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Commentaire de kalki

sur Espoir : Christiana, ville libre dans la ville


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kalki kalki 11 mars 2009 23:13

Christiana est L’Exception européenne. Quartier perdu au milieu de la grande Copenhague, ancienne caserne militaire, Christiana est une expérience sociale extraordinaire, qui perdure depuis plus de trente ans.

L’histoire commence en 1971, par l’abandon par l’armée Danoise d’une caserne militaire en plein Copenhague, capitale du Danemark. Saisissant l’occasion de trouver un toit gratuitement, quelques hippies squattent immédiatement les locaux délabrés. Christiana est née....

Militant pour la libéralisation des drogues douces, vivant en quasi autarcie, les habitants de Christiana (environ 800) subiront pendant plusieurs années la répression des autorités Danoises. Les tentatives d’expulsion se transforment rapidement en véritables émeutes, opposant jeunes et CRS locaux. Par la magie du bouche a oreille (et oui, l’underground n’est pas une invention technoïde), des aides arrivent de toute l’Europe. A chaque intervention de la police, un procès est intenté au gouvernement Danois ; le point d’orgue de ce rapport de force est une manifestation de soutien a Copenhague qui rassemble plus de 30 000 personnes dans la fin des années 70. Ainsi s’est établi un équilibre entre tentative d’expulsion et procès anti gouvernementaux.

Dans les années 80, c’est de l’intérieur que Christiana est menacée : l’apparition des drogues dures en vente quasi libre dans la ville libre provoque délinquance, vols et crimes. La police n’ayant pas droit de citer a l’intérieur du quartier (et n’attendant que ce prétexte pour fermer Christiana), ce sont les habitants eux-mêmes qui vont réussir a virer les dealers (ça vous rappelle pas quelque chose ?... Out la racaille ! ! ! ).

Aujourd’hui, rentrer dans Christiana, c’est étrange... des tags de toute sorte couvrent les murs vieillissants des entrepôts et des bâtiments dortoirs. Partout et dans toutes les langues, les slogans "Dites non aux drogues dures". Si on a le feeling, on peut découvrir les ateliers où travaillent habitants de Christiana et d’ailleurs. Ici, le leitmotiv, c’est "je me stresse pas :)". Les vieux babas du tout début côtoient les jeunes idéalistes venus de toute l’Europe.

Comme dans une véritable ville, on y trouve la "zone industrielle", composée de grands ateliers ou on fabrique de tout, du vélo au verre soufflé, et la cité dortoir, où s’entassent jeunes et vieux résidents. A ce propos, il n’y a pas de propriété privée à Christiana. On ne peut vendre son logement, ni le quitter pendant plus de 6 mois. On verse simplement un modeste loyer a la communauté, qui se charge des diverses commodités. C’est dans la zone "pavillonnaire" que se retrouvent les plus anciens... Cabanes devenus maisons, agrémentées de magnifiques jardins aux plantes exotiques, petites boutiques vendant des productions locales, un vrai petit paradis.

Christiana, c’est aussi un musée, des restaurants (végétariens ou non), des cafés (du style bab au post moderne), une salle de concert et une immense rampe de skate (fabriquée avec des restes de bateaux ! ! !) et une zone commerciale, où les étalages des dealers de tosh se mélangent aux divers marchands ambulants. Des plants de cana agrémentent la zone, masquant parfois les innombrables "Say No To Hard Drugs" et autre "NO PHOTOS". Hallucinant encore le nombre de sortes de Hash qu’on peut trouver dans ce coin paumé du nord de l’Europe. Des variétés dont on ignorait jusqu’à l’existence smiley

Toujours comme dans un véritable ville, on y croise toute sorte de personnes. Pas mal de touristes bien sur, mais surtout des Danois, freaky ou en costard, venant fumer le calumet bien mérite après une journée de boulot. Maitres mots : tolérance, calme et tranquillité ... En quelques années, le quartier est donc devenu une sorte de petit pays "a la baba cool"... Les plus critiques regretteront que l’endroit ressemble encore a un immense chantier en 28 ans d’autarcie, les plus convaincus salueront la volonté commune de ses habitants et l’immense tolérance qu’elle impose au Danemark, pays toujours en proie a des pressions néo-nazis.

http://www.futurinc.lautre.net/article.php3?id_article=26


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