Blasphème ? Non, TAKIA !
Franchement, ça ne vous laisse pas comme un léger arrière-goût de rance, cette video ? C’est l’effet takia, ce mélange caractéristique de calcul et de maladresse qui fait qu’au final, on recrache le brouet.
Quand quelqu’un ment, il y a rupture de la cohérence entre le message affiché et l’intention réelle. A titre d’exemple, cette video est un pur produit, assez bien ficelé mais pas trop, de propagande en faveur de l’entrée de la Turquie en Europe.
Propagande noire : pour endormir la méfiance de ceux que l’on veut séduire, on fait croire qu’il s’agit d’un message subversif, alors qu’en réalité on a affaire à une opération de racolage orchestrée par les services officiels.
Un peu maladroite quand même : le drapeau turc, bien évident, annonce la couleur de façon pas trop subtile.
Mais bon, ça s’adresse aux masses, pas aux intellos.
Tentative de persuasion subliminale à travers les paroles : « We’re misunderstood ( = on se trompe sur nos intentions), we look so good ( = pourtant on est vachement présentables), perfect ties, perfect smiles, (on porte de belles cravates, on fait de beaux sourires) nous aussi... »
Le message à peine voilé : pour entrer dans l’Europe (in « Studio Plastico »), la Turquie est prête à montrer ses cuisses, si ça peut endormir les Européens (pré-supposé : « ces abrutis d’Occidentaux qui réfléchissent avec leur bas-ventre »). On n’est pas à cela près du moment que Fatima garde le voile sur la tronche.
Les 2 proxénètes qui via ce clip de pub tentent de fourguer la Turquie (la femelle de la video) à l’Europe, symbolisent les 2 aspects de la Turquie (partagée entre les valeurs libérales promues par Atta Turk et le poids de la régression religieuse) : le côté occidentalisé (le beau mec aux traits réguliers) et le côté islamique (le barbu à l’air con).
Le regard dont ils jaugent la fille avant de la laisser entrer semble dire : « On laisse passer ? Elle a un beau cul. (Temps d’arrêt). Ok, du moment qu’elle garde le voile (= qu’elle n’ouvre pas sa g...) »
Video pas mal fabriquée, avec des acteurs professionnels (ils contrôlent parfaitement les muscles de leur visage - surtout la fille.) Qui dit professionnels dit fric, avec des financements derrière. Mais pas du Ministère de la Culture. Y a pas de musiciens, pas d’artistes (savent pas chanter, indigence du leitmotiv musical et du texte). De toute évidence, la chansonnette n’est qu’un prétexte, un support au message politique.
En résumé : « on a compris vos codes, on est capables de les utiliser si c’est la condition pour participer au banquet, on est prêts à lâcher du mou sur les apparences - à titre transitoire, et du moment que ce sont les mecs qui profitent du paysage... Faisons alliance, au fond on est pareils ( la femme est de toutes façons un objet de consommation, là-dessus l’Orient et l’Occident ne sont pas si différents, vous voyez qu’on peut s’entendre sur les principes essentiels, entre patriarcats.)
Mais attention : on ne transige pas sur le voile.
Passque la religion, ouh-la c’est sacré mon frère ».
Je ne vois pas de subversion là-dedans.
Dans une vidéo subversive, la jeune fille aurait retiré son voile et l’aurait collé sur la tronche du barbu, avant de faire pipi sur les chaussures du beau mec.
Mais c’est pas une femme qu’a fait la video. C’est pas un esprit libre non plus.
C’est un musulman. Ca peut pas être subversif. Vous voyez la nuance ?
Rien de blasphématoire vis-à-vis de l’islam là-dedans. Les valeurs fondamentales de cette idéologie sont présentes : la femme est une créature subalterne, générique (sans visage, sans identité), sans droit à la parole, elle n’est tolérée qu’en tant qu’elle peut servir au plaisir des hommes, elle s’arrête avant d’entrer, elle s’assure qu’elle a la permission. Les hommes, avec ou sans barbe, mènent la danse, orchestrent le discours, toisent, contrôlent la situation et décident pour elle. Alors les mecs, on se serre la main, par-dessus nos cultures ? Gros clin d’œil complice.
Au fait, avez-vous remarqué le jeu de scène du barbu qui mime la sodomie sur son pote au look occidental, vers la fin du clip ? C’est le seul passage non codé : « les Occidentaux l’auront dans le c.. au final ».
Au moins pour le coup, c’est sincère.
Oups, ça leur a échappé.
Debaser
