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Accueil du site > Actualités > Politique > Rousseau et la science de l’homme

Rousseau et la science de l’homme

La vidéo que je mets en lien relève de la philosophie politique pure. C'est un exposé passionnant mais difficile. Pour celles et ceux qui accepteront l'effort qu'elle requiert, je suis heureux de mettre ainsi à l'honneur la pensée de Pierre Manent de l'EHESS, et celle, moins connue en France, de Terence Marshall, ancien professeur de philosophie politique à l'université de Paris Ouest Nanterre La Défense.

 

 

La conférence était introduite le 31 mai 2012 par Alain Finkielkraut, dans les locaux de l’EHESS, à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-jacques Rousseau.

NB : le propos de Pierre Manent est abstrait et requiert une attention soutenue, celui de Terence Marshall est plus fluide, mais la lecture qu’il en fait requiert, de la même façon, un effort d’attention.

 

De Terence Marshall :

À la recherche de l’Humanité

De Pierre Manent (notamment) :

Cours familier de philosophie politique

Histoire intellectuelle du libéralisme

La cité de l’homme

Les métamorphoses de la cité

 

Tags : Politique Culture




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46 réactions à cet article    


  • 3 votes
    aldemanus 17 septembre 2013 19:07

    De la philosophie politique pure. Pourquoi il en existe de l’impure ?


    • 7 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 17 septembre 2013 21:12

      Je veux dire par là qu’elle n’est pas mâtinée de sociologie, pas de chiffres, pas de statistiques, pas de faits divers pour étayer le propos. Juste un travail de l’esprit qui rebute très souvent.


    • 2 votes
      Caracole Caracole 18 septembre 2013 11:15

      du blabla sans référence à des réalités concrètes en somme ;)


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 11:17

      @ Caracole :
       
      Je n’ai pas la prétention de me hisser à votre niveau. smiley


    • vote
      Caracole Caracole 18 septembre 2013 11:25

      oh non ce n’est pas mon niveau qui est en question mais le votre. Vous présentez cette réflexion comme pure par distinction (voir mépris) pour les basses choses humaines, sociales, subjectives. Moi au contraire j’ai tendance à penser que la "pure" philosophie n’existe pas, toute science (humaine ou non) est un produit de son contexte, et je préfère les philosophes qui assument pleinement cela au lieu de nous mystifier avec leur prétendue objectivité surplombant la société. Aucune science ne peut se défaire d’un contexte social dans lequel elle évolue, de même aucune philosophie ne peut être pensée hors de la vie qui l’expérimente, ce qu’on appelle "philosophie de vie".


    • vote
      Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 11:38

      Je ne prétends pas non plus avoir le niveau des penseurs que je mets en exergue.
      Et pour vous répondre, je dirais que croire en la permanence de certaines choses n’est pas une forme de mépris, mais au contraire la marque d’une confiance en l’Homme, en sa capacité rationnelle et individuelle à déceler l’ordre des choses sans en passer systématiquement par le vote d’une loi abrogée l’année suivante, au fil des modes.
      Aristote était certainement un peu l’esclave des préjugés de son temps en théorisant l’esclavage arc-bouté sur la nature mais, paradoxalement, c’est la teneur qu’il donne du droit naturel - au rebours de toutes les lois locales comme de tout "contexte sociaaaal" - qui est notre meilleur allié pour l’en détromper (je développe si besoin).
       
      En définitive, qui de nous deux méprise l’autre, et surtout, qui de nous deux est totalement déconnecté des réalités : moi qui estime qu’il faut prendre en compte la pluralité des caractères humains et la variété de leurs capacités, ou vous qui appartenez à cette famille de pensée, reine à notre époque, ne misant que sur l’interchangeabilité des individus pour contenter le Dieu-égalité ?


    • 1 vote
      Caracole Caracole 18 septembre 2013 12:09

      "c’est la teneur qu’il donne du droit naturel - au rebours de toutes les lois locales comme de tout "contexte sociaaaal" - qui est notre meilleur allié pour l’en détromper (je développe si besoin)."
      Avec plaisir, ça m’intéresse et je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
      .
       
      "En définitive, qui de nous deux méprise l’autre, et surtout, qui de nous deux est totalement déconnecté des réalités : moi qui estime qu’il faut prendre en compte la pluralité des caractères humains et la variété de leurs capacités, ou vous qui appartenez à cette famille de pensée, reine à notre époque, ne misant que sur l’interchangeabilité des individus pour contenter le Dieu-égalité ?"
      Désolé si j’ai pu paraitre méprisant, c’était une réaction épidermique à votre "purisme" qui semble vouloir disqualifier (au mieux) tous les impurs. Pour ce qui est de ma famille de pensée, vous ne la connaissez visiblement pas, je ne mets pas l’égalité au dessus de la liberté, et donc de la singularité de chaque individu. Je n’ai jamais dit que les individus étaient interchangeables, ca ne veut d’ailleurs rien dire de mon point de vue (pourquoi échanger des individus ?). Je ne faisais qu’émettre une critique sur la limite de ces "grands penseurs" et de leurs grandes théories qui font montre d’un idéalisme rarement assumé qui découle de leur propre expérience vécue. Pour moi, la pensée de Rousseau n’a que très peu d’intérêt si on ne la met pas en relation avec son vécu. Une pensée n’est jamais pure, elle est toujours liée à l’expérience qui l’a suscitée.


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 12:31

      @ Caracole :
       
      Voici la lecture que je ferais d’Aristote : celui-ci est réputé avoir théorisé un esclavage "par nature", offrant par ce moyen aux Grecs la suprématie sur des Barbares "naturellement" fondés à être dominés, donc esclaves. Or, Aristote examine l’humanité dans son entièreté, n’excluant que les individus hors des cités (soit bêtes soit dieux), ce qui ne condamne nullement les Barbares qui n’étaient pas tous nomades, loin s’en faut. En revanche, il opère une distinction entre les capacités naturelles des individus, sans égard pour leur tribu d’origine, leurs croyances ou autres. Il faut se rappeler à cet égard que lui, le principal théoricien politique d’Athènes, n’avait en tant que métèque aucun droit politique, contrairement à des citoyens qui étaient bien loin d’avoir son génie, ses connaissances et son souci du bien commun. En prime, Aristote disposait lui-même d’esclaves (qu’il a affranchis, semble-t-il, dans son testament) dont il ne pouvait nier l’intelligence et les capacités pour certains. Bref, il lui était manifeste que certains esclaves étaient bien plus capables que certains citoyens, donc que les distinctions à faire entre les capacités étaient bien plus subtiles qu’une dichotomie, sèche et réductrice, entre esclaves d’un côté et maîtres de l’autre. En conséquence de quoi, si je ne me trompe pas, c’est en puisant dans le droit naturel dont il est l’auteur que l’on peut le mieux (le plus logiquement en tout cas) invalider l’institution universelle de l’esclavage.
       
      Je vous prête une appartenance à ce que la gauche a de plus inconséquent et à son amour invétéré pour l’égalité vis-à-vis de votre propension - sans être parano - à faire de moi l’une de vos têtes de turc favorites sur ce site. Il n’est pas rare, en effet, que vous réagissiez à ce que je dis, jamais pour être d’accord (je ne vous le reproche pas), mais en sous-entendant que mes propos peuvent généralement se résumer à ceux d’un aristo déclassé ou je ne sais quoi pour ce qui est de la théorie, à ceux d’un "faf" (terminologie en vogue par ici) lorsqu’il s’agit de commenter l’actualité "racailleuse". Si je me trompe, tant mieux...


    • vote
      Caracole Caracole 18 septembre 2013 13:50

      merci pour cette explication aristotélicienne, et c’est d’autant plus intéressant que vous prenez l’exemple de son vécu pour analyser sa théorie.
      .
      Pour le reste, votre jugement sur moi est très réducteur, si je puis me permettre. Il m’arrive d’être d’accord avec vous, ou au moins de trouver intéressant d’engager un dialogue avec des pensées qui ne sont pas les miennes, mais que je suis curieux de comprendre, et auxquelles j’estime pouvoir apporter la singularité de mon point de vue. J’essaie de gratter le vernis idéologique pour comprendre de quels ressorts existentiels découlent des pensées opposées aux miennes car j’ai l’impression que c’est ainsi que nous nous révélons à nous-mêmes. Bref, vous vous trompez sur moi si vous pensez que je ne suis qu’un troll gôôôchiste, comme certains se trompent sur vous s’ils pensent que vous n’êtes qu’un troll fachôôô (même s’ils nous arrivent de prendre ces postures selon le contexte de discussion, cela ne peut résumer notre personnalité ni nos positions politiques que j’espère plus élaborées).


    • vote
       Qanelle canelle 18 septembre 2013 14:30

      oh non ne faites pas ça.


    • vote
      Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 14:48

      @ Caracole :
       
      Dont acte, la balle au centre.
       
      Au sujet d’Aristote, l’effet est voulu, j’ai dit moi-même qu’il était certainement quelque peu "esclave", sur certains sujets, des "préjugés de son temps". Il n’empêche qu’il est l’un de ceux, à l’instar de son maître, à s’être le mieux évertué à s’en déprendre et à parvenir à des raisonnements sur lesquels le temps n’a pas prise.
      Il est peut-être exagéré de dire que la philosophie n’est qu’une immense note de bas de page d’une œuvre de Platon, mais le simple fait que l’idée soit évoquée doit faire réfléchir : les Grecs sont à la philosophie ce que les nombres sont aux mathématiques. Ceci n’est pas le cas de nombreux penseurs modernes qui, en ayant constamment à l’esprit l’historicité, se sont eux-mêmes condamnés à être éphémères. Les Grecs, eux, ont pensé l’universel de manière spontanée, comme allant de soi.


    • 2 votes
      Emile 17 septembre 2013 19:53

      Pour ceux qui veulent découvrir ou redécouvrir la pensé de Rousseau de façon claire, je les invite à se procurer le livre de Jean-Paul Jouary, qui s’intitule : Rousseau, citoyen du future
      Je vous en fait partager un extrait :

      C’est bien à nous, humains du XXIe siècle, que s’adresse Rousseau :

      << Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyen, et qu’ils aiment mieux servir leur bourse que leur personne, l’Etat est déjà près de sa ruine.Faut-il marcher au combat ? ils payent des troupes et restent chez eux ; faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. À force de paresse et d’argent ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre.
      [...] Donnez de l’argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d’esclave, il est inconnu dans la Cité. Dans un Etat vraiment libre les citoyens font tout avec leurs bras et rien avec de l’argent. Loin de payer pour s’exempter de leurs devoirs, ils payeront pour les remplir eux-mêmes. >>

      N’est-on pas là au cœur des enjeux de notre époque ? Rousseau souligne comme une évidence qu’il ne saurait y avoir de souveraineté et de liberté politique sans l’intervention consciente et active de l’ensemble des citoyens. Cela suppose que la volonté d’un peuple ne puisse jamais être représentée. Ce qui re-présente est supposé rendre présent ce qui ne l’est pas, et rend donc possible toutes les distorsion, les dépossession, donc les pertes de souveraineté et de liberté. Rousseau le dit pour la représentation politique, et il le dit pour la représentation monétaire. La première peut se retourner contre la volonté réelle du peuple, la seconde peut se retourner contre sont économie réelle. Examinons ces deux questions qui sont intimement liées dans sa pensée comme dans notre réalité présente.

      Première idée : Le peuple ne peut être représenté.
      Rousseau n’ignore pas qu’il y a différentes formes de gouvernement comme la monarchie, l’aristocratie ou la démocratie. Mais il ni voit pas la distinction essentielle de la politique. Résumons en quelques mots. Rousseau prend ces trois mots au sens propre, et non au sens ou nous les entendons trop souvent aujourd’hui. Monarchie signifie prédominance d’un seul gouvernement (mono) et non pas la royauté. Ainsi l’actuelle Angleterre a-t-elle une reine sans aucun pouvoir et un parlement qui peut renverser l’exécutif, le premier ministre : il s’agit donc d’un régime parlementaire ; la France actuelle n’a pas de rois mais sont président peut dissoudre l’Assemblée et même supprimer les libertés publiques : il s’agit au sens propre d’une monarchie élective. Rousseau évoque donc la monarchie comme un système où le peuple confie le gouvernement à une personne qui se détache des autre dans sa considération, qu’elle soit ou non élue au suffrage universel. Il évoque aussi l’aristocratie, c’est à dire non pas le pouvoir de la noblesse mais, au sens propre, le pouvoir des meilleurs. En ce sens l’Angleterre est ainsi, comme les états unis ou l’Allemagne, une aristocratie élective puisque pour l’essentiel les pouvoirs sont confiés à un groupe de personnes. Il évoque enfin la démocratie au sens propre, c’est à dire le pouvoir exercé en totalité par l’ensemble du peuple. Et en ce sens il n’existe aujourd’hui que très peu de régimes démocratiques : ce fut le cas de la plupart des tribus qui palabraient avant de décider, comme c’est le seul cas de la suisse parmi les pays développés, puisque les élus y sont toujours soumis à la possibilité de référendums (les fameuses votation) imposés par un groupe de citoyens. Rousseau, ne n’oublions pas, était citoyen de Genève. En ce sens propre du mot démocratie la France, par exemple, n’en est pas une, puisqu’il est courant d’entendre ses gouvernants expliquer qu’ils ne veulent pas organiser de référendum auquel les citoyens risqueraient de répondre "non".

      Rousseau évoque ces trois systèmes, mais l’essentiel se trouve pour lui ailleurs : la question décisive à ses yeux concerne la possibilité pour le peuple de conserver ou non sa pleine souveraineté. Écoutons ce qu’il disait du peu de suffrage qui existait alors de l’autre coté de la Manche : 

      <<Le peuple anglais pense être libre il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien.>>

      Et Rousseau ajoute sobrement : 

      <<Dans les court moment de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde.>>

      C’est que, pour lui, la liberté ne saurait consister à confier par le suffrage tout le pouvoir à un ou plusieurs hommes. Ce prétendu contrat est un marché de dupe car dans un contrat, commercial par exemple, si la liberté de dénoncer le non-respect du contrat ne fait pas partie de l’échange, tout les vols sont possibles. C’est pourquoi il est liberticide d’élire des gouvernements de sorte qu’ils puissent après le vote considérer qu’ils peuvent décider ce que bon leurs semble sans que le peuple puisse se prononcer. Le "contrat social" de Rousseau n’est donc pas un contrat entre le peuple et le pouvoir, auquel on déléguerait le droit de diriger. C’est un contrat entre le peuple et lui même, une volonté qui émerge d’un débat conduit collectivement et rationnellement, et au terme duquel le peuple confie par suffrage à une ou plusieurs personnes non pas le droit de décider, mais le devoir d’appliquer les décisions prises. Gouverner c’est tenir le gouvernail, cela n’a rien à voir avec la définition du cap à suivre !
      Pas de possibilité donc de re-présenter le peuple.

      << L’attiédissement de l’amour de la patrie, l’activité de l’intérêt privé, l’immensité des Etats, les conquêtes, l’abus du gouvernement ont fait imaginer la voie de députés ou représentant du peuple dans les assemblés de la nation.C’est ce qu’en certains pays on ose appeler le tiers état. ainsi l’intérêt particulier de deux ordre est mis au premier et au second rang, l’intérêt public n’est qu’au troisième.
      La souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point, elle est la même ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaire ; ils ne peuvent rein conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. [...]
      L’idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodale, de cet inique et absurde gouvernement dans le quel l’espèce humaine est dégradée, et où le nom d’homme est en déshonneur. Dans les anciennes républiques et même dans les monarchies, jamais le peuple n’eut de représentants ; on ne connaissait pas ce mot-là.>>

      Ces paroles résonnent sans doute curieusement à nos oreilles de démocrates habitués à chercher des bergers providentiels pour leurs confier tous les pouvoirs. Mais Rousseau a lui les leçons de l’Antiquité et de la Renaissance italienne, et aussi le jugement de Montesquieu : 

      << À l’égard des élections du prince et des magistrats, qui sont, comme je l’ai dit, des actes complexes, il y a deux voies pour y procéder ; savoir, le choix et le sort. L’une et l’autre ont été employées en diverses républiques, et l’on voit encore actuellement un mélange très compliqué des deux dans l’élection du doge de Venise.
      "Le suffrage par le sort, dit Montesquieu, est de la nature de la démocratie." J’en conviens, mais comment cela ? "Le sort, continue-t-il, est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir la patrie." Ce sont là des raisons.
      Si l’on fait attention que l’élection des chefs est une fonction du gouvernement et non de la souveraineté, on verra pourquoi la voie du sort est plus dans la nature de la démocratie, où l’administration est d’autant meilleure que les actes en sont moins multipliés.
      Dans toute véritable démocratie la magistrature n’est pas un avantage, mais une charge onéreuse qu’on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu’à un autre. La lois seule peut imposer cette charge à celui sur qui le sort tombera. car alors la condition étant également pour tous, et le chois ne dépendant d’aucune volonté humaine, il n’y a point d’application particulière qui altère l’universalité de la lois. >> 

      La cause est entendue, le peuple ne peut être représenté : dès que le peuple considère qu’un gouvernant le représente, il cesse d’être gouverné pour être dirigé, dominé. C’est cette écart entre représentant et représenté qui rend possible la servitude, et c’est pourquoi dans la tradition démocratique, depuis l’antiquité, on s’est méfié de l’élection des gouvernants au suffrage universel et on lui a préféré le système du tirage au sort. Si je suis élu, j’aurais forcément tendance à considérer que l’on m’a choisi pour mes qualité et idées personnelles, et non pour appliquer les idées du peuple lui même. Au lieu de considérer la responsabilité de gouverner comme un devoir, je finirais vite par la considérer comme un pouvoir. Et le peuple des citoyens lui-même finira par considérer qu’il m’a choisi pour le diriger, et non pour lui obéir. C’est pourquoi l’idée même de re-présentation porte en elle le risque d’un transfert de pouvoir qui transforme les gouvernants en maîtres  : une fois re-présenté, le peuple lui-même cesse d’être présent. La prétendue représentation du peuple a pour conséquence l’absence politique du peuple, auquel se substitue le pouvoir de l’Etat.
      ...


      • 4 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 septembre 2013 21:29

        @ Émile, le bien nommé :
         
        Bonsoir à vous.
        Au Livre Cinquième de Émile ou de l’éducation, on lit également ceci :
         
        "Il n’y a pas une constitution de gouvernement unique et absolue, mais il doit y avoir autant de gouvernements différents en nature qu’il y a d’États différents en grandeur".
         
        Et, deux pages plus loin :
         
        "On a de tout temps beaucoup disputé la meilleure forme de gouvernement, sans considérer que chacune est la meilleure en certains cas, et la pire en d’autres. Pour nous, si, dans les différents États, le nombre des magistrats doit être inverse de celui des citoyens, nous conclurons qu’en général le gouvernement démocratique convient aux petits États, l’aristocratique aux médiocres, et le monarchique aux grands".
         
        Or, du temps de Rousseau, un pays de 65 millions d’âmes n’aurait sûrement pas été considéré par lui-même comme un "petit État"...


      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 17 septembre 2013 22:38

        il dit la meme chose dans le contrat social il me semble



        qu est ce qu un petit état et un grand état ?

        la superficie ?
        le nombre d habitant ?

        il me semble qu avec l homogénéisation de la culture en france depuis Rousseau (memes langues, memes unités de mesure, meme identité, meme pensée...), l accelération de la comunication (transport terrestre, télé, internet...), et la confrontation internationale face a de plus grand ensemble qu elle(chine, USA, russie...),
        on pourrait dire que la france a rapetissé.

        Aujourdhui, Rousseau y verrait peut etre a changer son point de vue sur son pays, qui devenue un petit pays nécessiterait une forme de politique démocratique qui lui irait plus que la monarchie du temps de sa grandeur (jusqu au debut du 19eme siecle) ou de l aristocratie elective du temps de sa médiocrité (19eme-20eme).

      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 17 septembre 2013 22:39

        d ou les pressions actuelles du peuple a aspirer a d ela transparence, de la démocratie réelle, directe, ou autre joyeuseté.


      • 3 votes
        Éric Guéguen Éric Guéguen 17 septembre 2013 22:51

        Peut-être aussi que l’on peut considérer comme un "petit État" un pays équivalent à une cité-État, ce qui était le cas de la Suisse de son temps. C’est en effet une communauté pratique du point de vue démocratique, au sens où l’on y est au maximum soumis à deux ou trois degrés de séparation avec n’importe quel autre individu, ce qui donne davantage l’aspect d’une grande famille, d’une nation de proches, comme l’entendait Rousseau, patriote s’il en fut.


      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 17 septembre 2013 23:33

        peut etre, mais est ce vraiment le nombre de personnes qui est important.

        de toute maniere tout les suisses ne se connaissaient pas , et il y avait surement plus de differences culturelles et de comprehension entre deux cantons suisses qu entre la corse et la normandie aujourdhui.

        On pourrait penser que nombre favorise un sommet plus éloigné de sa base, de qui est en partie vrai,
         mais regardez la proximité que l on ressent aujourdhui face a nos élus comparé a la condescendance qu ils avaient encore il y a 50 ans.
        La communication a favorisé cette proximité et je suis pres a paríer qu elle favorisera aussi un nouveau modele démocratique.

      • vote
        Emile 18 septembre 2013 06:32

        Mr.Guéguen : Connaissez-vous le principe de fédération de Proudhon ? Je pense que cela répond à l’objection de la taille, en ce qui concerne le rejet de la démocratie. De plus vous ne pouvez pas reprocher à Rousseau de ne pas avoir anticipé les avancé technologique en terme de communication... 


      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 18 septembre 2013 08:34

        Rousseau y verrait peut etre a changer son point de vue sur son pays



        je voulais parler de la France....
        j ai la facheuse tendance a prendre la belgique et la suisse pour des provinces francaises

        (si des suisses trainent sur le forum je vais me faire insulter !! smiley )

      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 09:50

        @ Émile :
         
        Je ne connais pas bien ce dont vous parlez au sujet de Proudhon, merci de m’inviter à regarder ça de plus près, je n’y manquerai pas.
        Quant à Rousseau, je ne lui reproche rien, surtout pas de n’avoir pu appréhender l’étrangeté de notre époque ! Je faisais simplement remarquer qu’il faut veiller à ne pas faire de Rousseau - dans le dégoût actuel des gouvernements successifs - un champion de la "vraie" démocratie sous prétexte qu’il a, parmi d’autres, théorisé le distinguo gouvernement/souveraineté.
        Je m’explique...
        Si Rousseau revenait de nos jours, par un coup de baguette magique, hormis l’horreur qu’il ressentirait tant à l’égard du progrès technique que du progrès moral (Rousseau était, de ces points de vue, conservateur), il serait encore plus consterné par notre mode de gouvernement politique. Pourquoi ? Il me semble qu’il lui paraîtrait inepte d’avoir légué l’activité politique à une coterie de grands bourgeois énarques, tel un bâton merdeux. Ceci incriminerait tout autant les oligarques vénaux que le peuple immature.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 09:55

        @ Émile :
         
        N’ayant aucun ouvrage de Proudhon sous la main (ils sont sur le net mais je n’ai pas le temps en ce moment de regarder ça de plus près), et m’en tenant - une fois n’est pas coutume - à ce qu’en dit Wikipédia, je dirais a priori que le fédéralisme comme remède à l’étendue des pays à administrer n’est pas sot en soi, mais encore faut-il trouver une entité susceptible de fédérer le tout et de départager les parties en cas de litige. Serait-ce à dire qu’il faudrait dissoudre la nation en même temps que l’État ? (C’est une vraie question que je vous pose puisque vous savez mieux que moi ce que Proudhon a théorisé à ce sujet). Merci.


      • vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 10:15

        @ davideduardo :
         
        Bonjour à vous !
        Vous avez tout à fait raison, les moyens de communication mis à notre disposition aujourd’hui changent la donne, et nous en sommes vous et moi la preuve vivante puisqu’il me semble que vous m’écrivez d’Amérique latine et que je vis près de Paris.
         
        Il est intéressant, à ce sujet, de se pencher sur un extrait des Fragments posthumes de Nietzsche, cité chez Enthoven à la radio la semaine dernière : "Grâce à la liberté des communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés ; les nations seront dépassées". Facebook avant l’heure ? Mais Facebook a-t-il la moindre vocation "démocratique" ? Je ne pense pas personnellement. La communication, c’est une chose, et une chose essentielle, mais, s’agissant de lui donner une aura démocratique, il me semble que la teneur, le contenu de cet échange importe beaucoup.


      • 1 vote
        Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 11:40

        "La communication, c’est une chose, et une chose essentielle, mais, s’agissant de lui donner une aura démocratique, il me semble que la teneur, le contenu de cet échange importe beaucoup."


        Oui, il s’agit précisément de faire de cette technique de communication un art politique. :)

      • vote
        Emile 18 septembre 2013 13:06

        Bonjour Mr. Guéguen
        Le mots "reprocher" est peu pertinent car trop négatif par rapport à vos dires. Pour éclaircir mon propos : cet aspect négatif me revient, car c’est moi qui pencherais à lui reprocherais son, sois disant, choix de monarchie pour la France (actuel de 65M d’habitants). Cela dit, le faire, serais anachronique, car nous disposons, aujourd’hui, de quoi pallier la distance et le nombre donc il est difficile, je pense, de s’avencer sur la pensé d’un Rousseau moderne.
        Peu d’hommes ont pu anticiper les avancés technologiques 300 ans avant l’heure.  
        Pour ce qui est de son égout pour le progrès, il sera forcément accompagné d’une ivresse quand à l’ouverture des possibilités techniques, bien que son premier sentiment persistera de par son conservatisme (caractère que je dois avouez ne pas lui connaitre...).
        Je pense également qu’il serait consterné face l’idée politique "moderne"
          
        Je vous précise ne pas non plus être un expert des théories proudhoniens, surtout en ce qui concerne leurs application et les phases de transitions...
        Tout d’abord j’aimerais critiquer ma façon d’amener le principe de fédération, le dire comme je l’ai fais n’est qu’une "boite vide" qu’il faudrait remplir d’un contenu, à mon sens, solidement démocratique. En premier lieu le respect de subsidiarité, c’est à dire que les responsabilités doivent être prisent par le plus petit niveau d’autorité publique compétent pour résoudre les problèmes.
        Par paresse et manque de temps j’aimerais vous indiquer ce site extrêmement dense, complet et, à mon sens, pertinent, du moins de ce que j’en ai vus. Je vous conseil vivement la rubrique Atout pique ^^
        Je vais quand même vous donner mes impressions, très personnel, par rapport à votre question : J’ai, récemment, perdu mon patriotisme... Et je ne saurais plus dire à qui devrait appartenir légitimement la France, puissance construite sur le dos de nombreux peuples... Mais cette ensemble de richesses concentrées, pourrais, sur base de la culture française transcendée de son histoire (la "vraie", du moins je pense, celle que nous propose Guillemin), faire plus de bien dans l’état actuel que "re-dispatché" au sein des puissances montantes. C’est donc par espoir que j’en vient à défendre la nation française. 
        Par manque d’expertise je ne peut qu’espérer que le le fédéralisme démocratique soit compatible avec la notion de Nation.
        Je pense que cela sera directement décidé par les potentielles cité, département, régions fédérées. La décision portera notamment lors de la détermination des programmes scolaires, en histoire particulièrement. Tous dépend de l’insistance qui sera faite à l’égard de l’ancienne France nouvellement fédérée. 


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 15:00

        Émile, merci pour le lien fourni.
        Je connais bien Guillemin en revanche, et j’en suis peu fana. Il est en vogue ces derniers temps, et j’ai l’impression que sa redécouverte est dans le prolongement de celle de Robespierre, grâce à Étienne Chouard en quête perpétuelle d’"anti-systèmes".
        Cordialement.


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        cass_la gauloise cass_la gauloise 22 septembre 2013 02:53

        Guegen " Les Grecs, eux, ont pensé l’universel de manière spontanée, comme allant de soi."
        l’empire perse ( et son alliance avec les civilisations les plus raffinées etceetc d’asie chine, Inde, Perse Iran) a pensé l’universel, c’est d’ailleurs de l’empire perse qu’est née la philosophie. Les grecs n’avaient plus qu’à la penser comme allant de soi.


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 22 septembre 2013 09:29

        @ cass_la gauloise :
         
        Les Perses n’ont pas "pensé" l’universel, ils ont tenté de le vivre, i.e. de le réaliser par les armes, non par les lettres. Ou bien il va falloir me donner le nom de ces grands "penseurs" perses qui auraient devancé les Grecs. Quelques exemples sous la main ?


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        Éric Guéguen Éric Guéguen 22 septembre 2013 09:31

        Pourquoi les penseurs perses musulmans du Moyen Âge se sont-ils plus à citer et commenter abondamment Platon et Aristote au lieu d’honorer leurs propres ancêtres dans ce cas ?


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        Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 00:12

        Ne pourrions-nous pas dire, pour atteindre rapidement la cible du propos, que la politique n’est pas une science, mais un art ? J’entends art au sens kantien, « un talent qui consiste à produire ce dont on ne saurait donner aucune règle déterminée », une pratique qui ne peut se réduire à l’application d’une formule (si satisfaisante pour la pensée soit-elle) mais qui demande la manifestation de facultés proprement "impensables", constituant le "génie". 


        On remarquera qu’en art comme en science, il n’existe pas de modèles mathématiques universels garantissant le succès, mais qu’il existe cependant des "modèles humains", je veux dire des hommes exemplaires, considérés à tort ou à raison comme des génies politiques. 





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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 00:26
          Désolé, mon texte est parti trop vite et ma dernière phrase ne veut rien dire (ne passez pas trop de temps à lui chercher du sens !). La voici corrigée :

          On remarquera qu’en art comme en politique, il n’existe pas de modèles mathématiques universels garantissant le succès, mais qu’il existe cependant des "modèles humains", je veux dire des hommes exemplaires, considérés à tort ou à raison comme des "génies" (artistiques ou politiques). 

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          Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 10:43

          Bonjour Gaspard.
           
          Je souscris presque à ce que vous dites. "Presque" car je m’en tiens pour ma part à la distinction opérée par Aristote entre ce qui ne peut être autrement qu’il n’est et ce qui peut différer. Ce qui est immuable peut être objet de science, pas le reste. Ceci réduit énormément ce qui est rigoureusement "scientifique" au sens qu’en donne Aristote (et la médecine, par exemple, peut difficilement en faire partie).
          Mais Aristote voit tout de même plus qu’un art dans la politique qui a vocation à déceler les moyens de gouverner les hommes conformément à leur nature, éminemment variable. C’est en quelque sorte la science du détail, la science architectonique de la subtilité, s’offrant uniquement à celles et ceux qui acceptent d’y être sensibles. Il y a de l’absolu dans "ce qui peut être autrement qu’il n’est" ou "qui est tel dans la plupart des cas" (hos epi to polu en grec attique), c’est-à-dire qu’il ne peut y avoir qu’un seul mode de gouvernement qui peut convenir à un peuple particulier, charge à lui de le découvrir. Cela veut dire également qu’aucun régime ne peut prétendre à l’universalité, pas plus la démocratie qu’un autre, étant donné que chaque régime doit se conformer à la nature du peuple en question, comme chaque activité au sein de la cité doit être en conformité avec la nature de l’individu qui s’y adonne.
           
          Donc, oui, la politique n’est pas une science exacte, mais c’est une "science" quand même du point de vue des Grecs, et oui certains êtres sont capables de prouesses en la matière, ce qui relève de leur génie, donc de leur nature propre ; à ce titre, on peut alors parler d’un art, ce que la tradition, de Platon à Rousseau en passant par Machiavel reconnaît en particulier dans des figures telles que Lycurgue, ou Solon pour certains, voire Moïse pour d’autres.


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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 11:15

          "Mais Aristote voit tout de même plus qu’un art dans la politique qui a vocation à déceler les moyens de gouverner les hommes conformément à leur nature, éminemment variable."


          Mais... il est impossible de concevoir quelque chose qui est plus qu’un art, car rien n’est plus qu’un art. L’art est la forme ultime de l’association des facultés mentales et du pouvoir d’action. Le médecin (artiste) est plus que le biologiste, le poète est plus que le grammairien, l’architecte est plus que le géomètre, l’homme politique est plus que le théoricien de l’organisation sociale et économique. La science est toujours seulement le moyen d’un art (je dis bien le moyen d’un art et non pas seulement le moyen d’une technologie). L’art, c’est l’homme complet. Donc tout art recèle une science (ou un savoir, pour le dire avec plus de douceur), mais ne s’y laisse pas réduire. 

          Seul l’homme est capable d’art en général et de l’art politique en particulier. Les êtres humains sont des animaux qui font de l’art. Et tout animal qui se mettrait à faire de l’art serait aussitôt un homme. 

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          Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 11:21

          Ok, si vous voulez, mais il fallait que l’on s’accorde dès le départ sur ce qu’il fallait entendre par "art". J’ai simplement repris votre opposition "science"/"art", mais je suis plus sensible également à l’"art" au sens d’une excellence particulière qu’à la "science" entendue comme recherche de l’immuable.


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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 11:36

          C’est pour cela que j’ai parlé d’art au sens que lui donne Kant : une activité qui se distingue de la science tout en la contenant sous la forme d’une technicité propre et nécessaire.


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          Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 11:41

          Au temps pour moi, je n’ai pas été suffisamment attentif.
          Cela dit, ce que je dis plus haut est-il en contradiction avec ce que vous avez dit ? Je ne le crois pas.


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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 12:03

          Certainement pas, ce n’est pas en contradiction. Mais je trouve intéressant de faire intervenir le concept d’art dans la réflexion sur l’essence du politique, car ceci nous permet par exemple d’aborder la question de la relation entre Rousseau et Schiller. 


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          Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 12:06

          Voilà du haut de gamme, si je puis dire.
          Merci Gaspard, je regarderai ça dès que possible. Et va pour l’art en politique, vous m’avez d’ores et déjà convaincu.


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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 18 septembre 2013 12:38

          Schiller est trop peu connu en France (peu enseigné, peu traduit). Heureusement il existe quelques bonnes études et des articles pointus. 


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          Éric Guéguen Éric Guéguen 18 septembre 2013 12:46

          Malheureusement la liste est longue des penseurs "trop peu connus en France".
          Nous sommes loin, très loin, derrière l’ouverture d’esprit des allemands ou des anglo-saxons, et une bonne dose d’idéologie y est pour quelque chose.
          Mais vous savez, finalement, Rousseau lui-même est très mal connu en France. Terence Marshall s’en est fait l’un des rares spécialistes, et il est américain, tout comme Allan Bloom dont il était l’élève.
          Actuellement, on invoque trop souvent Rousseau en philosophie comme on invoque Robespierre en politique, par haine des "élites" corrompues qui nous gouvernent, et je pense qu’il est bien dommage que ça se résume à cela.
           
          Je m’apprête à lire, sur les conseils de Terence Marshall lui-même, le Fédéraliste, d’Hamilton et Madison. Inconnu en France, pour ainsi dire, et pourtant cet ouvrage comporte certainement quelques pièces du puzzle politique que je m’emploie à reconstituer.
          À vous lire,
          EG


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          Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 19 septembre 2013 00:07

          Le fédéralisme est connu en Europe dans sa version doctrinale et abstraite (style "commissariat européen"), tandis que le fédéralisme d’Hamilton est une vision beaucoup plus pragmatique de l’organisation humaine, qui tient compte de la nécessité d’instaurer une "tenségrité" de pouvoirs et contre-pouvoirs (comme une charpente), ce qui peut lui avoir été inspiré par Montesquieu auquel il se réfère parfois je crois. 


          Peut-on, en lisant ses articles qui sont des réponses fonctionnelles à la situation historique très mouvementée de son temps, arriver à dégager quelque chose d’universel des propositions d’Hamilton ? Exercice difficile ! Par exemple, qui sait ce que penserait Hamilton de notre Union Européenne ?

          Une chose est certaine : la vie d’Alexandre Hamilton ferait un bon sujet de film historique. :)


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