Tariq Ramadan, la signature qui fait débat
Vaudeville. Jeudi, sous la pression de Jean-François Copé, les socialistes Martine Aubry et Laurent Fabius ont retiré leur signature d’une pétition condamnant le débat sur l’islam organisé par l’UMP. Prétexte : la présence, jugée inacceptable, de Tariq Ramadan dans la liste des signataires. Retour en images sur la dérobade.
Fox News avait donc vu juste en le qualifiant, en novembre dernier, de « djihadiste de la terreur » : au vu de l’effroi qu’il continue de susciter dans la classe politique française, Tariq Ramadan est bel et bien un personnage terrifiant. Dernières victimes de la « guerre sainte » du « prédicateur » musulman : la secrétaire générale du Parti socialiste, Martine Aubry, et son camarade, le député et ancien Premier ministre Laurent Fabius. Suite à une dénonciation du dirigeant de l’UMP, Jean-François Copé, lors de son interview avec Le Figaro, ils ont découvert avoir conjointement signé une pétition avec l’islamologue sulfureux. Et plutôt que d’envisager la manœuvre de leur adversaire politique comme de la délation accompagnée d’une tentative d’intimidation, les deux responsables socialistes ont préféré se défausser, faisant aussitôt retirer leur nom au bas du texte.
Paradoxe : la pétition en question, visant à annuler le débat sur l’islam prévu le 5 avril par l’UMP, ne posait pas jusqu’alors de problème à l’opposition. Preuve en est, d’autres figures socialistes, tels les parlementaires Jean-Louis Bianco et Bariza Khiari, continuent de maintenir leur soutien au texte. Il semble pourtant que l’évocation du personnage controversé que représente Tariq Ramadan suscite, chez certains militants et élus de gauche, une irritation particulière, que l’on pourrait qualifier de « syndrome Caroline Fourest » : la réprobation automatique, radicale et viscérale, de tout propos ou engagement tenu par le théologien, quel qu’il soit. Ainsi en va-t-il de son soutien à la pétition, initialement lancée par Respect Mag et Oumma.com puis relayée par Le Nouvel Observateur. Le but de ce texte consiste à dénoncer l’instrumentalisation électorale de l’islam-et la stigmatisation conséquente des musulmans- par l’UMP en vue de retenir ses sympathisants attirés par le Front national. Plus de 6000 individus, d’horizons divers, ont déjà apposé leur nom. Jusqu’à l’incident provoqué par Jean-François Copé, et amplifié par le désistement de Martine Aubry et Laurent Fabius, aucun d’entre eux ne s’était soucié de l’identité de chacun de leurs cosignataires. D’autant que les deux responsables socialistes -rejoints dans leur revirement par le président de Sos Racisme, Dominique Sopo- ont innové en matière d’action civique : désormais, l’identité des signataires devrait déterminer, davantage encore que son objet, la signature d’une pétition.
Double discours, double défection
Une attitude que le député européen Daniel Cohn-Bendit juge « ridicule » de la part de ses camarades de la gauche. A propos de Tariq Ramadan, l’écologiste va même plus loin : « Est-ce qu’il a un double langage ? Je n’en sais rien. Il dit "je suis contre la lapidation mais, pour en finir dans les pays musulmans, il faut en passer par un moratoire". En soi, cette stratégie ne me paraît pas scandaleuse. » Depuis, sans craindre l’incongruité de son propos, Martine Aubry se contente d’indiquer qu’elle considère toujours qu’il s’agit d’un « bon texte » tandis que Laurent Fabius précise, pour qui s’en inquiéterait, qu’il n’a « rien de commun » avec l’islamologue. Quant à l’intéressé, il s’est déclaré, vendredi matin sur Radio Orient, « surpris » par ce désistement, allant jusqu’à envisager des conséquences électorales funestes en 2012 pour le Parti socialiste...
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