Affaire Epstein : on ne vous a pas tout dit
La dissonance cognitive est un concept en psychologie qui désigne l'inconfort mental ressenti lorsqu'une personne est confrontée à des informations contradictoires ou à des actions qui vont à l'encontre de ses croyances ou valeurs. Cet état de tension pousse souvent l'individu à chercher à rétablir l'équilibre, soit en modifiant ses croyances, soit en justifiant ou minimisant la contradiction. C'est pourquoi, même avec des preuves concrètes, il est souvent difficile de sortir les gens de ces croyances erronées. Le phénomène de biais de confirmation joue un rôle clé : les individus ont tendance à rechercher et à accorder plus de poids aux informations qui confirment leurs convictions préexistantes, tout en rejetant celles qui les contredisent. De plus, l'influence sociale, la répétition de ces idées et l'attachement émotionnel à certaines croyances rendent la remise en question encore plus complexe, même face à des faits indiscutables.
J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, une caractéristique de notre époque est l'hybridation entre information, divertissement et fiction. Cette fusion crée un environnement où la consommation d'information devient elle-même un acte de divertissement. Les algorithmes des plateformes en ligne privilégient les contenus accrocheurs, souvent émotionnels ou polémiques, au détriment de l'exactitude des faits. Les documentaires, les séries et même les formats d'actualité sont parfois scénarisés ou dramatisés pour captiver le public, brouillant encore davantage la frontière entre le réel et l'imaginaire. Cette tendance à l’hybridation ne se limite pas à la diffusion de l’information, mais affecte également notre perception de la réalité, rendant plus difficile l’exercice d’un esprit critique face à un flux constant de récits mêlant faits et fiction. D'autre part, ceci installe une logique de marché où l'information devient un produit à vendre, soumis aux lois de l'offre et de la demande. Les influenceurs, en quête d'audience, sont incités à produire des contenus sensationnalistes ou divertissants, souvent au détriment de la rigueur, et même parfois, à inventer purement et simplement des éléments des dossiers qu'ils prétendent traiter.
Ainsi, le "premier ré-informateur de France", M. Soral, entre autres, nous a longuement raconté le rôle décisif de Donald Trump qui aurait "fait tomber les réseaux Epstein". Cette affirmation, largement relayée dans les cercles "alternatifs", illustre parfaitement la manière dont l'hybridation entre information, fiction et divertissement fonctionne. En associant des faits réels (l'affaire Epstein) à des narrations imaginaires ou déformées, ces discours manipulent l’opinion publique en exploitant des émotions telles que la légitime méfiance envers les élites ou l’attrait pour les théories alternatives. Ici, la figure de Trump devient un héros de fiction, un personnage agissant dans un scénario qui n'existe que dans ces récits construits. Cela montre à quel point certains acteurs profitent de cette logique de marché et de la confusion entre réalité et spectacle.
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