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Bhoutan, le royaume du bonheur

Abrité entre l’Inde et le Tibet, dans l’Himalaya oriental le petit royaume de Bhoutan s’est taillé une réputation mondiale de petit paradis à cause de son attraction touristique bien sûr, mais aussi en raison du souci de ses souverains d’assurer le bonheur de leurs sujets... plutôt que leur richesse. Une approche socio-économique originale dans notre modernité qui fait de la croissance économique est un dogme absolu.

 

 

Il y a le PNB, « produit national brut », que tout le monde connaît. Et puis, il y a le BNB, « Bonheur national brut », inventé dans les années 70 par l’ancien roi du Bhoutan Jigme Singye Wangchuck.

 

 

Le petit royaume du Bhoutan a, en effet, décidé d’en finir avec « la dictature du Produit Intérieur Brut (PIB) » et de la croissance économique à tout prix, en proposant un nouvel indicateur de richesse : le Bonheur National Brut (BNB).

 

Le bonheur national brut est une tentative de définition du niveau de vie en des termes plus psychologiques et holistiques que le produit national brut. En 1987, interrogé sur le produit national brut du pays, le roi Jigme Singye Wangchuck, répondit qu’il s’intéressait plus au "bonheur national brut" de son peuple, il en fit un principe de gouvernance, puis un indice très sérieux.

 

Le site officiel du Bouthan indique que contrairement au PNB, le BNB « devait permettre d’évaluer une économie basée sur les valeurs spirituelles du Bouddhisme ».

 

 

Aujourd’hui, le BNB irrigue toute la vue du pays, entraînant de profonds bouleversements dans l’agriculture (100% biologique en 2020), l’éducation nationale (où l’on prépare les élèves à devenir des « ambassadeurs du changement »), la gestion des ressources naturelles (réglementation stricte de l’abattage des arbres et de l’exploitation minière), la santé (gratuite pour tous), le tourisme (haut de gamme et durable), ou le commerce (non adhésion à l’OMC).

 

Les rivières et les arbres sont sacrés, de même que les montagnes (l’alpinisme est interdit) et dieu est omniprésent sur les sommets, dans les foyers et la vie des Bhoutanais, c’est dans les sourires et la voix douce des Bhoutanais que se cache l’esprit divin. "L’âme du Bhoutan" vit de sa foi en un dieu aimant, et de la conservation et promotion de la culture bhoutanaise, et le roi peut continuer à prendre son vélo tous les matins en se disant que dans son pays, tout va bien.

 

Cependant derrière cette image idyllique relayé par les autorités, se cache une réalité bien plus terre à terre.

 

La fin du "bonheur national brut" ?

 

Le petit état himalayen, qui compte 700.000 habitants, est gouverné par la dynastie des Wangchuck depuis 1907. En 2001, l’ex-roi Jigme Singye Wangchuck, avait entrouvert la porte au régime représentatif en confiant une partie de son immense pouvoir à un conseil. En 2006, il a abdiqué en faveur de son fils, et en 2008, les premières élections législatives ont mis un terme à la monarchie absolue. Reste qu’il y a cinq ans, c’est le parti monarchiste qui l’avait emporté à une très large majorité. 

 

Or, les démocrates du PDP ont remporté haut la main les dernières élections législatives.

 

« L’insistance du DPT à jouer la carte du bonheur national brut n’est que du vent destiné à attirer l’attention de la communauté internationale. Cette politique n’a jamais apporté quoi que ce soit au peuple du Bhoutan », tonne Tshering Tobgay, le leader du PDP.

 

 

Le bonheur n’est pas quantifiable et sa mesure ne peut reposer que sur des mesures qualitatives, des indicateurs indirects ou la déclaration, toujours subjective, des personnes interrogées. La fiabilité de ces résultats dépend donc de la manière dont les informations sont collectées et analysées.

 

Le discours sur le Bonheur national brut est remis en cause par le Premier ministre nommé en juillet 2013, Tshering Tobgay, qui explique que le gouvernement précédent a passé beaucoup plus de temps à en parler qu’à agir, et relève que le pays est confronté à quatre grands défis : l’endettement, la monnaie, le chômage, dont celui des jeunes, et la perception d’une corruption croissante.

 

La drogue et l’alcool et le chômage sont de véritables fléaux chez les jeunes :

 

« On peut voir que les gens ne sont pas heureux ici », assène Jigme Wangchuk, âgé de 24 ans, travailleur social dans la capitale, Thimphou, où il œuvre dans un centre d’accueil pour jeunes toxicomanes. 

 

« Quand je regarde les difficultés du pays, je ne vois pas de BNB  », déclare Jamyang Tsheltrim, un étudiant de 21 ans, mentionnant l’absence d’emplois qualifiés pour les jeunes, alors que la moyenne d’âge du pays s’élève à 26 ans seulement. 

 

Pour Tenzing Lamsang, rédacteur en chef du quotidien The Bhutanese, le Bhoutan souffre d’un « esprit de déni » vis-à-vis des problèmes nationaux. Le BNB est devenu un concept « très intellectuel » qui ne veut plus dire grand-chose pour la population.

 

Le « bonheur national brut » est également mis à mal depuis longtemps par le chômage des jeunes, nettement en hausse, et une augmentation de la délinquance. L’exode rural montre aussi à quel point l’image idyllique et bucolique du Bhoutan est surfaite.

 

L’envie de changement ne cesse de grandir depuis que le royaume s’est ouvert au reste du monde mais l’indice du bonheur national brut est toujours une référence.

 

Malgré toutes les difficultés, on ne peut qu’être que séduit par ce royaume lové dans son éventail de montagnes creusé de vallées où cascade l’eau des neiges éternelles de l’Himalaya et dont le mantra, « Ne prenez que des photos, ne laissez que l’empreinte de vos pas  », protège le véritable trésor du royaume : son étincelante nature, bulle d’air pur flottant au-dessus de ses très pollués voisins chinois et indiens.

 

 

Sources :

« Le Bouthan, pays du bonheur immédiat  », l’express, par  »

« Le Bouthan, le royaume du bonheur en pleine désillusion  », le Télégramme

« Vent de changement sur le royaume du bonheur  », courrier international

dgino20




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6 réactions à cet article    


  • 7 votes
    darion ben gourvid 30 mai 2014 14:08

    Merde du coup j’hésite, Bhoutan ou Corée du Nord ?!


    • vote
      Justin Justin 30 mai 2014 20:02

      Au royaume du bonheur ce sont de vrais bhout-an-train !


    • 1 vote
      Slift Slift 30 mai 2014 18:29

      Je crois d’ailleurs qu’il faut payer un truc comme 300$ par jour en tant que touriste voyageant sur le territoire.
      Ceci explique également cela...


      • 3 votes
        Hijack ... Hijack ... 31 mai 2014 00:27

        J’ai une sympathie particulière pour pratiquement les petits peuples d’Asie (notamment, petits états tout autour de la Chine) ; il vaut mieux à mon sens, que le Bouthan ne développe pas le tourisme massif, cela mettra fin à ses particularités.


        • 3 votes
          howahkan hotah howahkan hotah 31 mai 2014 13:26

          Seul l’homme malheureux dans sa vie cherche l’opposé de ce qu’il vit et qu’il va alors qualifier de bonheur, quête d’absolu qui n’aboutira JAMAIS.....lorsque l’absence de souffrance est là, cela implique un autre etat de l’esprit, alors la question du sens ne se pose pas dans un tel instant..seul un être en souffrance va se poser la question d’un sens, car il cherche une issue "enfantine" simpliste à son probleme plutot que de le comprendre...

          mentalement l’humain est dans une mouise totale.....qui frise maintenant la perfection dans le mal !


          • 1 vote
            zygzornifle zygzornifle 2 juin 2014 08:43

            Mettez l’UMP ou le PS à sa tête et dans 2 ans les associations humanitaires organiseront des collectes pour nourrir la population .....



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