@herve_hum
« Sur
ce point, je suis d’accord, je me contredis moi même ! en effet, toute
forme de communauté, y compris une coalition repose sur des règles communes,
mais pas forcément sur l’équilibre, car cela implique un rapport de force
équilibré, ce qui n’est pas toujours le cas. »
Une
coalition repose forcément sur un rapport de force équilibré, sinon ce n’est
plus une coalition mais un empire avec une force suzeraine au centre entourée
de vassaux qui n’ont pas d’autres choix que de se soumettre et de la suivre. Et
c’est justement en réaction aux empires de ce genre que les coalitions
émergent.
« Pour
votre exemple, ne pas confondre la guerre militaire de domination qui est
toujours de nature économique et la vendetta. Cette dernière est l’exception,
pas la règle. »
Votre
distinction ne tient pas : une guerre de domination peut être une vendetta
et une vendetta peut être une guerre de domination.
Pour
le reste, comprenons nous bien : je ne dis pas que les guerres n’ont pas d’aspects
économiques ou que ces aspects constituent l’exception, ou une sorte de détail.
Je conteste ceci : « le militaire sert l’économie et JAMAIS l’inverse ».
Je conteste par extension l’idée que le politique sert l’économie et jamais l’inverse.
Je dis que c’est plus compliqué que ça et que l’histoire regorge d’exemples pour
lesquels c’est l’économie qui sert le politique et le militaire.
Vous
dites par exemple « les dirigeants des USA avec le dollar qui agit comme
une forme d’impôt sur l’économie mondiale et combien ils ont défendu cet
avantage et menacé quiconque voulaient s’en affranchir. »
Eh
bien moi, en inversant les perspectives, je peux vous répondre que le privilège
du dollar est avant tout une arme politique qui donne une compétence
universelle aux autorités judiciaires américaines (et donc un pouvoir politique
exorbitant sur le monde) et que les gains de seigneurage que cette monnaie confère
sont un des moyens d’y parvenir. Et si les dirigeants US défendent ces gains et
menacent quiconque voulant s’en affranchir, c’est pour conserver cette arme
politique.
Vous
dites que c’est TOUJOURS l’économique qui motive la guerre. Moi vous répond, encore en
inversant les perspectives, que le politique PEUT motiver la guerre et l’économique
devenir un moyen pour y parvenir. Vous dites que la domination se caractérise TOUJOURS
par la capacité à prélever l’impôt et moi je vous réponds que le prélèvement de l’impôt est l’un
des moyens de la domination politique.
Et
je précise que j’inverse la perspective en étant moins absolutiste que vous :
je ne conteste pas l’idée que c’est que le militaire et le politique puissent
servir l’économie, ce que je conteste c’est que ce ne soit JAMAIS l’inverse.
Et
au fond, ce que je conteste, c’est l’idée que la relation économique
d’exploitation précède TOUJOURS la relation politique de domination, comme si le
politique n’était qu’une dérive de l’économique, perception très commune aux
marxistes orthodoxes que Clastres a brillamment contredits. Parfois c’est l’inverse,
et ces cas sont suffisamment nombreux pour ne pas être considérés comme des
exceptions (peut-être même sont-ils majoritaires).
Pour revenir sur la guerre du Péloponnèse, je conteste l’idée que la cause profonde
soit d’ordre économique. Est-ce qu’il y’avait des motivations économiques à
cette guerre ? Bien sûr (particulièrement du côté d’Athènes, pas celui de Spartes)
mais la cause
profonde, c’est la domination politique de la Grèce.