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Accueil du site > Actualités > Politique > Bilan des "années Mitterrand" : conférence de Jean-Luc Mélenchon

Bilan des "années Mitterrand" : conférence de Jean-Luc Mélenchon

 

Jean-Luc Mélenchon nous fait part ici de ses réflexions personnelles concernant le bilan politique des années 80.

Il passe beaucoup de temps à décortiquer les récupérations politiques qui ont eu lieu depuis, et n’en prend malheureusement pas assez pour décrire les mécanismes qui ont amené les socialistes à effectuer leur tournant libéral, à s’orienter vers la construction européenne et la monnaie unique : les dévaluations du franc, la spéculation sur le marché des changes, les conflits avec la Banque de France ou les affrontement au sein du PS... Mais il argumente et expose des idées d’une originalité qui met à mal de nombreux lieux communs.

 

"L’aspiration populaire à l’unité de la gauche est tellement puissante qu’elle déchiquète ceux qui se mettent en travers de son chemin"

Évidemment cette explication est moins plaisante et imagée que celle décrivant les socialistes comme étant capables de saborder de manière organisée les partis avec lesquels ils font alliance, mais les résultats des scrutins du PCF, comme aussi les événements récents concernant le NPA, semblent pourtant donner raison à Mélenchon...

 

 

Aujourd’hui, à l’heure des incessantes commémorations, les médias ne prennent pas même la peine de rappeler les principales mesures qui ont été réalisées entre 81 et 83. Elles méritent pourtant encore le coup d’œil :

- nationalisation d’une quarantaine de banques, dont la BNP, le Crédit lyonnais, la Société Générale, et de plusieurs grandes industries comme Alcatel, Suez, Thomson, Rhône-Poulenc…

- cinquième semaine de congés payés, semaine de 39 heures et retraite à 60 ans

- hausse du SMIC de 10%, du minimum vieillesse de 20%, des allocations familiales de 55%

- création du RMI et de l’impôt sur la fortune

- lois Auroux sur les comités d’entreprise, le droit des travailleurs à s’exprimer sur leurs conditions de travail, le droit de retrait pour les salariés en cas de danger

- abolition de la peine de mort et du délit d’homosexualité

 

Ceci à l’époque où Margaret Thatcher en Angleterre et Ronald Reagan aux États-Unis brisaient les services publics, les grèves et les syndicats, et que cela semblait aux yeux de beaucoup de monde être une véritable démonstration de force et de modernité.

Tags : France Politique Histoire François Mitterrand Jean-Luc Mélenchon




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9 réactions à cet article    


  • 12 votes
    iakin 12 mai 2011 12:04

    Je viens de voir la vidéo à nouveau, et bien c’est plus que ça encore...

    Il fait tout simplement une analyse stupéfiante de la réalité politique française en traçant une ligne de 68 jusqu’à aujourd’hui.

     

    Bien que j’en savais déjà quasiment tout, je n’avais encore jamais vu quelqu’un faire une telle synthèse, d’un coup comme ça, en une seul traite, avec une telle fluidité et en restant abordable.

     

    Il faut se rendre compte de ce qui se passe en Grèce.

     

    Nous qui pensions être des générations perdues, qui n’allaient connaitre aucun changement important dans notre vie, comment pouvions-nous imaginer que nous allions avoir à faire avec l’une des périodes les plus terribles de notre monde contemporain...


  • 4 votes
    iakin 12 mai 2011 13:30

    Je sais, mais j’en profite un peu, c’est tellement rare sur agoravox ^^


  • 3 votes
    iakin 12 mai 2011 14:04

    Je vais commencer par écouter les émissions qu’il a posté...


  • 3 votes
    leviathan1 leviathan1 12 mai 2011 12:10

    Pour en savoir plus sur les coups pourris de l’ère Mitterrand, écoutez :
    - Emission "Méridien Zéro" du 01/05/2011, intitulée "Les égouts de la République (1ère partie)"
    http://meridienzero.hautetfort.com/archive/2011/05/03/podcast-de-l-emission-du-1er-mai-2011.html
    -
    - Emission "Méridien Zéro" du 08/05/2011, intitulée "Les égouts de la République (2ème partie)"
    http://meridienzero.hautetfort.com/archive/2011/05/09/podcast-de-l-emission-du-8-mai-2011.html
    -
    Et lisez :
    - "Un état dans l’état" de Sophie Coignard.


    • 2 votes
      iakin 12 mai 2011 20:56

      Et bien tout le monde en prend pour son grade là dedans, les gaullistes, les chiraquiens, mais rien sur les socialistes... dans la 3ème émission sans doute ?
       
      Quand on fait les poubelles de l’histoire, c’est dingue parfois, comme lorsqu’on tire sur un fil et que toute la pelote vient avec.
      Ça m’était arrivé une fois de m’intéresser l’affaire Patrice Alègre, simplement parce que ça s’était passé près d’un endroit que je connaissais, fouille sur internet donc, je tombe de sale histoire en sale histoire, puis le truc avec une boite de nuit près de Toulouse que je connaissais qui participait apparemment à un traffic de mineurs, puis je découvre le bouquin de l’enquêteur Homicide 31, évidemment je tombe alors sur Dominique Baudis de l’UMP, et enfin l’histoire des enfants de Pierre Roche... le comble quoi, toute une tripoté de notables qui se font des soirées "nietzscheénne" en se croyant dans le dernier film de Kubrick, rémunérant des petites frappes pour leur ramener de jeunes paumées afin de les torturer et se faire des émotions fortes...
      Le genre de découverte qui fout ta journée en l’air quoi.
        
       
      Qu’est-ce que c’est que cette radio "Méridien zéro" ? Je n’en avais jamais entendu parler. Tu pourrais nous en dire plus ?
      Je connaissais Rendez-vous avec X sur France Inter, dans le même genre.
      Et ce personnage, Monsieur K... je me demande bien dans quel parti il a fait "10 ans de militantisme".


    • 2 votes
      Erca 12 mai 2011 15:46

      Mélenchon m’a fait plaisir en reconnaissant son erreur sur l’Acte Unique et Maastricht et en n’oubliant pas de reconnaître à Chevènement sa clairvoyance sur la question à l’époque. Le problème est que dans les dernières minutes de cette (excellente) conférence, Mélenchon évoque ces traités comme s’ils avaient atterri ex nihilo sur la France, sans jamais les relier à la volonté farouche de François Mitterrand sur le terrain, gagné par les idées de Jacques Delors.


      Il est certes très intéressant de souligner les mesures de 1981 et surtout de remettre Mitterrand dans son contexte (situation économique hautement complexe de 1983, cohabitation en 1986 et opposition aux privatisations, volonté de réforme constitutionnelle en 1991 que pour ma part j’ignorais), mais il y a une certaine ambiguïté (pour ne pas dire autre chose) dans le fait de relier Mitterrand à 1981, et d’oublier de le faire pour ce qui est de la fuite en avant européenne, qui a mis en place tous les outils pour démanteler 1981. Ce n’est pas avoir une vision policière que de ramener Mitterrand à 1983 et sa suite, c’est simplement être lucide, malgré toutes les nuances qu’on peut apporter à ce constat (et que Mélenchon fait bien d’apporter).

      Et si on ajoute à cela les affaires, que Mélenchon refuse d’aborder pour des raisons que je comprends bien, mais qu’on ne peut raisonnablement pas repousser d’un revers de main s’il s’agit de faire un bilan honnête... C’est d’ailleurs un des gros problèmes que j’ai avec Mélenchon : sa volonté extrêmement louable de lutter contre la doxa en lui apportant de fortes nuances le conduit très souvent à ne plus se concentrer que sur les nuances, en perdant de vue un constat global et honnête. Car tout n’est pas nécessairement faux dans ce que véhicule la doxa, il faut faire le tri. Son refus absolu de la récupération, sa volonté constante de créer le clivage l’éloigne de la lucidité, du moins dans son discours. Cela me gêne de plus en plus quand j’essaie d’imaginer ce que ça donnerait au pouvoir.

      Au sujet de l’Acte Unique, je conseille la conférence qu’a donnée dernièrement Jean-Pierre Chevènement à Sciences Pô Lyon, au cours de laquelle il révèle notamment le contexte ubuesque de la signature française : à part Mitterrand, son conseiller spécial et les 2 ministres concernés, personne n’était au courant de son contenu et de ses terribles implications ! Aberrant mais véridique.


      • 2 votes
        iakin 12 mai 2011 16:17

        Salut Erca !
        Merci pour le lien vers la vidéo, je vais aller regarder ça aussi.
         
        Sur ce que tu dis, je pense qu’on ne peut qu’être d’accord avec toi.
        Seulement je crois que Mélenchon avait ici surtout l’ambition d’aborder le sujet sous un angle qui n’est en général pas du tout abordé quand on parle des années 80, celle du rapport de force avec la droite, le capital et le mur de l’argent. Les sales affaires, les zones d’ombre puis la construction européenne étant, elles, revisitées régulièrement dès qu’il s’agit de Mitterrand. Enfin moi en tout cas je l’ai compris comme ça.
         
        Quelques heures de conférence en plus et un public qui pourrait lui poser des questions, perso je n’aurais pas été contre non plus. Mais c’est vrai que Mélenchon a l’habitude d’aborder certains sujets qu’après qu’on lui ait montré patte blanche. Apparemment il se surveille aussi beaucoup quand il est filmé, j’en comprend que trop bien les raisons, mais je comprend aussi que ça puisse être déroutant pour quelqu’un qui demande à être convaincu de sa probité.


      • 6 votes
        Rulebreaker Rulebreaker 12 mai 2011 16:44

        Mélenchon est le seul à avoir de vraies analyses de fond, et pour ça il mérite au minimum d’être écouté.


        • 2 votes
          poetiste 12 mai 2011 23:37

          Une idole

           

          La religion socialiste ressort ses idoles. Certes, Miterrand n’était pas un quelconque président, il en avait l’étoffe et le machiavélisme qui convient à la fonction dans un monde politique qui ne fait jamais sa légitime place à la vérité. (Dixit : De Gaulle).

          Miterrand était un homme cultivé, on peut regretter ça, en avoir la nostalgie dans le contexte actuel. Cependant, le culte qu’on lui voue a quelque chose de « gaullien » qui ne va pas bien avec une politique de gauche, censée être révolutionnaire.

          Le petit Jospin est le premier à faire son panégyrique, pourtant Miterrand ne l’appréciait pas bien mais en politique, il faut rester dans le rang ; c’est l’électeur qui décide et lui aussi a besoin d’une idole, il ne faut pas le contrarier.

          Nous avons une gauche très conventionnelle, une gauche molle, électoraliste mais certainement pas une gauche révolutionnaire. Le pouvoir est à l’argent et cette gauche ne saura le lui ravir.

          Ce personnalisme socialiste est une espèce de bouée de sauvetage à laquelle on se raccroche quand le bateau a sombré. Ce n’est pas une idole qui vient à manquer mais une idéologie plus en faveur des plus démunis en notre douce France et le parti socialiste n’a pas l’énergie et la conviction suffisante pour nous la proposer.

          La confusion est semée depuis longtemps du fait que le parti socialiste s’est laissé atteindre par mimétisme à une idéologie de droite, libéralisme économique qui en arrange bien quelques uns, disons : une minorité.

          Rien ne ressemble plus à une élite de droite qu’une élite de gauche et des gars comme Mélenchon tentent de sortir de cette glu, gênés qu’ils sont aux entournures.

          On peut attendre longtemps un « printemps révolutionnaire de gauche ». La démocratie n’est pas une aspiration dans un pays de consommateurs et d’enfumage médiatique.

          Il y a des non-dits et une aboulie qui ne peuvent que désespérer ceux qui ont soif de vrai socialisme dans le parti socialiste et des luttes intestines comme cerise sur le mauvais gâteau.

          Ah ! Le pouvoir ! Ah ! L’argent ! Ah ! Le non partage et la sourde oreille ! Ah ! Socialiste ! Le culte de la personnalité ne te donne pas l’identité à laquelle on s’attend d’un parti du peuple.

          Et le pire, la sanction, c’est que le populisme d’extrême droite vient détourner les aspirations de ce peuple en manque de vérité.

          De profundis, parti socialiste ou printemps comme de l’autre côté de la Méditerranée ? Il n’est plus le temps d’usurper le mot « socialiste », le peuple souffre de relégation, de votre impuissance dont il hérite.

          Toutefois,Mélenchon a des accents de vérité et nous ferait croire que rien n’est perdu, que le socialiste partageur existe encore. Un bravo pour le discours.

           

           

           



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