Vivre dans le mensonge, vivre du mensonge ?
Si ça se trouve, y'a bien un au-delà de la Démocratie à rechercher, la vraie démocratie (directe) présentant des risques connus (lire par exemple sur ce sujet : "Problèmes de la démocratie grecque" de Jacqueline de Romilly.)
La démocratie est bien un processus, un horizon, un mode de vie, qui pourrait bien nous porter au-delà d'elle-même. Mais pour cela, il faudrait vivre dans un monde clair et ouvert. Il faudrait vivre en véritable démocratie et travailler collectivement constamment sur ses défauts et ses risques afin d'améliorer sans cesse notre constitution.
Or, nous demeurons éternellement englué dans un magistral mensonge, tellement énorme, qu'il passe et perdure. Nous demeurons dans un monde cloturé. C'est : "la cloture de l'imaginaire social et politique" dont parle Cornélius Castoriadis et le conformisme atteint des sommets inégalés.
« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce la consommation et au divertissement [ndlr : et à Facebook !], les esclaves auraient l’amour de leur servitude ... »
La phase d’Aldous Huxley dans son livre "Le Meilleur des mondes", n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui.
Les gens sont totalement impuissants politiquement, mais l’histoire inverse leur est contée dans les structures éducatives, culturelles et médiatiques (pilotées par le pouvoir et l’idéologie dominante) et ce mensonge n’est pas perçu en tant que tel par la majorité.
"Nous sommes en démocratie", cela signifie : c’est nous qui avons le pouvoir, nous, le peuple. Eh bien, non, c’est faux, nous sommes mécaniquement et dans les faits totalement impuissants ! Mais malgré tout nous admettons l’inverse depuis deux siècles. Ce mensonge nous place donc perpetuellement au point-mort de la démocratie et nous empêche de faire progresser quoique ce soit. Notre destinée ne nous appartient pas et nous souffrons en silence.
Mais pourquoi admettons-nous avoir le pouvoir puisque nous n’en avons pas une seule goutte ?
Le génie de la propagande et des menteurs professionnels s’explique parfois difficilement, mais il y aurait des choses aussi, on le sait, du côté de la servitude volontaire, du consumérisme et d’un capitalisme qui a su se mettre au service de nos pulsions, de notre égoïsme et de notre passivité.
Ça fait bien longtemps qu’il nous faudrait tourner le volant à 180 degrés, mais des forces semblent nous en empêcher. Les structures éducatives et culturelles et les médias ont bâti une sorte de "mur culturel", et le peuple, dans son ensemble, manque d’éducation populaire et donc d’outils pour se défendre. (Voir la conférence de Franck Lepage : "L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulue" - Inculture I)
La population effectivement ignore tout des mécanismes du Pouvoir, elle est nue, désarmée, et elle semble incapable pour le moment de se défendre (et il est impossible de déterminer quand et comment cela pourra prendre fin). La population prend tout dans la face en ligne directe sans bouclier, sans répliquer. Le pouvoir et sa propagande agit frontalement sur la population selon un cercle vicieux sans qu’elle soit en mesure de comprendre quoique ce soit de ce qui lui arrive. Si je percevais une population un minimum habillée et armée face au Pouvoir et à la propagande (c’est presque la même chose), je serais : optimiste, oui. Mais dans l’état actuel de l’ignorance, je ne peux qu’être pessimiste, comme je le serais pour ma vie, si j’étais nu au pôle Nord. Et internet ne semble pas changer la donne tant que ça.
Il faut donc continuer de chercher par tous les moyens comment abattre ce "mur culturel". Chacun doit se sentir responsable de l’éducation populaire (tous ceux, au moins, qui percoivent, voir comprennent assez bien le mensonge global dans lequel nous vivons).
Voici une vidéo qui compare la démocratie athénienne à la fausse démocratie d’aujourd’hui.
Cette vidéo repose sur un tableau situé à l’adresse suivante :
Cette autre vidéo (27 minutes) se focalise sur la première colonne du tableau pour dire ce qu’est une démocratie afin de prendre conscience de l’écart astronomique avec aujourd’hui :
Et enfin, cette conférence théâtralisée (déjà diffusée une fois sur AgoraVox TV au début de l’été 2013) tente de mettre le tout dans un cercle logique avec une progression qui va de A à Z, avec un personnage qui incarne le peuple et un médecin philosophe qui le prend en charge (et qui tente un traitement de choc, vu l’heure qu’il est).
Nous n’allons pas dans le mur, nous sommes déjà encastrés dedans.
Le moment est donc dépassé, de sortir la tête du sable, de sortir de la caverne et d’admettre qu’on s’est fait avoir comme des bleus.
Marchons ensemble, maintenant, sous un soleil de plomb et tentons de faire pousser quelque-chose dans ce désert politique que nous avons nous-mêmes créé.
Bon courage à tous,
Sylvain Rochex, décembre 2013
Tags : Démocratie
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