@maQiavel
Cette impression agréable que tu as
provient peut-être du fait qu’il n’y a pas de réel désaccord entre nous sur ce
sujet. J En effet, je l’avoue moi-même à la fin de mon
dernier message, le problème de la force ne peut être évacué : les fameux
mots de Pascal « la justice sans la force… » sont toujours d’actualité,
et les relations entre les nations ne dérogent pas à cette règle.
Je vais faire un effort pour trouver un
point de désaccord.))) Le voici. Tu dis
que, en gros, il y a deux options :
1.
S’adapter à elle en se préparant en conséquence.
2.
La refuser et proposer la construction d’une nouvelle réalité.
Je me méfie comme de la peste des
alternatives binaires : « c’est blanc ou c’est noir », « vous
êtes avec nous ou contre nous », « il faut soit licencier soit
accepter une baisse des bénéfices », etc, etc. Je propose donc une
troisième alternative :
3. L’accepter (ce qui inclut donc l’option1)
et proposer la construction d’une
autre réalité.
Tu comprends bien que, à mes yeux,
proposer la construction d’une autre réalité ne veut pas dire nier la réalité
présente. Et c’est précisément parce que j’accepte le réel que j’accepte à l’avance
les nécessaires imperfections de cette « autre réalité ». Je mets
volontairement ces mots entre guillemets car il ne s’agit pas d’une autre
réalité mais de la même réalité, que l’on modifie, sur laquelle on agit, et qui
ne cesse donc pas pour cela d’être la nôtre. Autrement dit, pas de révolution
car cela ne ferait que substituer une réalité imparfaite à une autre réalité
imparfaite. Après, on est libre de penser que, la nature humaine étant ce qu’elle
est, il est vain de vouloir changer les choses. Mais alors on retombe dans le
naturalisme qu’on dénonçait.
Donc, le désaccord n’est pas dans le
fait d’accepter ou pas la réalité, il est dans la chronologie des tâches à
accomplir. Si on attend d’être prêt, c’est-à-dire concrètement si on attend d’avoir
un équilibre des forces sur la planète, alors on risque de ne jamais rien
faire, pour la bonne et simple raison qu’une telle situation est trop
contingente, difficile à atteindre et précaire. Ce que je veux dire c’est qu’il
faut mener les deux tâches en même temps, ne serait-ce que pour que l’idée d’une
concorde entre les nations qui ne se réduise pas à un équilibre des forces mais
soit basée sur la justice, que cette idée fasse son chemin au moins dans les
esprits avant de se concrétiser dans les faits.
Mais si tu veux savoir le fond de ma
pensée, je partage l’avis des maîtres spirituels lorsqu’ils disent que le moyen
le plus efficace de vivre dans un monde meilleur, c’est de faire un travail sur
soi-même, pour que les relations humaines s’améliorent à petite échelle, c’est-à-dire
à l’échelle de mon entourage et de mes contacts quotidiens avec les gens que je
croise, et que par contagion la paix et la bienveillance se répandent de plus
en plus.