Ben Laden : 10 ans en liberté
A l’heure où l’on nous annonce la mort d’Oussama Ben Laden, dans la liesse et sans aucun esprit critique, je vous propose un peu de lucidité, notamment avec ce documentaire : Ben Laden, les ratés d’une traque, qui montre, témoignages à l’appui, que les Américains ont, de toute évidence, laissé fuir Ben Laden, alors même qu’ils (ou leurs alliés) étaient en mesure de le capturer. Dans ce film, des soldats français témoignent (à la 20e minute) : à deux reprises, en 2003 et 2004, ils ont eu Ben Laden dans leur viseur, mais l’autorisation américaine d’intervenir n’est jamais venue.
Leur témoignage rejoint ceux de militaires américains, qui se sont plaints de l’inaction inexplicable (à leurs yeux) de leur hiérarchie. Ainsi, Gary Berntsen, ancien officier de la CIA en Afghanistan, a raconté que ses troupes avaient cerné Ben Laden à Tora Bora en décembre 2001, mais qu’il n’a jamais reçu les moyens qu’il réclamait pour intervenir :
Le témoignage de Michel Peyrard rejoint celui de deux militaires américains membres des Forces spéciales, Alan H. et Adam R. Voici l’interview de Adam R. :
Tous ces témoignages seront corroborés par les conclusions d’un rapport du Sénat américain selon lequel George Bush aurait laissé s’échapper Ben Laden en décembre 2001. Le JT de la chaîne MSNBC en avait rendu compte. A noter que l’analyste militaire Jack Jacobs considérait alors, en 2009, que les Américains savaient très exactement où se trouvait Ben Laden :
A l’heure qu’il est, nulle image de Ben Laden mort n’a été montrée, si ce n’est un montage grossier. Et le corps du terroriste le plus célèbre du monde a déjà été détruit, au fond de la mer. Aucune preuve de sa mort, ce 1er mai 2011, n’a donc été fournie. En l’état, l’annonce de Barack Obama ne vaut pas plus que celle de cet officiel taliban qui avait annoncé avoir assisté aux funérailles de Ben Laden dans les montagnes afganes à la mi-décembre 2001 (sources : Al Wafd et Fox News).
Mais admettons que Ben Laden soit mort hier. Il ne fait cependant aucun doute que les Américains savaient où il se situait depuis de longues années. Le public ne doit pas être dupe. Par exemple, l’ancien agent de renseignement Eric Denécé déclarait en 2008 à Télérama : "Les Américains savent, à un ou deux kilomètres près, où se trouve Ben Laden, au nord de la zone tribale entre Pakistan et Afghanistan", mais "ils le préfèrent plutôt vivant que mort, en martyr". Mais dès le 6 avril 2002, le général Richard Myers, chef d’état-major interarmées des Etats-Unis, lançait par mégarde sur CNN : "Le but n’a jamais été d’attraper Ben Laden". Le 9 janvier 2005, A.B. "Buzzy" Krongard, ancien directeur exécutif et numéro 3 de la CIA, admettait, dans le London Times, qu’il était préférable que Ben Laden demeurât vivant et libre. Le journal notait : "Plusieurs officiels américains ont reconnu en privé qu’il serait mieux de garder Ben Laden cloué à la frontière de l’Afghanistan et du Pakistan plutôt que d’en faire un martyr ou de le traduire en justice. Mais Krongard est la figure la plus haut placée qui reconnaît publiquement que sa capture pourrait s’avérer contre-productive".
Ben Laden, gravement malade des reins et sous dialyse depuis plus de dix ans, ne se cachait pas comme un rat au fond d’une cave ou d’une grotte. Il vivait dans une demeure luxueuse, à deux pas (250 mètres !) d’une caserne pakistanaise. "La résidence du leader d’Al-Qaïda est située dans une zone résidence aisée à Abbottabad, où vivent de nombreux anciens militaires pakistanais", rapporte le Nouvel Obs. Ben Laden vivait avec sa famille dans un luxueux manoir "huit fois plus grand que les autres résidences". Eric Laurent, abasourdi par cette localisation, pense que Ben Laden avait le soutien des services secrets pakistanais, qui ont une fois de plus démontré leur duplicité vis-à-vis des Américains (audio ici). Il affirme que les Américains avaient repéré Ben Laden dans sa résidence depuis 6 mois, et il s’étonne de ce fait qu’aucune opération de capture, et non d’assassinat, n’ait pas pu être mise en place.
Les premières images à l’intérieur de la maison de Ben Laden où il a été tué :
Rappelons-nous encore que, la veille du 11-Septembre, il était soigné dans un hôpital à Rawalpindi, escorté par l’armée pakistanaise, et au mois de juillet 2001 il était soigné à l’hôpital américain de Dubaï, et recevait la visite d’un agent de la CIA. Nul ne peut croire qu’il se soit rendu invisible pendant dix ans... à quelques dizaines de kilomètres d’Islamabad.
Il faut donc se demander pourquoi on l’a laissé tranquille si longtemps, et pourquoi on met un terme aujourd’hui à cette mascarade. Quel journaliste posera la question ?
Tags : Etats-Unis Al Quaïda Désinformation 11 septembre 2001
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