Rama Yade dresse un bilan accablant de la situation de la jeunesse française aujourd’hui, situation dont est pourtant responsable (pour une part) le gouvernement auquel elle appartient.
Elle explique qu’elle a voté pour la première fois en 2002 pour Christiane Taubira, femme de gauche, dont elle partageait la dénonciation de l’esclavage. Au deuxième tour, elle vota pour Jacques Chirac, afin de "sauver la république" et la démocratie, devant le péril que représentait selon elle Jean-Marie Le Pen.
Zemmour lui demande alors si Jean-Marie Le Pen était monarchiste pour mettre ainsi en péril la république.
On se souvient que Jospin avait dénoncé le "théâtre" de l’antifascisme... Yade lui répond certes que non, mais qu’il n’incarnait pas les valeurs du "vivre ensemble". Elle rappelle que le chef du FN séduisait à l’époque les jeunes, qui étaient 20 % à avoir voté pour lui, Zemmour rajoutant qu’il s’agissait principalement des classes ouvrières (délaissées par la gauche et les grands partis de gouvernement).
Aujourd’hui, Marine Le Pen fait aussi bien, comme le rappelle Alain Duhamel, et même encore mieux. Un récent
sondage IFOP indique que la vice-présidente du FN recueille
28 % des intentions de votes chez les ouvriers, chez qui elle arrive en tête. De même, elle réalise un score très important chez les
25 à 34 ans où elle arrive encore
en tête avec 26 % des intentions de votes.
Le sondage
indique encore que 17 % des 50-65 % se disent prêts à voter pour Marine Le Pen ; ils n’étaient que 12 % dans cette classe d’âge à avoir voté en 2007 pour Jean-Marie Le Pen.
Manifestement le discours sur "la république en danger", tenu encore ce soir par Rama Yade, ne suffit plus à stopper la montée du Front national. Il faudra être plus convaincant d’ici 2012...
Dernier signe de ce changement de climat. Le 23 octobre, le site
Plein Air rend compte de la visite de
Marine Le Pen à Pontarlier, une visite durant laquelle la fille de son père a été "
plutôt bien accueillie par la population locale" ; le journaliste conclut ainsi son papier : "
L’attitude de la population à l’égard de Marine le Pen prouve que l’extrême droite trouve sa place dans l’opinion publique. Les mentalités évoluent. S’il y a encore quelques années, les électeurs du FN n’affichaient pas leurs opinions en public. Les temps ont bien changé. Les autres partis politiques devraient s’interroger sur cette montée en puissance."
Le succès de Marine Le Pen s’explique sans doute par le fait que, tout en conservant les fondamentaux de son parti, sur l’immigration et la sécurité, elle a su l’ouvrir, plus explicitement, aux questions économiques et sociales (qui la situent à bien des égards à gauche). Elle met dos-à-dos les "ultra-libéraux" Strauss-Kahn et Sarkozy. Très critique envers l’Europe de Bruxelles, qu’elle qualifie d’
anti-démocratique et totalitaire, elle remet en cause la
loi Pompidou-Rotschild de 1973, prône la sortie de l’euro, et n’omet jamais de rappeler la trahison de Sarkozy et du PS au sujet du Traité de Lisbonne (copie conforme du Traité constitutionnel rejeté par 55 % des Français).
Dans l’extrait ci-dessous, on la voit s’attaquer à ce qui constitue, selon elle, les deux totalitarismes de notre temps : l’islamisme et le mondialisme, dénonçant au passage l’alliance objective des islamistes et des Etats-Unis.
Voici la suite de l’interview de Rama Yade dans On n’est pas couché : à noter qu’Edwy Plenel remplaçait exceptionnellement Eric Naulleau ce samedi soir, avec une certaine réussite...