@maQiavel
Trump est aussi le résultat de la surenchère droitière et conservatrice du parti républicain. Je vois d’ailleurs dans sa réussite le signe d’un déclin du conservatisme reaganien bien plus qu’un affaiblissement du "politiquement correct". Il est tout simplement devenu impossible, pour la classe dirigeante républicaine, d’étouffer le ressentiment de l’américain moyen sous l’oreiller des discours patriotiques, moralistes et religieux. Habituellement, les candidats les plus conservateurs récoltaient le vote blanc contestataire mais ce n’est plus le cas : la guerre en Irak et ses conséquences tant politiques qu’humanitaires (les vétérans des guerres - et en particulier des guerres perdues - sont traités comme de la merde aux Etats-Unis, rien n’a vraiment changé depuis le Vietnam et le film Rambo...) ont rendu impossible la captation de cette détresse par la frange dure du parti républicain qui ne leur propose rien sur le plan social, sinon une vision caricaturale et largement fantasmée du rêve américain. Il y a une vraie angoisse de disparition au sein de la classe moyenne WASP que les élites républicaines ne savent plus prendre en charge.
Franchement, je ne sais pas si Trump est plus nuisible qu’un taré évangéliste comme Cruz ("moins de taxes, plus de Bible") ou une néocon de gauche belliciste comme Clinton. En politique internationale, il me semble plutôt nixonien, ce qui serait plutôt positif pour le monde. On peut reprocher beaucoup de choses à Nixon, mais c’était un réaliste qui a rompu avec les tendances messianistes de la politique étrangère américaine pour adopter une diplomatie moins "impériale" comme en attestent le dégel des relations avec la France (qui était exécrable entre De Gaulle et Kennedy) et avec la Chine.