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Dernier entretien filmé du sociologue Raymond Boudon avant sa disparition

Raymond Boudon est l’un des plus grands sociologues français du 20ème siècle et du début du 21ème siècle. Pourtant, il est quasiment inconnu des Français, qui connaissent tous les gauchistes comme Bourdieu, Foucault et autres Bernard-Henri Lévy. La cause en est simple : Boudon était un libéral, ayant créé la méthode de l’individualisme méthodologique, et pour ce crime il fut maintenu à l’écart de l’intelligentsia par le lobby marxiste. Invité 20 fois moins à la télévision que son grand rival idéologique Bourdieu, n’ayant quasiment aucun héritier en France (nous étions à la cérémonie pour lui rendre un dernier hommage, et nous n’avons guère vu que Gérald Bronner et Mathieu Laine) du fait de sa mise à l’écart dans l’Université française, il restera comme un des symboles de l’oppression du lobby marxiste sur la France. Nous avons l’honneur d’être les derniers à l’avoir interviewé, alors qu’il était déjà gravement malade, mais cette séance de 3h30 lui avait fait très plaisir car elle lui avait changé les idées. Avec son accord nous en avions fait un double DVD, mais comme nous avons vendu tout notre stock nous avons décidé de publier l’intégralité de cette ultime interview, en 7 parties.

 

1ère partie : l’inégalité des chances, sa médiatisation, la télévision, le fait qu’il soit plus connu à l’étranger qu’en France, et Pierre Bourdieu.

 

2ème partie : le retour de l’idéologie communiste, comment lutter contre l’idéologie, les limites de la liberté d’expression, et la fin des idéologies.

 

3ème partie : le libéralisme est-il matérialiste ?, et l’expérience américaine de Raymond Boudon.

 

4ème partie : sommes-nous entrés dans une post-américanité ?, défendre la liberté d’expression des holistes ?, la loi Gayssot est-elle nécessaire ?.

 

5ème partie : les marxistes ont-ils changé ?, pas d’héritier à Jean-François Revel ?, la France est-elle condamnée à vivre sous la domination marxiste ?

 

6ème partie : quel est votre héritier ?, pourquoi la France est-elle antilibérale ?, favorable à la démocratie directe suisse ?, vivons-nous en oligarchie ?

 

7ème partie : quel est le penseur ou intellectuel majeur en France aujourd’hui ?, quelles solutions au despotisme démocratique ?.

 

Tags : Politique Société Culture




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30 réactions à cet article    


  • vote
    funambule funambule 20 novembre 2014 13:22

    sur Bourdieu :
    le fameux "complot sans comploteur", ou "comploteur inconscient"... dont parlait Boudon, c’est tout simplement le fait qu’il y a des effets propres à la société, que la somme des intérêts des membres de cette société ne suffit pas à expliquer.
    Et ce n’est pas qu’un simple effet de structure.

    Ce dont Bourdieu a eu l’intuition et qu’il a essayé de décrire, c’est la domination symbolique, la science (les chercheurs en robotique développementale par exemple) est en train de le corroborer ...
    Tant pis pour les allergiques à Bourdieu, il est possible qu’ils en entendent bientôt parler, plus que jamais, et leur déni apparaitra alors pour ce qu’il est.


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 14:36

      "Holisme".
      Appelez un chat un chat. Et le holisme existe bel et bien. Seulement le problème, c’est que Bourdieu en fait une lecture marxiste, c’est-à-dire qu’à ses yeux le déterminisme que chacun subit n’est dû qu’à des causes extérieures à soi, donc aux dominants tapis dans l’ombre. Ainsi déresponsabilise-t-il totalement les individus... et s’offre-t-il par la même occasion un large public qui l’encense pour son humanisme.


    • vote
      maQiavel maQiavel 20 novembre 2014 15:15

      @Funambule,

      Je n’ai pas compris.

      Je comprends très bien qu’il existe des effets propres à la société, cet angle structuraliste est au cœur de ma vision du monde, mais cela est bel et bien un effet de structure, non ? En d’autres termes les structures sociales sont holistes …

      @Gueguen

      -Appelez un chat un chat. Et le holisme existe bel et bien. Seulement le problème, c’est que Bourdieu en fait une lecture marxiste, c’est-à-dire qu’à ses yeux le déterminisme que chacun subit n’est dû qu’à des causes extérieures à soi, donc aux dominants tapis dans l’ombre.

      Je ne sais pas pour Bourdieux que je n’ai pas lu.

      Mais selon une approche que je qualifierai plus de structuraliste que de Marxiste, les dominants ne sont pas les causes extérieures, puisqu’ils sont au sein de la société, à moins de leur conférer un pouvoir transcendant (et c’est précisément ce que fait le conspirationisme, c’est ce phénomène qui explique sa ressemblance assez frappante avec les dogmes religieux).

      Les dominants sont aussi sous l’influence de la structure sociale qui est une transcandance immanente : la multitude agrège les puissances individuelles en puissance collective qui s’élève au dessus des parties constituantes et qui retombent sur elles alors même que ce sont ces parties qui lui ont donné naissance.

      En ce qui me concerne, je ne pense pas que la détermination soit totale ou inexistante, c’est le sens du terme infrastructure, exactement comme l’on parle d’une infrastructure routière ou ferroviaire, c’est-à-dire un cadre contraint, auquel on doit se prêter, dont on ne peut dépasser les limites, mais dans lequel on peut se mouvoir librement. En d’autre terme malgré le cadre contraint, il existe des intervalles de liberté.


    • 2 votes
      funambule funambule 20 novembre 2014 17:16

      @MaQ
      Bourdieu n’a pas écrit des milliers de pages pour se plaindre de cet effet de structure, il a essayé de trouver les leviers individuels permettant de s’émanciper de son aspect le plus nodal : la "domination symbolique", et notamment en décrivant les mécanismes qui font adhérer aveuglément aux symboles dominants (dans un champ), c’est à dire au paradigme dominant (dans un champ, ce n’est pas le paradigme des dominants, mais bien le paradigme dominant dans n’importe quel champ)
      Les termes "domination" et "dominant" (ou pire "violence symbolique") engendrent des malentendus, ils poussent soit à se reposer sur cet apparent manichéisme (les gens réels qui obsèdent Robin, Guéguen...), soit à s’opposer à cet apparent manichéisme abusif (Robin, Guéguen...)).


    • vote
      funambule funambule 20 novembre 2014 17:20

      "les gens plus ou moins réels"
      (quand on écrit : "+ / -" sans espaces, ça n’apparait pas)


    • 3 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 17:24

      Ah pour moi il n’y a aucun malentendu chez Bourdieu, on l’entend venir de loin, il a de gros sabots. Je suppose, funambule, que vous l’avez lu (on en a déjà parlé). Il ne supporte aucune verticalité dans laquelle se niche selon lui l’odieuse distinction.
       
      J’ai appris depuis que de tous les professeurs du Collège de France, il avait été le seul à ne remercier personne lors de son discours inaugural. C’est typique du personnage : ne rien devoir aux autres, ce qui le mettrait en position de dominant, et ne surtout pas passer pour un... héritier !


    • vote
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 17:25

      Erratum : "... en position de dominÉ..."


    • 3 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 17:28

      Le plus marrant, c’est de lire un type qui écrit pour dénoncer la distinction, tout en le faisant avec des phrases de vingt lignes et en truffant sa prose de locutions latines qui n’apportent rien, si ce n’est le vernis de sérieux qu’il convoitait auprès de ses pairs.


    • vote
      funambule funambule 20 novembre 2014 17:40

      @Gueguen
      1) je sais ce que veut dire ne pas lire, mais je ne sais pas ce que veut dire lire
      2) expliquer la distinction, ce n’est pas la trouver odieuse
      3) la leçon sur la leçon, a bien pour but de ne pas se laisser dominer, écraser par la symbolique d’un champ (ça ne s’arrête pas aux remerciements mais à tout ce qui doit ou ne doit pas être dit )
      4) Pour comprendre cela, il faut admettre qu’il y a un malentendu sur le terme domination. Donc, peine perdu.

      Ah pour moi il n’y a aucun malentendu chez Bourdieu
      Ah pour moi il n’y a aucun malentendu chez Bourdieu


    • vote
      funambule funambule 20 novembre 2014 17:47

      Les phrases sont longues pour lever les ambiguïtés.

      Le plus marrant, c’est de perdre son temps à répondre à des gens fiers de leur incompréhension, qui lorsqu’ils voient un paradoxe, sont convaincus qu’il s’agit d’une contradiction chez les autres.

      conséquence : Bye !


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 17:53

      Les discussions finissent toujours en jus de boudin avec les gens dont on esquinte les idoles. Bourdieu s’adressait à un public qui était bien incapable de le lire. Plus qu’un paradoxe ou une contradiction, c’est coquette vanité.

      Bisous.


    • 1 vote
      Chitine Chitine 20 novembre 2014 21:24

      Sur l’"individu", la "détermination", la "liberté", l’"extériorité", le "choix"...je pense que ceci pourrait vous intéresser :
      (il s’agit d’extraits d’un résumé de "La société des affects" de F.Lordon, par Marie-Christine Ibgui)
      http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/13/03/2014/Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Lordon,-La-soci%C3%A9t%C3%A9-des-affects,-%C3%A9d.-du-Seuil,-lu-par-Marie-Christine-Ibgui

      .

      (Ce résumé de résumé trahit en partie les concepts soulevés par manque de développement, mais il s’agit plus ici d’introduire ces idées.

      Pour moi, tout l’intérêt du travail de Lordon est qu’il contribue à combler l’angle mort des individualismes théoriques qui, lorsqu’ils questionnent les "effets émergents des actions individuelles", postulent - à tort - l’individu conscient et rationnel dans ses choix. Se coupant du même coup, paradoxalement, des moyens de questionner le travail entre individuel et collectif à l’œuvre dans ces phénomènes d’émergences.)

      ___
      "l’institution ne (doit) sa stabilité qu’ à un rapport de forces entre un affect commun favorisant l’obéissance et un affect contraire conduisant à l’indignation et à la sédition. Par conséquent, (...) il n’y a pas d’institution qui soit à l’abri des crises. (...)

      (ce « structuralisme dynamique ») permet d’expliquer les mouvements de contestations et de révoltes, non comme l’irruption d’une liberté imprévisible, mais comme un infléchissement dans une direction nouvelle du jeu de forces entre affects d’obéissance et affects séditieux.

      C’est pourquoi, contrairement à Hobbes, Spinoza ne pense pas que les individus puissent déléguer leur droit naturel au souverain, en entrant dans la société civile, puisque le droit naturel de chacun, comme puissance inaliénable, continue à s’exercer dans l’ordre institutionnel et peut même se retourner contre lui.

      (...)

      la domination par la violence symbolique ne fonde plus la légitimité,
      (...) celle-ci repose sur l’accord suscité par l’institution à laquelle les sujets adhèrent de façon consciente et réfléchie. (il s’agit de) penser le maintien ou la crise des institutions autrement que sur la base de cette légitimité que les sujets sont censés leur accorder.

      ...une définition de l’institution qui ne soit pas fondée sur le modèle contractualiste de l’accord des sujets. En effet, selon Spinoza, l’individu n’y est pas un sujet-acteur, mais un « conatus », c’est-à-dire un effort ou encore un élan de puissance, orienté par des affects, qui le conduisent à poursuivre les sources de joie et à repousser les causes de tristesse.

      C’est donc le désir qui institue les valeurs poursuivies ou non par l’individu ; celles-ci ne sont pas librement choisies par lui, mais résultent de l’effet (plus ou moins utile et agréable) produit par des causes extérieures sur sa propre constitution affective.

      (...)

      Après avoir montré que la légitimité n’existe pas, puisqu’elle n’est que le résultat d’un rapport de forces toujours fragile, F. Lordon se demande donc comment l’institution s’impose aux individus, d’où lui vient son autorité, ou encore son efficacité symbolique.

      Pour répondre à cette question, l’auteur se tourne, une fois encore, vers la théorie spinoziste de la puissance comme pouvoir d’une chose de produire des effets sur une ou plusieurs autres choses. Or si les institutions ont ce pouvoir d’affecter de façon homogène les comportements des individus, c’est en raison de la puissance de la multitude, par laquelle les hommes s’affectent les uns les autres, individuellement et collectivement.

      Le fait de la puissance n’est jamais qu’une autoaffection du corps social. Par mimétisme, en effet, les individus se trouvent affectés de la même façon par des choses qu’ils vont s’accorder à trouver bonnes ou mauvaises et c’est de la composition de leurs affects individuels en affects communs que l’État va tirer son autorité, c’est-à-dire son pouvoir de définir le légal ou l’illégal, comme s’il s’agissait de normes érigées par lui, alors qu’il ne s’agit que d’affects communs.

      (...)

      En dernière instance, c’est toujours de la puissance de la multitude et non de quelque extériorité transcendante que l’institution reçoit son efficacité. Mais du fait que le fondement de l’autorité est immanent au corps social lui-même, il reste fragile et arbitraire ; le pouvoir peut donc toujours être renversé par la multitude, si l’affect commun qui l’a engendré est défait par l’indignation. Autrement dit, ce qui fonde l’institution peut aussi la détruire et l’état civil ne met jamais définitivement fin à la guerre. Mais cette dernière n’abolit jamais complètement l’état civil non plus ; elle contribue plutôt à remplacer certaines valeurs ou institutions par d’autres apparaissant comme plus légitimes."

      .


    • 1 vote
      Chitine Chitine 20 novembre 2014 21:28

      "J’ai appris depuis que de tous les professeurs du Collège de France, il avait été le seul à ne remercier personne lors de son discours inaugural. C’est typique du personnage : ne rien devoir aux autres, ce qui le mettrait en position de dominant, et ne surtout pas passer pour un... héritier !"

      .
      On peut aussi y voir une bonne manière de se laisser le "champ" libre.


    • vote
      funambule funambule 20 novembre 2014 21:51

      merci Chitine, mais en voulant absolument se servir de Spinoza, par principe Lordon n’apporte strictement rien aux possibilités d’action.
      Le pauvre Lordon qui croit mieux connaître Bourdieu que Bourdieu lui-même en disant que Bourdieu aurait du s’affilier à Spinoza plutôt qu’à Pascal.
      Faut bien passer dans les médias !
      Et pour cela le faux universalisme Spinoziste, ça plaira toujours aux décideurs.


    • 1 vote
      Chitine Chitine 20 novembre 2014 21:51

      "Bourdieu s’adressait à un public qui était bien incapable de le lire."
      .
      Ça ce n’est pas vrai. Le travail de Bourdieu était avant tout destiné à un public de chercheurs et d’étudiants universitaires, la plupart du temps édités par des presses universitaires ou des éditeurs spécialisés.

      Déceler dans les travaux de recherche scientifique un certain hermétisme sectaire, ce n’est que rendre compte des conditions d’élaboration d’un travail de recherche : un dispositif qui, tel une programmation informatique, appelle des variables, des fonctions, par souci constant d’optimisation du temps de recherche, et qui rendent le langage plus ou moins abscons aux yeux du "profanes". 

      Libre à toute personne n’ayant pas les pré-requis d’essayer de travailler les idées des chercheurs, de s’y retrouver ou non, mais on ne peut pas leur reprocher de passer pour des pédant. Car dans ce cas ce sont les gens eux-même qui se mettent volontairement en situation de difficulté.
       

      .


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 20 novembre 2014 22:48

      Chitine, lorsque je parle du "public" de Bourdieu, je pense avant tout aux petites gens, aux sans-voix, aux dominés, bref à celles et ceux dont il se prétend le porte-parole. Un peu comme Marx qui prétendait, au début du Capital, adapter son discours aux ouvriers de son siècle, alors que même un étudiant de première année a du mal à comprendre son propos.
      Si tous ces gens ne sont pas capables d’adapter leur propos aux gens qu’ils défendent, ceux-ci doivent s’en remettre à des "traducteurs", autrement dit, une fois de plus, à des dominants en puissance. D’où le caractère vain de l’entreprise, pour Bourdieu en particulier.
       
      L’avez-vous lu ? Vous trouvez ça clair ? Lordon, dont vous parlez, sait écrire, lui. Il se la joue un peu, mais il sait écrire. C’est primordial de savoir écrire, parler également, communiquer en règle générale. Bourdieu ne savait pas. Il a fait toute sa carrière en méprisant les sciences humaines et en leur opposant une sociologie drapée dans une scientificité douteuse.


    • 1 vote
      Chitine Chitine 20 novembre 2014 22:53

      "merci Chitine, mais en voulant absolument se servir de Spinoza, par principe Lordon n’apporte strictement rien aux possibilités d’action.
      Le pauvre Lordon qui croit mieux connaître Bourdieu que Bourdieu lui-même en disant que Bourdieu aurait du s’affilier à Spinoza plutôt qu’à Pascal.
      Faut bien passer dans les médias !
      Et pour cela le faux universalisme Spinoziste, ça plaira toujours aux décideurs.

      .
      Je savais que j’aurais du préciser que Lordon n’a jamais prétendu que ses travaux avait de quelconques "vertus opératoires". Son travail s’inscrit surtout dans une démarche de réappropriation de ce que l’imaginaire individualiste à dissimulé sous les désirs nécessaires de libertés individuelles (la condition nécessairement "trans-individuelle", symbiotique, des individus ; la dimension passionnelle de l’action...) 
      .
      C’est un travail important dans la mesure où justement il questionne fondamentalement les principes d’action, les phénomènes de mise en branle d’un corps social ponctuellement constitué, etc.
      .
      Se demander ce qu’il faudrait faire pour pouvoir concrétiser les luttes n’empêche pas d’aller se sourcer dans ce genre de travaux. On aurait même plutôt tout à gagner à mieux reconnaître dans notre rapport à nous-même et aux autres quelles sont nos conditions et nos limites lorsque nous projetons d’agir ensemble.
      .
      "...en disant que Bourdieu aurait du s’affilier à Spinoza plutôt qu’à Pascal."
      Dire "Spinoza plutôt que Pascal chez Bourdieu", c’est en soi une hypothèse de travail. Il me semble qu’il s’agit avant tout là d’une opportunité parmi d’autres de préciser trivialement son cadre de recherche.

      Lordon soulignait que Bourdieu-le-chercheur a développé des conceptions compatibles avec certaines de Spinoza, dans le but de signaler d’un côté son héritage bourdieusien et d’appuyer de l’autre son projet qui consiste, dans les grandes lignes, à allier opérationnellement aux méthodes des sciences sociales la puissance de création conceptuelle de la philosophie matérialiste.
      .
      Oui, Lordon égratigne aussi un peu Bourdieu-la-personne en soulignant son penchant à dissimuler dans ses développements ses sources d’inspirations dominantes. Sans remettre en question la qualité des recherches. Mais ça, beaucoup d’autres que lui le font. 

      .

      Et pour cela le faux universalisme Spinoziste, ça plaira toujours aux décideurs.

      .

      L’universalité que conceptualise Spinoza n’est qu’une universalité de la nature de la substance (de l’existant). L’esprit et la matière sont, dans sa conception, dérivés d’un principe commun, universel. Il ne s’agit que d’un concept philosophique en réponse au problème de la relation corps-esprit parmi d’autres (comme la réponse cartésienne). Je ne comprend pas pourquoi "faux universalisme"


    • 1 vote
      Chitine Chitine 20 novembre 2014 23:31

      Eric Guéguen (quel est le code ascii pour le "é" majuscule ?  :)

      "Si tous ces gens ne sont pas capables d’adapter leur propos aux gens qu’ils défendent, ceux-ci doivent s’en remettre à des "traducteurs", autrement dit, une fois de plus, à des dominants en puissance. D’où le caractère vain de l’entreprise, pour Bourdieu en particulier."

      Je ne comprend pas pourquoi en vouloir à quelqu’un de ne pas savoir porter son idée comme il faudrait pour qu’elle soit comprise le plus largement possible.

      Ce serait plus juste, il me semble, de reprocher le manque de bons traducteurs à ceux qui pourraient faire ce travail plutôt que de centrer le problème sur le chercheur qui, lui, a déjà fait son boulot.

      Si quelqu’un trouve l’idée bonne, il devient automatiquement co-responsable de la qualité de cette élargissement, à chacun dans cette situation de prendre ses responsabilités.
      Et si on trouve ses idées nulles, la question ne se pose même pas.
      .
      L’avez-vous lu ? Vous trouvez ça clair ? Lordon, dont vous parlez, sait écrire, lui. Il se la joue un peu, mais il sait écrire. C’est primordial de savoir écrire, parler également, communiquer en règle générale. Bourdieu ne savait pas. Il a fait toute sa carrière en méprisant les sciences humaines et en leur opposant une sociologie drapée dans une scientificité douteuse.
      .
      Oui j’ai du le lire pendant mes études et je l’abordais alors accompagné d’un lexique bourdieusien qui le rendait plus compréhensible.
      Bourdieu n’était pas un communicateur, ça c’est certain.


    • 2 votes
      funambule funambule 21 novembre 2014 08:34

      Je me demande si Lordon a lu Bourdieu ou s’il a lu Heinich pour dire qu’il n’y a pas de références... mais passons là dessus, je ne vais pas exposer ma théorie sur les références.

      Pour moi, Bourdieu est plus clair que Lordon.
      Il se bat contre un langage qui n’est pas fait pour dire ce qu’il veut dire, là où d’autres comme Lordon, accompagnent le langage.

      Et la plupart des gens préfèrent l’esthétique à la précision, et la conservation des paradigmes qu’ils sont en train d’utiliser.

      Chercher à comprendre une phrase de Bourdieu n’est jamais une perte de temps, il est univoque.
      Chercher à comprendre des auteurs qui veulent plaire à leurs lecteurs, c’est être un éléphant en rut dans un magasin de poupées de porcelaine.

      Bonne chance à toi Chitine, et à tous ceux qui s’obstineront à discuter avec des gens comme Guéguen.

      906 messages, fin de ce compte.


    • 1 vote
      Éric Guéguen Éric Guéguen 21 novembre 2014 09:44

      Bonjour Chitine.
       
      Lorsque l’on effectue un effort de l’esprit pour amener à maturité des idées et des concepts, on a fait le gros du travail. Celui-ci peut tout à fait s’arrêter là. Mais il me semble qu’à partir du moment où l’on souhaite voir aboutir concrètement ce que l’on a cogité, il faut soumettre le fruit de sa pensée à ses semblables afin que ceux-ci - comme nous le faisons de temps en temps ici, et de temps en temps seulement - l’aident à l’amender, la confirment ou l’infirment. C’est là que les choses se corsent, car la communication est très importante, et c’est une autre montagne à gravir.
       
      Je ne sais pas comment travaillait Bourdieu, je ne sais pas non plus la manière dont vous vous y prenez, je vais simplement vous dire comment je procède personnellement. Les phrases sont des successions de mots combinés que j’assimilerais à des moellons mis bout à bout pour édifier un mur. Lorsque j’ai écrit une phrase, je la relis, de la même manière que je passerais ma main sur le mur pour constater qu’aucune pierre n’est rugueuse et que l’ensemble est doux au touché. La plupart du temps, je tombe au moins sur une pierre... un mot récalcitrant. Je sors alors mon dictionnaire des synonymes et en essaie plusieurs, jusqu’à trouver le bon, c’est-à-dire celui qui rendra ma phrase harmonieuse. Il peut aussi m’arriver de changer de place certains mots... moellons. Puis je continue, en lisant plusieurs phrases d’affilée afin de vérifier que les moellons qui les lient l’une à l’autre sont eux aussi adéquats. Et ainsi de suite. C’est fastidieux et j’échoue parfois à rendre ma pensée claire, mais je fais cet effort qui me paraît fondamental. Sinon, pourquoi m’emmerder à écrire sur papier ce que j’ai déjà tel quel dans la tête ?... Et après tout, nos lecteurs ne nous ont rien demandé !! Donc, par exemple, j’évite de faire du Proust, soit des phrases de trente lignes, pour expliquer quelque chose d’en soi déjà compliqué.

      Lorsqu’on me dit que ce n’est pas clair, je reprends l’ensemble, c’est la moindre des choses. Je ne change rien uniquement quand on me reproche l’emploi d’un mot "savant" (bien souvent un mot simplement tombé en désuétude) ayant parfaitement sa place dans le mur. Dans ces cas-là, ayant eu moi-même à assimilé ce nouveau mot, je me permets de demander au lecteur de faire, de temps en temps, le même effort. D’aucuns appelleront cela la "distinction", ça les regarde. J’espère avoir été clair de ce que j’ai dit. smiley

       

      C’est dommage, je n’ai pas Bourdieu sous la main. Au fur et à mesure des lectures, j’ai relevé des passages tellement alambiqués qu’ils en deviennent comiques, des trucs parfois imbitables. À l’occasion, je vous montrerai.

       

      PS : voilà bien entendu une conversation que je n’aurais pas pu tenir avec Funambule, étant donné qu’il m’a toujours pris pour un con, doublé d’un "sophiste", le mot à la mode ces temps-ci.


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      Chitine Chitine 21 novembre 2014 09:46

      Funambule
      "Je me demande si Lordon a lu Bourdieu ou s’il a lu Heinich pour dire qu’il n’y a pas de références..."

      .
      Je n’ai pas dis que Lordon n’y retrouvait pas de référence.
      .
      "

      Et la plupart des gens préfèrent l’esthétique à la précision, et la conservation des paradigmes qu’ils sont en train d’utiliser. Chercher à comprendre une phrase de Bourdieu n’est jamais une perte de temps, il est univoque."

      .

      Oui la plupart des gens préfèrent l’esthétique à la précision, mais précisément les ouvrages spécialisés ne leurs sont pas destinés.

      Bourdieu est particulièrement difficile à aborder, et peut être que comme le dit Eric Guéguen c’est dommage pour ceux qui pourraient profiter de ses idées.

      Mais il est encore plus dommage que les gens confondent les longueurs d’un développement rigoureux et le plus précis possible avec les contorsions alambiquées des discours ampoulés et faussement théoriques que l’on retrouve chez les pseudo-philosophes et les copies de terminales.

      .

      Le désir de conservation de paradigme peut effectivement expliquer autant de passion et de mauvaise foi dans la critique (chez un supposé "sachant de quoi il parle").

      .

      Ou le malentendu.

      Quand je lis ça : "Le pauvre Lordon qui croit mieux connaître Bourdieu que Bourdieu lui-même en disant que Bourdieu aurait du s’affilier à Spinoza plutôt qu’à Pascal. Faut bien passer dans les médias !" je me dis qu’il y a un malentendu quelque part. Bourdieu est un prédécesseur pour Lordon et c’est un des auteurs les plus convoqués dans ses analyses. (dans "La société des affects", par exemple, jusqu’à huit ouvrages sont utilisés - dont les méditations pascaliennes :). Et si Lordon taquine son maître, c’est bien par respect et capacité de le faire.

      .

      Le malentendu c’est aussi dans les rencontres qui se mettent mal pour des raisons anecdotiques, et qui, par manque d’opportunité d’éclaircissement ou de constat d’autres affinités possibles, inscrivent des trajectoires foireuses. J’ai cessé de cataloguer les gens sur AV après avoir constaté tellement de fois après coup que les cases dans lesquelles je les plaçais étaient intenables.



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      Éric Guéguen Éric Guéguen 21 novembre 2014 09:48

      Errata :
       
      "... assimilER..."
       
      "... été clair DANS ce que j’ai dit..."


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      Chitine Chitine 21 novembre 2014 11:20

      Alt144 ric Guéguen  :)
      .
      La manière dont je m’y prend, quand j’écris ici, elle est exactement la vôtre.
      Mais nous, nous manions des concepts pré-établis pour développer nos idées, nous ne sommes pas en train d’en forger de nouveau destinés à servir d’outils d’analyse dans un contexte précis, qui a ses propres règles, ses propres lexiques.
      .
      J’ignore comment travaillait Bourdieu, mais ce que je sais c’est que quand j’ai une pensée complexe qui me semble déboucher sur quelque chose d’un peu original et que je tente de la rédiger, 9 fois sur 10 je n’y parviens pas, parce qu’au stade de la pensée j’employais sans m’en rendre compte des cristallisations de concepts impossibles à rendre en quelques lignes seulement. En plus des mots qui me manquent.

      Ce type de difficulté, c’est à chaque prémisse articulé qu’il se retrouve dans les travaux scientifiques de recherche (les "pionniers", donc - pas les analystes).

      .
      Je trouve qu’il faut de l’indulgence et ne pas trop vite conclure au pseudo-scientifisme ou à la pédanterie. C’est finalement à partir de ce que l’on fait par la suite du travail de quelqu’un que l’on juge son apport. Et les concepts de Bourdieu sont fondamentaux dans le domaine des sciences sociales auquel je m’intéresse (essentiellement la Régulation et un peu le MAUSS). Du coup, si vous continuez à mettre en avant des problèmes de formes plutôt que de fond, c’est moi qui ne vais pas me sentir respecté  ;)


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      Éric Guéguen Éric Guéguen 21 novembre 2014 11:41

      Ah oui, pardon, j’avais oublié de vous répondre sur le code ASCII !


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      Éric Guéguen Éric Guéguen 21 novembre 2014 11:54

      Le problème, c’est précisément que Bourdieu MET EN FORME ce qu’il condamne SUR LE FOND. Mais si vous voulez parler uniquement du fond de sa pensée, allons-y, je suis tout ouïe. Quant au MAUSS, comme son nom l’indique, il me paraît bien plus sérieux dans son approche.
       
      PS : j’ai l’immense prétention de... "forger de nouveaux concepts" en philosophie politique. J’en ai abondamment parlé ici même avec Machiavel1983, du moins ai-je tenté d’en indiquer des voies, mais c’est très dur. Et c’est justement dans ces moments que la précision sémantique, que la rigueur du verbe est capitale. Quand je fais lire ce que j’écris à mon entourage - qui, il faut le dire, ne lit pas de philosophie - ils sont rares à en comprendre bien le sens, et la plupart abandonnent très vite. Ça me pose forcément problème car d’un côté vous êtes intimement persuadé d’avoir quelque chose d’intéressant à partager (à tort ou à raison), et de l’autre vous sentez que vous n’y parviendrez peut-être jamais.
      Je suis sûr qu’il y a des gens qui ont des choses extraordinaires en tête, peut-être même essentielles pour résoudre certains maux de la modernité, et qui, pour des raisons diverses, ne les verbaliseront jamais.


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      Chitine Chitine 21 novembre 2014 12:38

      "Le problème, c’est précisément que Bourdieu MET EN FORME ce qu’il condamne SUR LE FOND."
      .
      Oui j’ai bien compris que vous estimez que la distance produite par la difficulté à entrer dans ses textes peut générer de la violence symbolique dans la réception.
      Et alors ?
      Ce n’est un paradoxe que si vous parlez de textes de vulgarisation, et si vous estimez qu’il pourrait faire plus simple là où il ferait trop compliqué exprès, est-ce le cas ?


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      Éric Guéguen Éric Guéguen 21 novembre 2014 12:48

      Je pense qu’il se donne une posture. Très clairement.


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      Enquête&Débat Enquête&Débat 20 novembre 2014 15:04

      Eh bein tu vois Eric que tu peux quand tu veux ;)



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