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Xuan 4 mars 2018 14:52

 Bonjour Mao-Tsé-Toung, et merci pour votre accueil bienveillant, cependant je ne suis qu’un amateur.

Vous avez raison de poser des questions sur le sens des mots, un raisonnement philosophique devrait commencer par définir ses concepts, comme on définit les outils, leur usage, les unités et les grandeurs physiques.

Permettez-moi d’ajouter que votre démarche critique est de nature philosophique et relève de la philosophie des sciences ; et ceci indépendamment des mots que vous utilisez, du sens que vous leur donnez, et quand bien même vous n’auriez lu aucun ouvrage de philosophie.

L’existence de la matière indépendamment de la pensée n’a rien à voir ni avec Nietzsche ni avec Onfray, c’est simplement la conception matérialiste du monde. Elle s’oppose à l’idéalisme selon lequel l’existence de la matière dépend de la pensée (idéalisme et matérialisme au sens philosophique et non au sens moral ou éthique, de désintéressement ou de cupidité et d’hédonisme, comme on l’entend habituellement).

La pensée prend naissance dans les synapses et les neurones du cerveau. Elle peut en retour modifier, transformer la matière, à la condition d’utiliser la matière elle-même et d’appliquer ses lois. Mais la pensée ne crée pas la matière et ne la supprime pas non plus.

Vous connaissez la thèse de certains physiciens selon laquelle la matière n’existe que dans le cadre de l’expérience. Elle repose sur la modification des phénomènes physiques causée par leur « observation ». Or l’observation n’est pas un pur processus de pensée mais elle utilise aussi la matière, par exemple un rayon lumineux, et c’est l’interaction entre ce rayon et le photon observé qui produit la modification du phénomène, l’annihilation de la diffraction, l’incertitude de la mesure etc. et non la pensée pure ou l’observateur.

A une autre échelle prenons un marteau pour « observer » l’intérieur d’une cruche et …miracle de « l’observation » : elle a transformé la cruche en un tas de débris !

Heisenberg écrivait :

« Il me semble, me mit en garde Einstein, que votre pensée s’oriente maintenant dans une direction très dangereuse. Car tout d’un coup, vous vous mettez à parler de ce que l’on sait de la nature, et non pas de ce qu’elle fait effectivement. Mais dans les sciences, il ne peut s’agir que de mettre en évidence ce que la nature fait vraiment. Il pourrait très bien se faire, en effet, que vous et moi ayons des notions différentes de la nature. Mais qui donc cela peut-il intéresser ? Vous et moi peut-être. Mais, pour tous les autres, cela n’a aucune importance. Donc, si votre théorie est juste, vous devrez me dire un jour ce que fait l’atome lorsqu’il passe d’un état à un autre en émettant de la lumière. »

Mon hypothèse de départ est donc que la matière et ses transformations existent indépendamment de la pensée, y compris lorsque le laborantin prend sa retraite.

Les manifestations contradictoires de la réalité

J’utilise volontairement le concept de contradiction et non de paradoxe. Le paradoxe va à l’encontre des idées reçues et implique un sujet : on en reviendrait à la conception idéaliste, anthropocentriste, que critiquait Einstein justement.

Deuxièmement, on parle ordinairement de « contradiction » à propos du débat d’idées. C’est un point de vue restrictif. J’utilise le concept de contradiction au sens général, y compris pour désigner les oppositions au sein de la matière elle-même, oppositions ou contradictions qui sont à la source de ses transformations, et cela avec ou sans « observateur ».

En philosophie c’est la dialectique, non pas idéaliste comme  l’entendait Hegel, mais matérialiste comme la définissait K. Marx : il a utilisé le matérialisme-dialectique pour analyser le Capital, et son ami Engels l’a utilisé aussi dans « Dialectique de la nature ».

Je vous invite à lire cet essai sur le matérialisme-dialectique « Contrairement à une opinion répandue le soleil brille aussi la nuit », qui traite entre autres de certains paradigmes que vous critiquez dans vos articles.

La contradiction dans la matière s’observe à toutes les échelles, sous forme d’attraction-répulsion, de polarité, de moment cinétique, de transition de phase, de sinusoïde, d’énergie potentielle-cinétique, d’onde-particule, d’émission-absorption de photon, de rétroaction positive ou négative, d’inhibition et inhibition de l’inhibition, de division cellulaire ou de reproduction, etc.

La forme change mais la cause profonde des transformations réside dans les oppositions internes de la matière.

 [...] à suivre





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