@Charly83
C’est intéressant
parce que malgré nos désaccords, je comprends très bien tes remarques et je
vois constate aussi que tu comprends très bien ma perception, c’est assez
agréable car il est rare qu’on se comprenne aussi bien sur un forum surtout sur
un tel sujet.
Ce que tu
appelles « se résigner au fatalisme », en ce qui me concerne, c’est
faire avec la réalité telle qu’elle se présente à nous. Il y’a en gros deux
options :
1. S’adapter
à elle en se préparant en conséquence.
2. La
refuser et proposer la construction d’une nouvelle réalité.
Je comprends
très bien que l’on puisse assimiler la première option au fatalisme. Pour
répondre à cette critique, je dirai que je ne sais pas si cette dynamique est
fatale dans le sens ou l’on ne pourra jamais s’en émanciper, il est peut être possible de la renverser et
en ce sens la seconde option est bonne,
en toute logique il faudrait tenter. Il ne faut donc pas se limiter à la réalité telle qu’elle se présente à nous mais
il faut aussi l’envisager telle qu’elle pourrait être.
Mais il faut
bien prendre en compte ceci : quel que soit l’objectif que l’on veut
atteindre (le monde tel qu’il pourrait être), on doit toujours commencer à partir d’ici (le monde tel qu’il
est) et non d’ailleurs (le monde tel qu’il devrait être) !
Ce principe de précaution permet
de concilier le réalisme de la première option avec l’idéalisme de la seconde option.
Si on veut appliquer ce principe
à notre cas : pour pouvoir construire un système international avec des règles éthiques comme finalité de l’action politique
régie par une instance qui jouerait le rôle d’arbitre neutre et impartial,
il faut d’abord réussir à survivre au le système international tel qu’il est c.à.d.
articulé autour des rapports de force et des intérêts des entités qui le
constituent et qui sont en compétition constante. Et pour pouvoir lui survivre, il faut s’adapter à lui. Parce
que si on évolue dans les relations internationales comme si l’objectif qu’on
se fixe est déjà atteint, on est condamné à la destruction (Nicolas Machiavel
écrivait « quiconque ferme les
yeux sur ce qui est et ne veut voir que ce qui devrait être apprend plutôt à se
perdre qu’à se conserver »). Ainsi l’option 1 est le passage obligé
pour pouvoir atteindre l’option 2. Il ne s’agit pas de légitimer l’ordre
établit comme tu l’as bien compris mais de lui survivre en s’y adaptant (je
radote).
Cela signifie qu’il faut intérioriser l’idée
que l’agression est banale et que le rôle de l’homme d’Etat est de concentrer les
énergies du corps politique pour s’y préparer et éventuellement dissuader les potentiels
assaillants.
Effectivement, le système international n’est
pas assimilable à une société, si on se réfère à la philosophie du contrat on pourrait
le faire correspondre à l’état de nature, c.à.d. cette période qui précède le
contrat social. L’état de nature est bien entendu une fiction philosophique, si
on veut une comparaison plus réaliste, le système international est assimilable
à une zone de non droit régie par la force et les alliances. Chacun dans ces
zones est tenu de prendre ses dispositions pour se préparer à l’agression et si
un individu ne le fait pas, c’est à ses risques et périls, en cas de pépin il
ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.
Les comportements ne peuvent donc pas être
les mêmes, ce qui est condamnable dans une société donnée devient effectivement
un comportement « normal » quand il s’agit de relations entre nations.
En tous cas jusqu’à ce qu’on trouve le moyen de changer de système …