En résumé, ce qu’il manque en France, c’est une véritable pensée conservatrice structurée. Les conservateurs français se sont ralliés à la bourgeoisie libérale (de gauche) après la révolution, nourrissant un rapport éternellement nostalgique et pour ainsi dire élégiaque avec les "valeurs" et les traditions qu’ils avaient abandonnés ou trahis. Châteaubriand a écrit des pages brillantes à ce sujet, pour justifier son ralliement par défaut à la modernité démocratique.
Au contraire, les conservateurs anglais ou américains ont toujours cultivé leur différence avec les libéraux.
Résultat, il ne reste plus à droite que des orléanistes (c’est à dire comme l’explique assez bien Rochedy, des gens de gauche aimant le fric) et des extrémistes en tout genre héritiers de la droite ultra réactionnaire de Charles X.
Ce qui est incroyable, c’est que ces gens sont allés de défaite en branlée depuis deux siècles au point d’être devenu ultra-minoritaires sur le plan politique, mais ils continuent paradoxalement à y croire et à s’agiter comme s’ils allaient reprendre le pouvoir l’année prochaine. C’est comme s’ils avaient trouvé une raison d’être dans cette condition d’éternels losers du jeu politique, et que celle-ci se suffisait en fin de compte à elle-même.
Sinon, je n’arrive pas à m’expliquer rationnellement ce paradoxe.