Fabius : "Il ne fait aucun doute que c’est le régime [...] qui a utilisé du gaz sarin en Syrie"
"La France a la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée" a affirmé Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères ce mardi 4 juin après avoir fait analyser des échantillons.
Des analyses effectuées par un laboratoire français, désigné par l’Organisation pour l’Interdiction des armes chimiques pour l’identification des toxiques de guerre, sur des échantillons en possession de Paris "démontrent la présence de sarin" et "la France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée", selon ce communiqué.
"J’ai rencontré ce matin à mon initiative le Professeur Ake Sellström, chef de la mission d’enquête mise en place par le Secrétaire général des Nations unies et chargée d’établir les faits sur les allégations d’emplois d’armes chimiques en Syrie.
Je lui ai remis, au nom de la France, les résultats des analyses, réalisées par notre laboratoire désigné par l’Organisation pour l’Interdiction des armes chimiques pour l’identification des toxiques de guerre.
Ces analyses démontrent la présence de sarin dans les échantillons en notre possession. Au regard de ces éléments, la France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée.
Nous avons décidé de communiquer aussitôt à la mission compétente des Nations unies et publiquement les éléments en notre possession. Il serait inacceptable que les coupables de ces crimes puissent bénéficier de l’impunité."
"Il ne fait aucun doute que c’est le régime et ses complices" qui s’en sont servis, a déclaré Laurent Fabius sur France 2, mardi soir.
Selon une source diplomatique, les échantillons proviennent de Jobar, dans la banlieue de Damas, où deux envoyés spéciaux du journal Le Monde ont été témoins mi-avril de l’utilisation de gaz toxiques et ont rapporté des échantillons aux autorités françaises, et de Saraqeb, dans le nord-ouest du pays, où une attaque a été signalée fin avril.
Les enquêteurs font état de 4 événements (à Khan Al-Assal près d’Alep le 19 mars ; à Uteibah près de Damas le 19 mars ; dans le quartier de Cheikh Maqsoud à Alep 13 avril ; et dans la ville de Saraqeb le 29 avril) lors desquels ces agents auraient été utilisés, mais leurs enquêtes n’ont pour l’instant « pas permis d’identifier la nature de ces agents chimiques, les systèmes d’armes employées ni qui les a utilisés ».
Le 6 mai, Carla del Ponte, membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’Homme en Syrie, avait affirmé que les rebelles syriens avaient fait usage du gaz sarin, évoquant des "témoignages recueillis".
Le 28 Mai dernier, le quotidien pro-gouvernemental turc Zaman signalait que la Direction générale de la Sécurité (Emniyet Genel Müdürlügü) avait mené des arrestations à Adana et Mersia (Sud de la Turquie) contre douze membres de l’organisation Jabhat Al Nosra présente en Syrie, et avait saisi 2kg de gaz sarin au cours des perquisitions. Les individus auraient avoué vouloir acheminer le gaz sarin vers les zones de combat en Syrie.
Les États-Unis, qui ont affirmé par le passé que le recours aux armes chimiques représentait une ligne rouge à ne pas franchir, restent, eux, prudents, affirmant que davantage de preuves sont nécessaires.
"Nous devons augmenter le faisceau des preuves en notre possession (...) avant de prendre une décision", a déclaré le porte-parole de Barack Obama, Jay Carney, lors de son point de presse quotidien. "Il nous faut enquêter davantage".
John Kerry a affirmé que les Etats-Unis disposaient de "preuves solides" d’usage d’armes chimiques par Damas.
Le président russe, Vladimir Poutine, a quant à lui souligné que toute tentative d’intervention militaire étrangère en Syrie était vouée à l’échec et ne ferait qu’aggraver la situation.
Laurent Fabius a estimé mardi que "toutes les options étaient sur la table" après les résultats de ces analyses. "Nous discutons avec nos partenaires (...) et toutes les options sont sur la table", a déclaré le ministre à France 2, ajoutant : "ou bien on décide de ne pas réagir, ou bien on réagit y compris d’une façon armée là où est produit, stocké le gaz mais nous n’en sommes pas là".
Sources : 20minutes / France24 / France 2/ Le Journal du Siècle
Tags : France International François Hollande Guerre Syrie Laurent Fabius
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