Je l’ai déjà dit mais
je trouve ces débats théoriques sur l’article 50 surréalistes.
D’un coté, il y’a ceux qui veulent respecter cet article coute que coute en
faisant fit des rapports de force et de l’autre, ceux qui veulent absolument
violer les traités je sais trop pour
quelles raisons. C’est vraiment bizarre, on dirait un débat théologique sur le
sexe des anges.
En pratique, nous savons bien qu’il est très peu probable
que la France sorte de l’UE unilatéralement : il y’a des tauliers en France
et les masses valident leurs choix. L’élection de Macron en a été l’éclatante
démonstration. On peut trouver cela déplorable mais nous en sommes là pour le
moment. Ca veut dire que la seule
manière d’en sortir serait un effondrement brutal de la zone euro qui mettrait une
claque dans la tronche des masses européennes (je ne vais pas m’attarder sur
cette hypothèse qui est loin d’être improbable). Mais ce scénario risque
de faire très très mal, à un tel point qu’il faut se demander s’il ne vaudrait
pas mieux qu’il ne se réalise pas.
Mais si on veut rester sur le plan théorique concernant l’article
50, il faut envisager une sortie unilatérale de l’UE comme une opération
militaire de type « commando ». Pourquoi ? Parce que le temps
politique n’est pas celui du temps financier et qu’il y’a en gros deux types de
risques à court terme que fait courir une sortie de la zone euro :
-Un transfert massif de capitaux
-Une envolée des taux d’intérêt
Ces risques peuvent provoquer une catastrophe économique d’envergure
en très peu de temps et la priorité dans un premier temps pour un chef d’Etat
serait d’éviter cela par la mise en place d’urgence des contrôles de capitaux et
par la mise sous tutelle Etatique de la banque de France pour se refinancer à
un taux préférentiel.
Mais ces deux mesures qui sont des nécessités stratégiques
impliquent une rupture avec les traités (car il faut les mettre en place très rapidement,
avant d’appliquer l’article 50). Donc cela signifie qu’il n’est pas possible de
respecter stricto sensu tous les traités si on veut sortir de cette prison. Sur
ce point précis, le juridisme raide dont font preuve certains est inapproprié.
Cela ne signifie pas non plus qu’il faut se torcher avec les
traités, les tenants du rapport de force qui proposent cela ne comprennent pas
que le respect du droit est aussi inclut dans les rapports force, un pays qui
se torche avec les traités perd sa fiabilité aux yeux des autres nations et par
conséquent sa puissance car il n’est plus perçu comme crédible. Il faut bien observer
la façon dont agit Poutine et ses collaborateurs, notamment sur l’affaire de
Crimée : ils ont fait de gros effort pour se donner l’apparence de respecter scrupuleusement les traités et le droit international, ce qui ne
les a pas empêchés d’avoir eu une excellente
compréhension des rapports de force dans l’affaire Ukrainienne.
Donc ce débat violation / respect des traités n’a aucun sens,
dans l’hypothèse d’une sortie unilatérale de la zone euro, il faudrait
momentanément violer les traités (cette étape doit être la plus courte possible)
tout en se donnant des apparences de respect du droit (et c’est tout à fait
possible techniquement) en appliquant comme il se doit l’article 50.