Mélenchon contre Le Pen
Marine Le Pen, Présidente du Front National et candidate aux élections législatives dans le Pas-de-Calais, est ici l'une des invitées de l’émission « La voix est libre » sur France 3 Nord-Pas-de-Calais. Elle y débat avec quatre autres candidats dont Jean-Luc Mélenchon. Les autres sont Philippe Kemel (PS), Jean Urbaniak (proche de l'UMP), et Marine Tondelier (EELV).
Le débat s’articule autour d’un certain nombre de thèmes que l’on peut regrouper ainsi (c'est moi qui regroupe) :
1 La corruption dans la circonscription
2 L’immigrationnisme et l’affaire dite du "faux tract"
3 Les sujets économiques de fond
Marine Le Pen commence par souligner qu’elle représente près de 20 % des Français, qui n’ont pas de représentant à l’Assemble, ce qu’elle qualifie de "pur déni démocratique". Elle montre l’importance que peut avoir un groupe de députés, même minoritaire :
"Aux Pays Bas, un groupe de 20 % de députés a pu empêcher le ennième plan d’austérité qui devait être imposé au pays.
LA CORRUPTION DANS LA CIRCONSCRIPTION
Marine rappelle ses combats contre la corruption dans cette circonscription, qu’elle a menés avec avec un certain succès. En plus des patrons-voyous, thème qui mobilise tous les participants, elle signale qu’il y a des élus-voyous.
(pour en savoir plus sur les affaires de corruption à répétition liées à la mainmise socialiste sur la circonscription, on peut lire - et recommander à Mélenchon- cet article du blog de la section communiste d’Hénin-Beaumont).
Le thème des élus-voyous revient à plusieurs moments du débat, et tous les contradicteurs de Marine, chacun à leur façon, essaient de minimiser les "affaires", de les présenter comme des dérives individuelles.
Mélenchon :
"Arrêtez de parler des salades locales"
Mais, pour Marine Le Pen, tous savaient, ou pouvaient savoir ; d’abord évidemment les candidats de gauche, mais aussi le candidat assimilé-UMP :
"Et si vous n’étiez pas au courant, M Urbaniak, nous n’aviez qu’à vous renseigner et en particulier lire les tracts du FN !"
Elle enfonce le clou :
"On augmente de 85 % les impots d’une des populations les plus pauvres de France pour payer le vol des élus socialistes."
L’IMMIGRATIONISME ET L’AFFAIRE DITE DU "FAUX TRACT"
Il s’agit du tract rappelant cruellement ces mots de Mélenchon : "Il n’y a pas d’avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb". Phrase parfaitement référencée (prononcée à Marseille le 14 avril 2012), ce qui n’empêche pas une journaliste d’ouvrir le sujet en parlant, comme d’une évidence indiscutable, du tract "faussement attribué" à Mélenchon.
Voilà Marine traitée de faussaire l’air de rien, sur un ton benoît, par une journaliste supposée s’en tenir aux faits. Pas grave. Elle en a vu d’autres.
Elle ne se laisse pas démonter, et brandit le tract de la discorde :
"Ce n’est pas une fausse photo et ce n’est pas une fausse phrase."
Alors, ajoute-t-elle, Mélenchon ne doit pas jouer les chochotte :
"Faut assumer" son "immigrationnisme fou."
L’essentiel, en tous cas, c’est que "Grâce à ça, tout le monde sait ce que vous pensez."
LES SUJETS ECOMONIQUES DE FOND
Dans un bel élan unanime, tous les participants sont contre les patrons-voyous et les fermetures d’usine ça ne mange pas de pain.
Mais la plupart d’entre eux, ou leurs camarades de parti, ont été ou sont au pouvoir depuis des années, rappelle Marine.
Elle souligne la responsabilité, dans les fermetures d’usine, de l’Europe ultra-libérale et préconise un protectionnisme intelligent et la priorité nationale à l’emploi et au logement ; elle souligne que tous ses contradicteurs sont européistes.
Mélenchon, lui, promet des "mesures anticapitalistes", s’insurge contre la "domination de la finance", s’enflamme pour un "moratoire contre les licenciements", et s’enthousiasme pour une "loi contre les licenciements boursiers".
En réalité, à d’autres moments, il avoue qu’il ne fera rien d’irréparable contre le très européiste parti socialiste :
"Jamais je ne voterai une motion de censure qui fasse tomber le gouvernement de gauche."
Avec malice, Marine soulignera en conclusion :
"J’ai quatre candidats socialistes autour de moi : tous appellent à voter socialiste au second tour"
Avant cela, un sujet économique est traité plus au fond : c’est celui de la retraite à 60 ans, que François Hollande se propose de rétablir dans un certain nombre de cas.
Qu’en pense Marine Le Pen ? Voterait-elle ce rétablissement ?
Sans le moindre complexe, sans se sentir obligée d’être contre une bonne mesure quand elle vient de l’adversaire, elle répond positivement et ajoute qu’elle-même aurait rétabli la retraite à 60 ans dans des cas bien plus larges, pour tous ceux ayant les 40 annuités. La France pourrait se le permettre à condition de ne pas dilapider son argent à l’international et à ne pas chercher à prendre en charge toute la misère du monde.
C’est alors que nous assistons à un concours d’unanimisme sur le fond assorti à un concours de paillements pour savoir qui a eu l’idée en premier.
Mélenchon revendique la primauté de l’idée, et veut, dit-il, taxer le grand capital et la trésorerie den entreprises pour la financer. En réalité, comme le souligne Marine, il servira simplement, s’il est élu, de force d’appoint aux socialistes.
Tags : Marine Le Pen Jean-Luc Mélenchon
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