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Joe Chip Joe Chip 28 novembre 2017 12:13

@spoty

Je dirais plutôt que c’est le remplacement progressif de l’antiracisme institutionnel et républicain chapeauté par le PS par un antiracisme militant et communautariste directement importé des Etats-Unis notamment via l’ambassade américaine (mais pas seulement, bien sûr) qui a servi de couveuse à un certain nombre de ces nouvelles officines (bondi blog, oumma, le président du CCIF auquel le New-York Times a offert une tribune durant la vague d’attentats islamistes en France, le camp d’été décolonial soutenu par le même journal, etc.) de la même manière que la féministe bourgeoise et littéraire des beaux quartiers parisiens (Badinter, Alonso...) a été mis au rencard à partir du début des années 2000 par les néoféministes d’inspiration anglo-saxonne (pussy riots, FEMEN...) sponsorisées par Soros&cie.

Et évidemment, ces deux mouvances affichent de plus en plus leur proximité idéologique (cf. Clémentine Autain, devenue sourde et muette sur les violences sexistes dans les milieux dits "populaires") dans le cadre de la fameuse "intersectionnalité des luttes" (féministes, antiracistes) promue et revendiquée par la quasi-totalité de ces officines (dont le PIR). 

Il est d’ailleurs assez amusant de constater que ceux qui voient le bras des Américains absolument partout restent absolument silencieux sur cette ingérence évidente et démontrée dans les banlieues françaises (révélation il y a quelques années par wikileaks du rapport "Stratégie d’engagement envers les minorités" de l’ambassadeur des USA) :

http://gestion-des-risques-interculturels.com/pays/europe/france/les-banlieues-francaises-cibles-de-linfluence-culturelle-americaine/

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-strategie-americaine-pour-85577

https://www.challenges.fr/economie/la-verite-sur-l-aide-etrangere-aux-banlieues_217057

https://www.courrierinternational.com/article/2007/11/29/les-etats-unis-s-interessent-de-pres-aux-banlieues

Tout cela s’inscrit dans un schéma plus général de lutte contre l’influence française (ou ce qu’il en reste) et la langue française en Afrique et au Moyen-Orient. Les enjeux sont énormes en termes de développement économique, de conquête de marché et de domination du monde, sachant que les Américains ne sont jamais parvenus à s’implanter durablement en Afrique (continent qu’ils comprennent très mal) en dépit d’une implication croissante au niveau des ONG (notamment protestantes), et cherchent à se placer sur le continent face à la progression rapide de l’influence chinoise. Ce qui implique concrètement de lutter par différentes stratégies contre le reliquat de présence française sur le continent américain. Sur le plan économique, c’est quasiment accompli. La plupart des grandes entreprises présentes en Afrique, contrairement à ce que martèle l’extrême-gauche française, ne sont pas françaises, mais chinoises, américaines, britanniques, sud-africaines, russes et brésiliennes. Reste à déraciner la langue française, ce qui passe par une "guerre sans mort apparemment" pour reprendre le mot de Mitterand, et qui ne dit jamais son nom, mais une guerre impitoyable pour la conquête des esprits (et des marchés). 

Les griefs (légitimes ou non) des minorités "racialisées" contre la France ou la République Française sont reformulés dans un cadre théorique et conceptuel (déconstruction) fourni par l’université américaine. Toutes les références (sociologiques, intellectuelles, etc.) proviennent du monde anglo-saxon. Les grandes voix noires ou arabes de l’anticolonialisme francophone sont éteintes ou marginalisées, car trop marquées par la langue et le raffinement culturel français. La défense de la religion (islamophobie) et la critique du modèle républicain, laïc et séculier, assimilé à une forme de colonialisme imposé par l’Etat aux populations d’origine immigrée, permettent d’articuler une dialectique à la fois complémentaire et contradictoire entre le mondialisme US et les préoccupations identitaires d’une partie de la jeunesse française. La langue anglaise devient la ’langue de travail’ supplantant de plus en plus le français dans les supports communicationnels. 

Il ne s’agit pas de manipulation mais plutôt d’un travail d’influence subtil qui permet d’inscrire progressivement les thèmes de l’anticolonialisme et de l’antiracisme dans la trame globale de la modernité et du soft power américains, notamment en marquant une rupture complète avec la notion d’universalisme - au sens français du terme, évidemment... D’un point de vue purement technique, c’est un travail de propagande et d’influence remarquable, bien plus subtil et efficace que ce que font les Russes ou les Saoudiens à coups de pétrodollars et par grands médias interposés. Pour être honnête, les Russes sont en train de réussir un travail similaire sur une partie de la droite française (dont les revendications coïncident de plus en plus favorablement avec la politique étrangère russe) mais la base sociologique est beaucoup plus restreinte (mâle blanc vieillissant des périphéries). 




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