Un enfant heureux, c’est possible !

En plein centre de Caen, à deux pas de l’église Saint Pierre et du Château, le cabinet de Didier Pleux est inondé de lumière. Une récompense méritée après une escalade tortueuse dans les couloirs et escaliers de l’immeuble. C’est là que le psychothérapeute reçoit les parents en difficulté avec leurs enfants. C’est là qu’il a rassemblé, au cours de ses trente années de carrière, les témoignages qui nourrissent son dernier ouvrage, Un enfant heureux, qui vient de paraître aux Editions Odile Jacob.

 

Il en parle posément avec la clarté que confère l’évidence forgée par l’expérience. Pas de grande théorie, pas de portrait de Sigmund Freud chez ce coauteur du "Livre noir de la psychanalyse" dont une nouvelle édition vient d’être publiée par Les arènes. Lui qui traite les cas d’enfants à problème s’est interrogé sur les autres, ceux qui sont simplement heureux. Et ils existent, semble-t-il. Didier Pleux s’est attaché à dégager leurs caractéristiques, le pourquoi de cet état aussi naturel que rare.

 

Son livre n’a rien du traité intellectuel. Il s’agit d’un véritable guide ponctué de tests permettant aux parents d’identifier les problèmes qu’ils rencontrent et de mieux cerner le caractère particulier de leur enfant. Pour Didier Pleux, tout est affaire d’éducation, sa spécialité. Et si chaque enfant est unique, sa pratique permet de dégager des invariants, des attitudes qui favorisent le développement harmonieux de l’enfant. Au passage, pas mal d’idées reçues ou de croyances issues d’une psychanalyse permissive, sont écornées. Finalement, chacun doit jouer son rôle pleinement. Pas d’enfant roi, ni de parents copains. 

 

Didier Pleux s’inscrit ainsi dans un mouvement qui n’est pas sans rappeler certaines positions d’Aldo Naouri. Pour certains, il semblera prôner un retour à une éducation plus rigide. Pourtant, son discours semble plutôt frappé au coin du bon sens, de la sagesse et du réalisme.

 

 

Pas question d’élever les enfants "à la dure", comme autrefois. Mais qui pourrait contester que le but de l’éducation est de conduire à la meilleure relation possible avec le monde tel qu’il est ? Cette relation est source de frustrations. Inévitablement.

 

Loin de les nier, ou d’en faire abstraction pendant l’enfance, Didier Pleux estime que les parents doivent apprendre, dès les premières années, à leur progéniture à les expérimenter. De l’aptitude à trouver un équilibre subtil entre leur personnalité et la réalité, naîtra ce que l’on appelle un "enfant heureux".

 

Ce qui ne signifie pas que Didier Pleux croit naïvement au "bonheur". Tout est affaire de compromis. Mais certains se révèlent meilleurs que d’autres. Son livre contribue ainsi efficacement à dessiner les contours des premières relations de l’enfant avec le monde dans lequel il va vivre.

 

M.A.