 

Pour le reste, en vrac :

- il y a un lien économique et politique entre les sociétés américaines exportatrices d’armes à feu (de loin à la première place mondiale)et le lobby des armes à feu. Et ce lobby est lié financièrement et historiquement à la droite américaine qui a toujours soutenu une politique de déstabilisation (quasi-officielle) des régimes sud-américains. Ca ne veut pas dire que je relie grossièrement "les défenseurs du second amendement (qui ?) aux crises d’Amérique latine et aux cartels", merci de ne pas déformer caricaturalement mes propos.

Moi, je ne suis pas américain, et je ne m’explique pas pourquoi certains Français se passionnent pour ces lubies libertariennes qui ne les concernent pas. En revanche, tout ce qui pourrait contribuer à affaiblir le lobby des armes à feux aux USA me semble plutôt aller dans la bonne direction.

ça c’est une perception militante hérité de certains groupes gauchistes noirs américains qui faisaient du blanc le méchant vendeur d’armes et du noirs la pauvre victime manipulée , ce n’est pas si simple quand on n’est un noir ou un latino qui travaille honnêtement et qui vit au sein d’un quartier infesté de gangs , être armé devient vite une nécessité …

J’ai dit tout ça ? Désolé mais vous ne me ferez pas le coup du "ce n’est pas si simple, la réalité est plus complexe" ce qui est évidemment toujours le cas. Ou ai-je dit par ailleurs qu’il y avait une "dichotomie raciale" ? Dire que les vendeurs d’armes sont majoritairement des blancs riches et que les victimes d’armes à feu aux USA sont majoritairement des noirs pauvres est malheureusement une réalité sociologique et statistique, pas une une "dichotomie", ce qui ne veut pas dire que j’adopte pour autant un point de vue hypocrite et moralisateur sur le "noir ou le latino qui travaille honnêtement et qui vie au sein d’un quartier infesté de gangs" ou que je défende l’idée de lui retirer le droit parfaitement légitime de défendre sa vie et sa famille, dans son contexte, qui, vous me l’accorderez, est bien différent de celui du plouc obèse qui se prend pour Rambo avec son fusil mitrailleur. 

------> Bien sur que si, c’est la violence qui l’a amené dans ce pays, c’est elle qui a fait de ses ancêtres des esclaves et qui a structuré son univers mental.

C’est pas un peu simpliste, cette idée ? Je ne la nie pas catégoriquement, mais réduire la violence des ghettos noirs aux conséquences de l’esclavagisme me paraît excessif. Les noirs ont été esclaves, ça ne veut pas dire qu’ils sont restés complètement passifs face à cette expérience de la violence, ou qu’ils aient attendus les années 70 et le rap pour se "révolter". Ca, c’est justement ce que les gauchistes et les radicaux (blancs ou noirs, il y avait pas mal de salauds qui exploitait facilement la naïveté des frères...) leur ont enfoncé dans la tête à partir des années 60. Les afro-américains, que l’on juge cela négatif ou positif, avaient hérité de la période de l’esclavage un puritanisme et une ferveur religieuse très marquée mettant l’accent sur la non-violence. On a assassiné Martin Luther King parce qu’il appelait à la non-violence, pas parce qu’il appelait à un embrasement généralisé et à la révolution ethnique. Quand les noirs se sont progressivement émancipés et ont commencé à constituer un nouveau prolétariat urbain, ce puritanisme serré a au moins contribué à tenir à l’extérieur de la communauté noire tous les fléaux de la pauvreté urbaine (drogues, violences, etc...). 20 ans plus tard, il y avait les black panthers, le rap, les ghettos, la violence, la drogue... ca ne me pose pas de problème de dire que tout ça est le résultat d’un déterminisme implanté par l’expérience de l’esclavage, c’est en partie vrai. Mais je crois aussi que les afro-américains avaient malgré tout réussi à créer des fondamentaux transcendant cette histoire de violence, et que les choses seraient bien différentes aujourd’hui si Martin Luther King avait pu continuer son ministère.  




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