Analysez-moi !
On pourrait dire de Michel Onfray
qu’il a un sérieux compte à régler avec le christianisme et comme le sieur
Freud voyait dans la recherche de Dieu, la recherche du père, ceci explique
cela. Mr Onfray ne retient rien de Freud, c’est une autre croyance.
Ceci dit, à propos des psy,
jamais charlatans ne surent mieux leur métier, comme jadis les médecins :
jamais empoisonneurs ne surent mieux leur métier.
C’est que les médecins du temps
de Boileau en étaient aux balbutiements de la médecine. Et de plus, le corps
nous livre ses secrets bien qu’il reste beaucoup de mystères.
Mais l’âme, qui prétendrait
connaître l’âme et savoir le médicament qu’il lui faut quand elle se meurt de
mélancolie ? L’âme a alors besoin d’amour, d’être entendue mais pas par
quelqu’un qui rédige une facture après consultation.
On a créé de toutes pièces le
métier de psychologue ; on a usurpé l’épithète pour en faire un substantif
et s’approprier ce mot.
Quand des gens ont faim à l’autre
bout de la planète, on crée une ONG bénévolement. Quand des personnes déprimées
crient au secours chez nous, on crée des postes de psy. Si ce n’est pas là une
exploitation du dysfonctionnement de la société, expliquez-moi.
Des analyses qui durent jusqu’à
dix ans et le gars qui s’est analysé lui-même devant son psy pense qu’il a
découvert son fonctionnement, qu’il est guéri mais en fait on l’a fait tourner
en boucle autour de son ego et il continue de se satelliser autour .
Au lieu de le débarrasser de ses
« moi, je » encombrants, on les a exacerbés. Est-ce que l’imposture
peut continuer comme ça ?
Si le psy se justifie dans une
société sans liens, c’est qu’il nous faut recréer ces liens, alors les psy se
reconvertiront en cantonniers ou maçons.
Tout s’achète et tout se vend,
comme si la gratuité n’avait plus son mot à dire, c’est bien dommage. Un
monde « gagnant gagnant » n’est pas celui de l’échange
économique mais celui du partage, du temps que l’on passe pour l’autre.
Disons que dans la conjoncture,
le psy reste une nécessité, un pis-aller. Quel soignant honnête d’une maladie
ne voudrait pas qu’elle soit éradiquée et passer à autre chose ?
Nous avons les moyens de
supprimer l’exclusion, les suicides à télécoms mais les ego surdimensionnés
restent des « ego sans trique » extrêmement timides de la rencontre
de l’autre, du plus démuni et peut-être de leur véritable «
eux-mêmes ».
Vivre de la dépression bien
entretenue par la pression des médias, leur publicité assommante et le tapage
de leur foire aux vanités, ce n’est pas prendre le problème par le bon bout.
Quand on vous vend du rêve qui
vous déprime, c’est qu’il s’apparente à une drogue. Nous avons fait de la
théorie freudienne une drogue et de la lutte des classes de Karl Marx une
utopie dangereuse. On n’a pas gardé le doute, salutaire en toutes circonstances.
Tout ce qui s’impose en croyance
absolue constitue un dogme dangereux. La certitude mimétique religieuse nous en
fait la démonstration avec les extrémistes religieux.
Ils adorent leur religion mais ne
sauraient décrire leur Dieu ; il leur sert de slogan pour justifier des
instincts incontrôlés.
La folle du logis est partout,
dans les dogmes, les partis, les religions. Remettre en question la
psychanalyse de Freud, c’est lui reprendre des terrains usurpés.
Des fois, on croit et ce n’est
pas vrai, dit-on A vrai dire, si j’ose dire, ce n’est jamais vrai qu’à travers
un prisme, une légende admise selon le pays où l’on est né.
Comme Déprosges, il faut dire à
tous les gourous et à tous les courroux : coucou ! Un bras d’honneur
à leurs idées impérieuses.
Michel Onfray, OK !
Démystifiez le freudisme mais tapez moins fort sur la légende fondatrice de
notre civilisation ; elle nous a conduit aux droits de l’homme et à la
laïcité.
A.C