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Accueil du site > Actualités > International > Vladimir Poutine : face à Trump, Kim-Jong Un a gagné haut la main

Vladimir Poutine : face à Trump, Kim-Jong Un a gagné haut la main

Entretien de Vladimir Poutine avec les médias et agences de presse russes, 11 janvier 2018

 
En prélude à la journée de la presse russe, le 13 janvier, Vladimir Poutine s'est rendu à la rédaction du journal Komsomolskaya Pravda avec les médias et les agences de presse russes. La discussion a porté sur les problèmes professionnels actuels.
 
 
 
 
 
 
Pour le cas ou Youtube censurerait cette vidéo, retrouvez-là sur Dailymotion et Vimeo (Voir Kafka 2.0 : Comment s’exerce la censure politique sur Youtube) :
 
 
Transcription :
 
[...] Journaliste  : Monsieur le Président, j'ai une question à propos de la péninsule coréenne. La nouvelle année a apporté de bonnes nouvelles sur les contacts, les tendances et les rencontres possibles. En même temps, il y a des nouvelles alarmantes au sujet des boutons nucléaires et de la question de savoir qui a le plus gros. Que pensez-vous des développements concernant la péninsule coréenne dans les premiers jours de la nouvelle année ?
 
Vladimir Poutine : Je pense que Kim-Jong Un a évidemment gagné ce round. Il a atteint son objectif stratégique. Il a une ogive nucléaire, et maintenant il a aussi un missile avec une portée globale de 13 000 kilomètres, qui peut atteindre presque n'importe quelle partie du globe, au moins sur le territoire de son adversaire potentiel. Et maintenant il veut clarifier, calmer ou dé-escalader la situation. 
 
C'est déjà un politicien mature et très perspicace. Cependant, nous devrions être réalistes et, compte tenu de ce que nous devons faire, nous devons agir avec beaucoup de précautions. Si nous voulons atteindre l'objectif difficile de dénucléariser la péninsule coréenne, nous devons le faire par le dialogue et les négociations.
 
Je crois que, aussi difficile que cela puisse paraître, nous pouvons accomplir cette mission si toutes les parties prenantes de ce processus, y compris les Nord-Coréens, sont convaincues que leur sécurité peut également être garantie sans armes nucléaires.
 
C'est ainsi que je veux répondre en conclusion. Cela est étroitement lié à votre question et à la question précédente également. Nous discutons du nouveau traité START avec nos partenaires américains. Ils ont soudainement déclaré, même si leur intention colle à la lettre du traité, qu'ils voulaient convertir certains de leurs véhicules de lancement - avions et sous-marins - avec des silos pour empêcher leur utilisation pour lancer des armes nucléaires.
 
En principe, cette possibilité est stipulée dans le traité. Mais le traité dit aussi que cela n'est possible que si l'autre partie, en l'occurrence la Russie, vérifie la conversion et est convaincue qu'il n'y a pas là de potentiel de rupture, que ces silos ou équipements aéronautiques ne seront pas reconvertis pour l'usage d'armes nucléaires.
 
Nous n'avons aucune preuve de cela jusqu'à présent. Et nous sommes donc préoccupés par cela. Mais notre dialogue est en cours. J'espère que ce sera positif. [...]

Tags : Vladimir Poutine Corée du Nord Donald Trump




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15 réactions à cet article    


  • vote
    Olivier Perriet Olivier Perriet 22 janvier 2018 10:32

    Salut,
    c’est marrant Vladimir a un objectif de dénucléariser la péninsule coréenne, alors que la Corée du Nord vient d’avoir sa bombinette.

    Euh, c’est ce qui s’appelle un objectif très réaliste smiley


    • 3 votes
      maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 12:00

      @Olivier Perriet
      Parce qu’il est conscient qu’une fois nuclearisé, la Corée du Nord n’aura aucun intérêt à l’escalade guerrière, bien au contraire, elle cherchera à apaiser la situation, quitte à se dénucleariser par la suite. Parce que la bombe nucléaire n’est pas un objectif en soi, par contre ne pas se faire envahir en est un. Si Pyongyang a la garantie de ne pas se faire ratatiner à l’irakienne, dénucleariser la péninsule devient une possibilité. 

      Cela signifie que le principal obstacle à cette dénuclearisation, ce n’est pas la Corée du nord mais les Etats unis qui vont toujours plus loin dans la surenchère guerrière. 


    • vote
      Olivier Perriet Olivier Perriet 23 janvier 2018 09:07

      @maQiavel

      Vous êtes donc en train de nous "démontrer" que blanc c’est noir, et réciproquement, car c’est la faute aux USA.

      Les merveilles de l’idéologie.


    • 3 votes
      maQiavel maQiavel 23 janvier 2018 10:25

      @Olivier Perriet

      Est ce que vous savez que les premiers à avoir nucléarisé la péninsule coréenne, ce sont les Etats unis ? En juin 1957, les Etats unis ont informés la corée du nord qu’ils ne respecteraient plus le paragraphe de l’armistice qui interdisait l’introduction de nouvelles armes, quelques mois plus tard ils ont installé des missiles nucléaires dans le sud. 

      Donc résumons :

      -La Corée du nord fait face à la plus grande puissance nucléaire qui dit ouvertement vouloir la détruire et elle réagit en conséquence en développant ses propres armes nucléaires. Mais il ne faut pas dire que les Etats unis sont responsables de cette situation sinon c’est de l’idéologie, j’ai bon ? smiley


    • 2 votes
      Hijack ... Hijack ... 22 janvier 2018 17:46

      Mieux vaut la bombe nucléaire avec effet dissuasif certain ... que sans bombe, mais en recevoir sur la tronche ! Les exemples ne manquent pas.
      .
      Poutine a évidemment raison ... d’ailleurs, sans être Poutine, cette théorie est logique, enfantine même.
      .
      Donc oui, Kim-Jong Un a gagné ce Round par ... absurdité de l’adversaire. Et, parti comme c’est, vu que c’est un combat poids lourds --- l’arbitrage russe a son importance qui doit nous rassurer. Souhaitons simplement que l’adversaire condescendant US prenne leçon ...


      • 1 vote
        maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 21:20

        La plupart des observateurs se sont attardés sur la dimension psychologique de Donald Trump et de Kim Jong-Un en omettant l’essentiel, à savoir les tactiques déployées de part et d’autres. Car dans le fond, c’est cette dimension là qui est importante dans les surenchères verbales de ces derniers mois et non les considérations rapides et superficielles sur leur prétendue folie.

        Kim Jong-Un est déterminé à protéger la Corée du nord et le régime qu’il dirige (si pas réellement, au moins institutionnellement et symboliquement) et est persuadé qu’il ne peut le faire que par le développement de l’armement non conventionnel nord coréen. A l’inverse, l’objectif de Trump (qui fait écho à celui des administrations précédentes) consiste à amener le régime nord coréen à cesser le développement d’armes de destructions massives et des vecteurs balistiques longues portées susceptible de les transporter.

        Théoriquement, Trump avait un éventail de choix pour atteindre son objectif mais il a choisi la confrontation, ce qui lui a toujours réussit dans le monde des affaires. C’est le jeu de « la poule mouillée ». Ceux qui ont vu « the Apprentice » se souviendront que c’est le mode de négociation privilégié de Trump : deux conducteurs lancent leurs voitures l’une contre l’autre en accélérant, celui qui se dégonfle et s’écarte est le perdant. Il perd précisément à cause de sa rationalité. Si un individu parvient à convaincre ses concurrents qu’on ne peut le raisonner, il gagne. Le gagnant l’emporte parce qu’il a su faire croire qu’il est complètement aveugle au danger et donc irrationnel. Ironiquement, l’irrationalité devient un stratagème rationnel. C’est une méthode de négociation propre au milieu d’affaire newyorkais persuadé qu’ il convient d’avancer des assertions de nature à déstabiliser la partie adverse en instillant en elle le doute et la peur afin de pouvoir remporter la mise. En affaire, Trump s’est toujours montré impulsif, erratique, belliqueux, revanchard, capricieux, peut être s’agit-il de manifestations réelles de son tempérament narcissique mais peu importe, ses postures, ses messages menaçants sont l’expression d’un calcul rationnel. Trump applique au domaine de la politique des principes dont il a pu éprouver l’efficacité dans les transactions financières, c’est un mode de communication qu’il maitrise parfaitement. C’est ce qui explique son ton acerbe et sa brutalité grossière et assumée envers Kim Jong-Un, il s’agissait de faire plier le régime coréen par la terreur verbale et les déplacements de troupes, il s’agissait de le faire renoncer aux armes nucléaires et engager des négociations en position de force. 

        Seulement , le monde du business est très différent du monde politique , ce n’est pas la même chose de menacer un rival de l’accabler de milliers de poursuites judiciaires contre lequel il devra se défendre à un cout ruineux qui le conduira à la banqueroute à menacer un dirigeant politique d’une nation de 25 millions d’âmes du feu de la colère nucléaire. Au contraire, ces fanfaronnades et menaces étaient complètement contre productives : non seulement le régime nord coréen ne s’est pas dégonflé mais en plus cette rhétorique guerrière à laquelle il a répondu avec la même agressivité (d’où la surenchère permanente dans les communiqués) l’a convaincu de la nécessité absolue d’accélérer son programme de développement d’armement non conventionnel en vertu du principe d’équilibre de la terreur. Trump n’a pas compris que dans le jeu de la poule mouillé appliqué à la dissuasion nucléaire, l’acteur rationnel ne s’écarte pas, au contraire il accélère, il serait complètement irrationnel pour une puissance moyenne de renoncer à se doter de capacités nucléaires stratégiques alors qu’elle est sous la menace d’une grande puissance, puisque l’arme nucléaire a précisément pour fonction d’égaliser les règles du jeu, Kim Jong-Un  n’est pas un crétin. Les messages enflammés de Trump n’ont fait que souder les nord- coréens derrière leur gouvernement et stimuler leur fièvre guerrière.  Pire, ils ont effrayés les sud coréens qui se sont vus obligé de tendre la main au nord pour ne pas finir en victime d’un dérapage. Opportunité sur laquelle le nord a sauté pour tenir les Etats unis à l’écart de futures négociation avec le sud. La rhétorique de Pyongyang a complètement changé, Séoul n’est plus traité de pantins aux ordres des yankees et est exhorté à régler les différents entre coréens et de l’autre coté la politique de Séoul diverge de celle de Washington.

        Trump conservera certainement le mode de fonctionnement qui lui a tant réussit en tant que chef d’entreprise mais dans un contexte politique, ça s’avérera une faiblesse. Le match est loin d’être terminé mais sans même parler des progrès technologiques nord coréens qui ont ébahit les communautés du renseignement, Kim Jong-Un a remporté ce round haut la main, il a réussit à créer un désaccord entre la Corée du sud et les Etats unis et à engager des négociations à ses propres conditions. Etre qualifié de dirigeant réaliste et perspicace par Poutine, ce n’est pas rien. 


        • vote
          Belenos Belenos 22 janvier 2018 21:37

          @maQiavel

          Intéressant. 


        • 1 vote
          maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 22:11

          @Zatara

          Attention, j’ai déjà dit ici à plusieurs reprises que des pans de la politique extérieure américaine est conditionnée en grande partie ( et non totalement) par la lutte des réseaux au sein de l’establishment ( qui existait déjà à l’époque Obama d’ailleurs mais qui a atteint un niveau d’intensité incomparable depuis l’éclosion du phénomène Trump). L’ayant déjà dit, je me réserve le droit de ne pas le répéter à chaque fois. Ca veut donc dire que je peux passer à d’autres niveaux d’analyses. Parce que ce ne serait pas sérieux non plus de prétendre qu’il n’y a pas d’autres niveaux d’analyses que celle de ces luttes internes. Par ailleurs, la question Coréenne est beaucoup moins dépendante des luttes internes que d’autres dossiers de politiques étrangères comme la relation avec la Russie. Tout simplement parce qu’il y’a un consensus entre les différents réseaux sur la stratégie à appliquer avec la Corée du nord.

          Et de manière générale, les déterminations ne sont jamais totales et absolues, cela signifie que Trump a aussi des qualités , des défauts et une tactique qu’il faut en prendre compte , ce n’est pas une simple marionnette répondant mécaniquement à des stimulis du genre « cilitaprofond » ( ce n’est pas ce que tu dis mais je précise). 

          Quant à l’hypothèse de mettre la pression sur la Chine, c’est vrai aussi mais pas seulement, la question nord coréenne n’est pas totalement dépendante de la question chinoise dans la politique américaine.


        • 1 vote
          maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 22:16

          @Zatara
          Et autre chose : les néocons ne sont pas le réseaux dominant contrairement à ce qu’on peut lire ci et là. Ils sont puissant , oui ,mais ils ne déterminent pas la politique américaine. Plus personne ne détermine la politique américaine d’ailleurs , c’est bien le problème de la perspective de cet empire ... 


        • 2 votes
          maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 22:23

          @Zatara
          Je n’ai pas dit que les US étaient les gendarmes du monde. Si tu lis bien mon commentaire , je n’ai dit à aucun moment pourquoi les US souhaitaient la dénucléarisation de la corée du nord ( donc je n’ai pas dit que c’est pour jouer à la police , qui croit encore à un truc pareil smiley ). C’est une question importante mais c’est une autre question de celle que j’abordais. 


        • 1 vote
          maQiavel maQiavel 22 janvier 2018 22:26

          @Zatara
          Je suis de très près le déroulement de ce qui se joue à Washinton , donc oui , je connais un certain nombre de généraux et pas seulement de la maison blanche. Ca ne change rien à ce que je disais : les néocons ne sont pas le réseaux dominant. 

          Et bien évidemment , ils ne sont pas tous républicains , les paléocons non plus , ce sont des réseaux qui dépassent les partis mais ça c’est une vérité de lapalisse. 


        • vote
          maQiavel maQiavel 23 janvier 2018 09:55

          @pegase

          C’est ce qui se passe quand il n’y a plus de centre décisionnel prédominant : c’est le bordel.

          @Zatara

          Les deux. Si on prend sur le plan géopolitique, les néocons par exemple ont un réseau national qui a des extensions internationales, en France par exemple avec le cercle de l’oratoire et dans d’autres pays bien sur. Les paléocons sont aussi un réseaux national ( CFR ) qui a une extension internationale ( Trilatérale , Bilderberg etc ). Cependant, sur le plan économique et militaire, même s’il existe des réseaux à portée internationale, il existe des réseaux strictement nationaux car liés aux intérêts industriels américains. 


        • vote
          maQiavel maQiavel 23 janvier 2018 19:29

          @Zatara

          la question nord coréenne n’est pas totalement dépendante de la question chinoise dans la politique américaine. si, elle l’est...

           

          ------> Non, il n’y a pas que ça. Je suis au courant depuis plusieurs années de tout ce que tu décris mais dans ces affaires, les causalités uniques et totales n’existent pas, il y’a toujours des combinaisons de facteurs. 


        • vote
          maQiavel maQiavel 23 janvier 2018 20:13

          @Zatara

          -c’est valable pour tout et tellement evident que ça me semble de trop. 

          Ben voilà. Donc comme je le disais la question nord coréenne n’est pas totalement dépendante de la question chinoise dans la politique américaine. Il y’a d’autres facteurs. 


        • vote
          maQiavel maQiavel 23 janvier 2018 21:12

          @Zatara
          Il est de toute façon préférable de se taper des bouquins mais je ne t’apprends absolument rien. De mon point de vue les autres facteurs ne sont pas "plus que secondaires". 



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