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Accueil du site > Tribune Libre > La Décroissance : mais c’est quoi ce mot repoussoir ?

La Décroissance : mais c’est quoi ce mot repoussoir ?

Entretien de Vincent Moreau, pour le collectif Décroissance 2012, avec Vincent Liegey, objecteur de croissance.

 

Introduction à la Décroissance

 

La Décroissance est avant tout une remise en question de notre société de consommation, sans hypothéquer nos acquis démocratiques, sociaux et culturels.

 

 

La Décroissance n’est pas la décroissance de tout pour tous, ni un retour en arrière vers un pseudo bonheur perdu, mais bien un virage, une bifurcation, que nous devons prendre afin de sortir de l’engrenage destructeur de la société de croissance. A l’aide de ses meilleurs outils que sont le capitalisme, le libéralisme, l’ultra-libéralisme et autres néo… la société de croissance accumule dramatiquement les crises environnementales, sociales, économiques, culturelles et politiques.

Devant ce constat, il est urgent de dire à tous les citoyens qu’il ne s’agit pas de choisir entre « croissance et décroissance » mais bien entre une décroissance volontaire et une récession subie.
Les problèmes sociaux et environnementaux de notre système ne pourront être résolus ni en ajustant quelques paramètres, ni par les seules initiatives personnelles.

 

C’est pour tout cela qu’il est essentiel de proposer aux citoyens un projet politique capable de transformer ce modèle qui met en danger notre avenir. Le Parti Pour La Décroissance a donc décidé de s’engager pour défendre un ensemble d’orientations susceptibles d’enclencher une décroissance sereine, soutenable, conviviale et tout simplement humaine.

 

partipourladecroissance.net/ ?page_id=4008

 

La Décroissance : mais c’est quoi ce mot “repoussoir” ?

 

La « Décroissance » est un nom propre qui désigne un mode de pensée, un projet de société et un mouvement politique. C’est un nom propre et c’est pour cela que nous prenons toujours soin d’y mettre une majuscule.

 

Le mouvement s’appelle ainsi, car la Décroissance propose de sortir de la société de Croissance ; celle qui s’est construite au service de la croissance du PIB et de la religion de l’économie.
Nous pensons que la société de Croissance est à l’origine de la crise multi-dimensionnelle “qui éprouve l’humanité” :

 

* L’effondrement environnemental (dérèglement climatique, crise de la biodiversité, déplétion des ressources, altération des milieux).
* La crise sociale (montée des inégalités, crise de la dette et du système financier).
* La crise politique et démocratique (désaffection et dérive de la démocratie).
* La crise de la personne humaine (perte de sens, délitement des liens sociaux).

 

La société de Croissance n’est ni soutenable ni souhaitable, il faut en sortir. C’est le sens de la Décroissance : réfléchir ensemble à de nouveaux projets de société soutenables et souhaitables.

 

Plus de liens, moins de biens !

 

La Décroissance n’a pas de lien avec des indices de quantification. Il serait tout autant absurde de construire une société autour d’une décroissance du PIB qu’il est absurde de l’avoir construite autour de la croissance de celui-ci. Il ne s’agit ni de faire croître, ni de faire décroître des indices économiques. C’est pourquoi on parle d’ “a-croissance”, il faut simplement sortir de la religion de la Croissance.

 

Depuis plusieurs années, les Objecteurs de Croissance sont attentifs à expliquer clairement ce qu’est la Décroissance, et ce qu’elle n’est pas. Il nous semble relever de la mauvaise foi de continuer à attribuer à la Décroissance des projets de « retour à la bougie », de décroissance de tout pour tous (notamment pour les pays du Sud de la planète), ainsi que la notion de quantification, le malthusianisme et toutes les autres caricatures que nous n’avons de cesse de démentir.

 

Si on nous rétorque souvent qu’il faut quand même être pour la croissance du bien-être, des arbres, des enfants, de l’amour, etc., c’est probablement parce que ce terme a le pouvoir d’interroger, en chacun de nous, dans notre imaginaire, les liens que nous avons construits entre le « bien-vivre et le bien-être » et le « toujours plus ». « Il faut positiver », disait la pub’.

 

C’est parce qu’il frappe les esprits, qu’il choque, fait réagir et fait bouger les consciences… que le mot Décroissance est utilisé. C’est un « mot obus » qui permet de pulvériser l’idéologie absurde de la croissance pour la croissance, de décoloniser nos imaginaires.

 

Il faut un nom qui dérange à la hauteur des dégâts causés par la pensée dominante et la marchandisation du monde…

 

« Vivre plus simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. »

 

Nous avons tout de même conscience de l’effet « repoussoir » du mot auprès des personnes non initiées. C’est pour cela que nous nous appelons aussi « Objecteurs de Croissance » et que, selon nos interlocuteurs, nous disons colporter l’« Objection de Croissance » au lieu de la Décroissance, qui représente une partie de notre action.
Ceci dit, le mot Décroissance est un outil formidable pour remettre en cause les fondements de la société de croissance, le capitalisme et le productivisme, pour ouvrir un large débat sur comment faire ce pas de côté nous permettant d’éviter le mur vers lequel nous amène toujours plus vite la société de croissance.

 

Nous avançons donc avec nos mots obus : la Décroissance, l’anti-capitalisme, l’anti-productivisme, l’anti-consumérisme.
Mais nous avançons surtout avec nos mots chantiers : la dotation inconditionnelle d’autonomie, le revenu maximum autorisé, la gratuité de l’usage et le renchérissement du mésusage, la relocalisation, le ralentissement, l’attention aux autres, l’autonomie, la solidarité, la sérénité, la convivialité et la joie de vivre.

 

Une croissance infinie dans un monde fini est une absurdité !

 

partipourladecroissance.net/ ?page_id=4764

 

A lire aussi :
decroissance.org/index.php ?chemin=textes/Un_mot-obus.htm
decroissancepasdecalais.blogspot.com/2009/01/la-dcroissance-le-gros-mot-utiliser.html
superno.com/blog/2009/09/decroissance-cest-le-mot-qui-les-gene/
objecteursdecroissance.be/articles/mpOC_Vous-avez-dit-Decroissance_aout2010.pdf
La Décroissance, un projet sociétal bien trop souvent victime de préjugés : partipourladecroissance.net/ ?p=4711

Tags : Environnement Economie Politique Société




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15 réactions à cet article    


  • 3 votes
    Bender Bender 28 mars 2012 12:59

    Il est absolument clair et net que la croissance économique ne peut continuer indéfiniment et nous mène tout droit dans le mur... Même un enfant de six ans pourrait le comprendre !
    Mais que font nos dirigeants ? Au lien de ralentir la machine, ils l’accélèrent toujours plus ; tant pis, plus dure sera la chute !
    Bravo pour votre combat et bonne continuation.


    • 1 vote
      rastapopulo rastapopulo 28 mars 2012 13:50

      C’est une contre-vérité au niveau technologique, donc au niveau des échanges économiques qui résultent de la technologie. Rien que l’énergie est de plus en plus en dense puisque du bois au nucléaire en passant par le charbon (qui a sauvé les forêts françaises d’une disparition inévitable sinon) c’est bien ce qu’il arrive. 
       
      Ce n’est donc absolument pas au niveau des ressources que la technologie est dommageable ou limité. Mais au niveau des pollutions engendrées par une stagnation de la technologie (par exemple au niveau du charbon pour fondre le silicium des cellules ou l’acier des pâles pour les pseudorenouvelables)

      C’est d’ailleurs assez rigolo de voir qu’il faut nier ou, mieux, ralentir l’arrivé du thorium (choix plus logique dès les années 60’ mais comme il ne produisait pas de plutonium pour les bombes...) pour que la réalité se plie à vos injonctions. C’est vrai quoi, un rendement X100 (dû au recyclage des déchets actuels avec une réaction souscritique... un détail sans doute) donnerait encore tord au malthusianisme pour des centaines d’années. Quelle horreur hein ? 


    • 5 votes
      rastapopulo rastapopulo 28 mars 2012 13:58

      La Décroissance (traduction du mot anglais de-development évoqué par le milliardaire écologiste Edouard Goldsmith, un des sponsors de la marche, dans un éditorial du Ecologist en novembre 1977), n’est ni un nouveau concept, ni une théorie, mais un « mot d’ordre » d’hygiène mentale (dixit Serge Latouche), « un mot obus, qui sert à pulvériser l’idéologie dominante [le développementisme] (dixit Paul Ariès) ».
      http://www.solidariteetprogres.org/Derriere-le-masque-de-la

      Vous en êtes réduit à promouvoir une doctrine d’un Lord financier soutenu par toute le système des impérialistes malthusiens pour relativiser l’importance du développement. Comment a été renversé l’empire qui dominait les voix maritime sinon par l’industrie développant l’intérieur des terres et permettant la victoire des états nations ? Rien d’étonnant de trouver l’épicentre de ce mouvement chez eux !!!!

      Alors arrêtez cette vision romancé de la nature à la sauce anglaise et concentrez vous sur la pollution. 


      • 5 votes
        rosa luxemburg 28 mars 2012 14:05

        Il a tout faut il ne s’agit pas de decroissance mais de comment ,en changeant le système monétaire et financier international,appliquer les technologies du futur ,pour un monde viable sur toute le planète. Les africains n’ont-ils pas le droit ,eux aussi à des maglevs ou des ordinateurs et des hôpitaux avec des scanners et des irm. Je crois que la pensée du bien commun est loin des écologistes puisque madame Joly a pris des assurances ,pour sa campagne au cas où elle ferait moins de 5% ,auprés de compagnies de la city de Londres ,les mêmes qui detruisent l’environnement dans le monde ,chercher l’erreur  ! Ceux qui pronnent la decroissance se font les alliés du nouvel ordre mondial car ils n’ont aucune vision globale de justice sociale et ne cherche pas la relation de cause à effet sur une plus grande hauteur j, ils le font juste d’une façon rationaliste et minimaliste mais pas de façon scientifique ils sont tout simplement manipulés et sont comme des veaux que l"on mène à l’abattoir .


        • vote
          Pierre Régnier 29 mars 2012 12:14

          @ Rosa et @ enkidou

           

          Vous exprimez mal les réserves qui doivent être faites.

           

          Pour ma part, durant les années où j’étais abonné à "La Décroissance" comme depuis que je ne trouve plus le temps de lire ce journal avec lequel j’étais presque toujours d’accord, j’ai toujours précisé :

           

          "Décroissance de la production et de la consommation des biens matériels, conjointement à une répartition radicalement différente avec priorité absolue aux plus démunis".

           

          Mais aussi : "conjointement à une croissance spirituelle, laquelle doit notamment nous amener à mettre parmi nos valeurs premières la solidarité.

           

          J’ai d’ailleurs souvent dit que notre triple revendication républicaine devrait être Liberté Egalité Solidarité, car la fraternité ne se décrète pas, en tous cas ne "s’organise pas", contrairement à la Solidarité qui peut et doit être un projet très concret, politiquement mis en place.

           

          Ne dites pas que les philosophes "dignes de ce nom" ne réfléchissent pas à la "Décroissance". Lisez plutôt leurs livres. Ceux de Serge Latouche et de Paul Ariès, que cite Vincent Liegey sont excellents. De même que ceux de François Brune (pas le curé qui parle avec les morts l’autre) sur "l’impérialisme publicitaire", très lié à la mortelle course à la croissance.

           

          Vous pensez vraiment, enkidou, qu’on peut comparer la planète actuel à "un arbre en bonne santé" ?

           

          Les gens, dites-vous, "préfèrent possible à impossible, ils n’ont pas envie de s’identifier à une courbe descendante mais ascendante".

           

          Oui, et c’est pourquoi les démagogues en course pour la présidence de la République leur promettent l’impossible en le présentant comme possible. L’un d’eux va gagner… et ne fera évidemment pas ce qu’il a promis, puisque c’est impossible.

           

          Le monde ne sera sauvé et pacifié que lorsque la majorité des peuples échappera à leurs indignes "représentants", et remplaceront leurs discours séduisants mais hors du réel par des réflexions solidaires humainement et écologiquement valables.

           

          Il y a urgence à réaliser cette vraie révolution populaire.


        • vote
          lsga lsga 29 mars 2012 11:48

          Contre l’Oligarchie : Revenu maximum, taxation du Capital, expropriation des grandes entreprise, confiscation des biens immobiliers spéculatifs

          Pour le peuple : SMIC à 1700€ net, embauche massive de fonctionnaire, régulation des prix, remboursement intégrale des soins (dentaire et optique compris), construction massive de logement, généralisation des coopératives ouvrières 

        • 3 votes
          charlow 28 mars 2012 19:28

          bonsoir à tous, je viens de m’inscrire sur Avox car les commentaires me font bondir.

          j’ai l’impression que personne ne comprend bien ce qui se cache derrière ce mot.
          la "Décroissance" est un mouvement volontaire surement plus puissant que n’importe quel autre. il est constitué de toute les forces alternative au système économique, consumériste,individualiste,...
          la fuite en avant n’etant pas une solution, on ne peut pas uniquement se reposer sur le progrès technologique, qui de toute manière auras ses limites.
          quand au délire du nwo il ne viendras pas de ces alternatives mais de la peur et de la méfiances.
          bref la décroissance est pleine d’espoir car elle place l’Homme avec un grand H au centre et non plus la finance.
          ps : @Mjöllnir : t’es carrément hors sujet.
          cordialement Charlow. 

          • 1 vote
            Latigeur Latigeur 28 mars 2012 22:28

            Sans parler de décroissance, il me semble que les sociétés occidentales devraient pour le moins accepter de marquer un temps d’arrêt dans leur croissance.

            1- de façon à ce que les autres économies atteignent un niveau de développement similaire
            2- pour arrêter d’augmenter sans cesse les pollutions
            3- pour réfléchir à un modèle de développement à l’échelle de la terre dans son ensemble.

            1-Cela veut dire que les plus riches au sein du monde occidental doivent renoncer à accumuler de plus en plus de profits. En clair les revenus excessifs doivent être identifiés et fortement taxés.
            2-Que nous devons soutenir les revendications des populations qui au sein des économies émergentes réclament un meilleur niveau de vie.
            3-Que nous devons désormais réfléchir au niveau de la terre, avec l’ensemble des acteurs et non en terme de nations ou même de civilisations.

            • 1 vote
              rastapopulo rastapopulo 28 mars 2012 22:48

              Les empires pensaient en terme de terre... C’est juste un retour en arrière monumentale de nier le rôle neutre et novateur des nations. Un manque de culture en somme.
               
              Ce qui est affligeant au final, c’est de considérer la concurrence comme seul moyen d’exister (je suis pas anti-libéral comme Solidaritéetprogrès mais ils ont raison sur ce point). Le dévelloppement mutuel est une chance aussi bien du point de vue de la créativité que de la stabilité ou encore des défis positifs qui nous seront posés. La rareté n’est pas un spectre mais un moteur pour dynamiser l’inventivité.
               
              Chose à peu près impensable pour toi vu ton besoin d’approbation par des instances dominantes au niveau mondial.  


            • 1 vote
              Latigeur Latigeur 30 mars 2012 16:11

              Rastapopoulos


               Les empires se pensaient surtout comme la domination d’un peuple ou d’une nation sur tous les autres du moins ceux qu’ils connaissaient ou pouvaient atteindre
              Le nationalisme, nous avons donné au siècle dernier, 2 guerres, des millions de morts en Europe mais aussi en Asie, curieux comme certains oublient vite.
              Par ailleurs, il devient de plus en plus évident que les problème de pollution, de répartition des ressources naturelles eau, énergies fossiles, matières premières doivent être discutés à l’échelle mondiale. Faute de quoi nous irons vers des guerres pour l’appropriation de ces richesses.


            • vote
              mjk m4j1k 29 mars 2012 03:14

              Vincent Liegey = Kyja de l’association Reopen911 = faux opposant


              • 1 vote
                Pierre Régnier 29 mars 2012 08:40

                Merci pour cette vidéo.


                Le problème est dans l’expression "sans hypothéquer nos acquis démocratiques, sociaux et culturels". Voir ici, la seconde partie "L’impasse économico-politique" :


                http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/negationnisme-s-et-fatalisme-s-ou-91415


                • vote
                  lsga lsga 29 mars 2012 09:17

                  http://fr.wikipedia.org/wiki/Sph%C3%A8re_de_Dyson



                  3 candidates potentielles dans la galaxie proche. 

                  On arrête pas le progrès. 

                   smiley 

                  • vote
                    kemilein kemilein 30 mars 2012 17:25

                    la décroissance peut s’effectuer de deux manières
                    - vous limitez par personne le nombre de ressources dont elle a le droit / dispose
                    ou
                    - vous maintenez la surabondance, mais il faut limiter le nombre de personne
                    -
                    je vous laisse deviner ce qui a été choisi (en votre lieu et place parce que vous n’êtes que des esclaves après tout et vous n’avez pas votre mot a dire)


                    • vote
                      Pierre Régnier 31 mars 2012 17:34

                      @ kemilein

                       

                      Votre première proposition peut et doit être précisée ainsi :

                       

                      La surabondance est une réalité moyenne. Il ne faut nullement diminuer mais au contraire augmenter dans tous les cas, y compris dans une démarche pour la décroissance globale, les ressources de ceux qui sont actuellement dans la pire misère.

                       

                      Mais il faut diminuer inégalement la consommation matérielle des autres : diminuer beaucoup celle des plus riches, diminuer peu celle de ceux qui sont simplement aisés etc…

                       

                      Il faut aussi limiter la population.



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