Atamé

A quel moment j’ai pris conscience que j’étais une femme...

Le jour où j’ai compris que j’étais la fille de ma mère...

Mère... cette forme singulière qui se détache même quand on lui retire toute la lumière.

Tout semblait s’ordonner par rapport à elle...

Mais d’une manière inconsciente... latente... jamais éclatante. Pour situer sa puissance il fallait regarder pas en dessous, mais au dessus... parce que la femme, vous m’avez bien compris est logée au cœur de l’être... alors que tous les autres se disputent le paraître... pour sauver les apparences.

Et quitte à en décevoir plus d’un, mon père malgré toute l’affection et tout le respect que je lui portais n’avait de destin que dans sa relation à ma mère.

Nul homme ne peut vraiment s’affranchir de cette dépendance de cette présence, de cette sousjacente matrice.

Au vrai, l’idée de femme était à peu près absente de ma conscience... l’idée de mère, la précéda de beaucoup...

L’existence d’une femme dont je dépendais qui n’avait pas besoin de me donner le nom qu’elle avait reçu ni l’héritage qu’elle n’avait pas reçu, mais seulement le sentiment d’appartenir aux entrailles de la terre...

Cela me comblait ou me parachevait. Cela était ainsi. Et pas autrement. Elle était ma mère, c’était un fait. Plus spirituel que l’esprit... Le commencement et peut être même la fin de l’amour.

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