ça paraît assez simple... à Lyon, il n’y a que dans les tribunes du stade qu’on trouve un groupe aussi jeune, aussi organisé, aussi prompt à répéter des slogans et à chanter la marseillaise de manière aussi impressionnante, et surtout aussi facho. Donc, bravo pour la mise en scène. Effectivement, les CRS du premier rang n’ont même pas pris la peine d’enfiler leur tenue entièrement. Ils sont restés en jeans. Des volontaires pour encadrer leurs potes ? Des stadiers ?
Par ailleurs, les casseurs qui ont tant horrifié la ville, ce sont les jeunes des quartiers les plus pauvres venus piller la rue la plus ostentatoirement riche de la ville. C’est ça que les historiens diront dans 150 ans. Et ces jeunes-là seront réprimés avec sauvagerie par la police, tout comme le mouvement social. ça a déjà commencé d’ailleurs, place Bellecour jeudi et dans les comparutions immédiates. Y a-t-il besoin de supporters de foot, potentiellement incontrôlables, pour punir un peu plus et un peu plus brutalement ? S’agit-il juste d’une rouerie supplémentaire pour terroriser les futurs manifestants ? Ce gouvernement serait-il prêt à jouer le hooligan contre l’enragé de banlieue ou contre le salarié furieux qu’on aille lui voler sa future retraite afin de mettre en place le juteux marché des assurances privées ?
Les grenades à Lorient sur des manifestants pacifiques, les faux-casseurs un peu partout, les chiens lâchés sur des adolescents, les flash-balls tirés au visage des enfants... on peut se demander quels intérêts si colossaux notre oligarchie veut-elle protéger pour entrer dans une telle furie et mener notre société aux limites de la guerre civile ?
Le marché de la capitalisation s’ouvre, à grand renfort publicitaire... Les travailleurs dont la retraite vient d’être soudainement réduite, sous couvert de leur demander de travailler plus longtemps alors que concrètement ils ne sont pas en mesure de le faire, vont souscrire très vite des retraites complémentaires. Il y aura même de grosses aides de l’Etat, bien coûteuses pour les finances publiques, afin de les y inciter fortement.
Cette épargne va se retrouver dans des fonds de pension, lesquels s’attaqueront à nos emplois, à nos conditions de travail et à notre environnement. ça sera d’une violence extrême. Incomparablement pire que les casseurs égarés sur les vitrines des magasins.
A moins que la rue ne résiste, d’une manière ou d’une autre, et ne parvienne à éviter le désastre de cette réforme injuste et hypocrite, imposée contre les intérêts des citoyens et en dehors d’un réel débat démocratique. C’est le moins qu’on puisse dire !