Ayssar Midani - SitRep Syrie n°24 du 1er sept 2017 en 2 parties

@Sentero

S’il s’agissait des puissances occidentales, cela aurait évidemment fait scandale sur avtv et bien au-delà et cela aurait même été considéré comme la preuve irréfutable du grand complot de la manipulation de l’EI de A à Z par les anglo-sionistes. 

Sinon, concernant le corridor pour ce convoi de l’EI, ce n’est pas vraiment étonnant, cela est depuis plusieurs années le mode opératoire de l’armée Syrienne : elle négocie avec les forces armées qu’elle affronte et qui sont acculées et les évacuent avec leur accord sur d’autres théâtres d’opération. La première fois que j’ai vu ça, ça m’avait aussi étonné mais cette méthode a été établie à l’époque ou l’armée syrienne était en difficulté et c’était une manière de préserver ses effectifs et son matériel : plutôt que conquérir un territoire par la force dans des combats destructeurs et meurtriers inutiles, le conquérir par la négociation. L’AAS l’a fait de nombreuses fois avec de des groupes armés différents (y compris les protégés des puissances occidentales à Alep). Cette fois ci, c’est simplement le tour de l’EI.

La priorité de Bachar et de la classe dirigeante syrienne qui contrôle l’appareil d’Etat Syrien, ce n’est pas la lutte contre l’EI mais la reconquête du territoire Syrien. De leur point de vue, l’EI n’est pas différent des autres groupes armés, ce sont des adversaires à éliminer, tout autant que les fameux rebelles modérés. Ceci étant , cette affaire de l’escorte du convoi de l’EI ne doit pas faire oublier qu’ entre le 1er avril 2016 et le 31 mars 2017 , 43% de tous les combats de l’État islamique en Syrie ont été dirigés contre l’AAS , 17 % contre les forces démocratiques syriennes soutenues par les États-Unis (SDF) et les 40% restants impliquaient des combats contre des groupes d’opposition sunnite rivaux , en particulier ceux soutenus par la Turquie ( selon un rapport d’IHS Markit, le principal fournisseur britannique d’informations sur la sécurité et la défense). Autrement dit, durant la période où les pertes territoriales de Daesh ont été les plus importantes, l’armée syrienne a combattu Daesh deux fois plus que les forces soutenues par les Etats-Unis.