Ça, c’est la tour Grenfell.
Elle a été bâtie dans les années
soixante dix et se trouve dans un quartier de Londres qui est maintenant
super riche. Elle est coincée entre
Kensington (le quartier où vit William) et Notting Hill, quartier "bobo"
et "artiste", plein de riches (stars, milliardaires russes et
saoudiens, etc).
La tour est une tour HLM. Le council (autorité
locale) parle depuis des années de "résoudre le problème" que pose la
tour, à savoir les pauvres qui habitent dedans.
Des 400+ résidents,
la plupart sont des familles, des mères célibataires et leurs enfants,
des gens qui ne s’appellent pas John ou Imogene Smith.
La tour a un
blog. Sur ce blog, depuis des années, les résidents se plaignent des
risques incendies. DIX NEUF FOIS, par le biais de leur député, ils ont
demandé à ce que la commission incendie passe dans l’immeuble et
l’inspecte. À chaque fois, ils se sont fait envoyer paître par le
council qui était, jusqu’à la semaine dernière, un siège conservateur.
Y avait des sous à économiser. C’était des ménagères, elles avaient un accent bizarre, elles pouvaient être ignorées.
Les résidents autour, les riches, par contre, on les a écoutés. On les a
écoutés se plaindre que la tour était immonde à regarder, qu’elle
faisant tâche au milieu des belles maisons historiques, et que c’était
vraiment un scandale.
Alors on a débloqué des fonds pour rénover la
tour. On a, entre autres, enveloppé le bâtiment d’une couche de
plastique pour isoler, protéger de l’humidité, mais surtout, pour faire
joli. Parce que les riches d’à côté, ils trouvaient le béton moche.
Mais le risque incendie n’a pas été adressé. Il n’y a pas eu de
discussion autour de l’absence de sortie de secours, de sprinklers,
d’alarme commune. La marche à suivre en cas d’incendie (fermez la porte,
restez chez vous) n’a jamais été révisée malgré le changement important
apporté à la structure du bâtiment.
L’année dernière, les députés
conservateurs ont voté contre une loi proposée par les travaillistes et
visant à forcer les propriétaires à rendre les logements salubres. Les
risques incendie en faisaient partie.
Dans la nuit de mardi à
mercredi, un incendie s’est déclaré. La couche de plastique qui
entourait le bâtiment s’est enflammée comme un feu de paille.
Et les pauvres, les étrangers, les mères célibataires se sont retrouvés coincés dans leur boite d’allumettes.
À l’intersection du classisme, du sexisme et de l’avarice, il y a des
dizaines de corps brûlés, des enfants jetés par la fenêtre par des
parents désespérés et des politiciens avec des discours qui sonnent
comme des mensonges.
J’ai la rage.