Excellente
intervention de Maurice Lemoine, difficile d’expliquer
une situation aussi complexe en moins de 10 minutes, surtout à des journalistes
tellement lobotomisés qu’on croirait avoir affaire à des poissons rouges mais
son message est passé. Ces journalistes n’ont aucune connaissance historique.
On ne leur demande pas de connaitre par cœur l’histoire du Venezuela depuis l’époque
de mathusalem mais de savoir un minimum de chose sur l’histoire de ce pays seulement
depuis l’arrivée au pouvoir de Chavez, ce n’est quand même pas trop demander à
des gens dont le métier est d’informer leurs concitoyens, ils n’ont pas
conscience que dire qu’il est caricatural de dénoncer l’implication américain
dans ce dossier est d’une stupidité abyssale. Ou alors qu’ils lisent et
écoutent simplement le département d’Etat ou la CIA mais étant donné qu’on a affaire à des
poissons rouges qui tournent en rond dans un bocal par conformisme, il faut croire
que c’est trop demander.
Le Venezuela est fortement dépendant de
sa rente pétrolière mais la baisse du
prix du pétrole n’explique pas les pénuries des biens de premières nécessités,
les pénuries ne sont pas le résultat d’un effondrement de la production
nationale et/ou d’une baisse des importations consécutive à une baisse des
devises étrangères accordées par l’État. Les causes réelles des pénuries recensées
au Venezuela, ce sont les importations fantômes (diminution des importations
malgré un octroi croissant de devises étrangères au secteur privé importateur) et
l’accaparement sélectif des biens de premières nécessité (accumulation massif
de marchandise d’une même espèce afin de provoquer leur raréfaction artificielle).
Et ce ne sont pas des phénomènes structurels que l’on pourrait considérer comme
spontané, ce sont des manouvres tactiques dans le but d’atteindre un objectif politique :
comme par hasard les pics de pénuries coïncident
avec des rendez électoraux ou les
référendums constitutionnel. Ces pénuries très ciblées sur les biens de
premières nécessités sont l’instrument et le résultat d’opérations savamment
orchestrées de déstabilisation économique dans le but de provoquer des troubles
sociaux menant aux conditions optimales pour
un « regime change ». Rien de nouveau sous le soleil, le contexte
géopolitique était différent mais c’est exactement le même modus operandi qu’au
Chili au début des années 70 qui préparait le terrain au coup d’Etat de Pinochet,
les médias faisaient leur gros titre « le socialisme c’est la pénurie »
alors que Nixon donnait l’ordre à la CIA « Make the economy
scream ! »
Bref, si les baisses des prix du pétrole ont
évidemment joué un rôle dans la dégradation de la situation au Venezuela (étant
donné la dépendance de ce pays pour sa rente pétrolière, il faudrait être de
mauvaise foi pour le nier) , elles n’expliquent pas les pénuries et les
troubles sociaux qui s’en suivent.