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Commentaire de iakin

sur Montebourg votera Hollande : l'alliance de la carpe et du lapin ?


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iakin 16 octobre 2011 01:04

Il faudra choisir, Castabel. Soit nous discutons normalement, avec des idées, des hypothèses, des arguments, "en adulte" comme on dit, et je ne suis pas contre, je ne crois pas être quelqu’un de borné.
Soit on caricature, on se moque, "l’état père-noël", "de gauche (donc gentil)", "plus de sous dans la popoche" et on cherche à avoir l’approbation du public pour savoir qui a cassé l’autre.
Mais vouloir faire les deux en même temps c’est faire les choses à moitié.
 
Ceci dit, vous invoquez les mathématiques : si on baisse les impôts, les cotisations sociales et la tva, ça fera plus d’argent pour les salaires.
La première chose qui me vient à l’esprit tout d’abord c’est qu’est-ce qui vous fait croire que les actionnaires et les patrons verseront cet argent supplémentaire aux salariés ??
 
Bon, pour les questions commençons par là déjà, il y aurait beaucoup à dire.
 
A propos du capitalisme, c’est un système de production, ça n’a rien à voir avec mon compte en banque. Il y a des système de production (où et comment se fabrique les marchandises), des systèmes économiques (qui créé la monnaie et comment circule l’argent) et des systèmes financiers (comment l’argent s’échange contre des titres de propriétés, et des titres contre de l’argent), même si au final évidemment tout est lié.
 
Pour produire des marchandises et les distribuer il faut :
1 - des travailleurs
2 - des matières premières, des outils, des machines, des manufactures, bref ce qu’on appelle les moyens de production
3 - des infrastructures pour amener les matières premières et transporter les marchandises (routes, ponts, etc), des écoles pour former les travailleurs (leur apprendre à compter, lire...), des institutions pour gérer les relations publiques, nationales et internationales (pas de commerce sans paix sociale dit-on)
 
Et bien un système capitaliste de base, c’est assez simple en fait, c’est un système dans lequel, après avoir donné aux travailleurs les moyens de reproduire leur force de travail (c’est à dire de survivre et de procréer), tous les profits de l’entreprise vont aux propriétaires des moyens de production (que l’on nomme alors "capitaliste"). Charge ensuite à la société dans son ensemble de trouver les moyens de régler les dépenses de l’Etat.
L’objectif de ce système c’est que, en donnant aux gens qui possèdent de l’argent, les moyens de gagner plus d’argent en investissant dans des moyens de productions, ils préféreront le dépenser ainsi plutôt que de le garder dans un coffre fort où il ne servira à personne, et ainsi on produira tout ce qu’il faut pour se nourrir.  
 
Et si vous avez bien compris cela, alors vous pourrez rétorquer une chose : Mais ! Aujourd’hui, une partie des profits vont aux salariés (qui font, certains en tout cas, plus que survivre) et à l’Etat grâce à l’impôt.
Et bien oui, nous ne sommes plus tout à fait une société capitaliste.
Ceci dit, nous n’en sommes pas très loin non plus, c’est surtout une histoire de curseur dans la répartition de la plus-value, qui retourne plutôt dans le sens des actionnaires depuis 30 ans.
Et puis il y a tous les rapports sociaux qui sont encore complètement conditionnés par ces rapports marchands d’exploitation... mais là c’est presque des broutilles si vous voulez, et vous allez m’accuser à nouveau d’être un gentil bisounours de gôche etc.
 
M’enfin, tout de même, il y a eu entre temps la découverte (mathématique) de Marx (n’en déplaise aux anti-marxistes, à peu-près tout le monde lui accorde au moins ceci aujourd’hui) : la baisse tendancielle du taux de profit.
 
La voici :
 
1 - Puisque les grandes entreprises se retrouvent en concurrence pour attirer des actionnaires, il ne s’agit donc pas pour elle seulement de faire des profits, il faut faire le profit maximum, et que celui-ci continue à augmenter.
 
2 - Le progrès technologique et la concurrence entre entreprises font que celles-ci ont de moins en moins besoin de travailleurs et doivent faire de plus en plus souvent des investissements pour des machines de plus en plus performantes
 
3 - comme il y a moins de travail, il y a plus de chômage, les salaires ont tendance à stagner ou à baisser - tandis que le prix des marchandises baissent aussi, mais moins vite que les salaires, car les investissements dans les nouvelles technologiques vont, eux, en augmentant - les machines ne créant pas de plus-value (elles ne font que transmettre leur valeur aux produits) on arrive alors au 4
 
4 - Une partie de plus en plus grande de la population n’a simplement plus les moyens d’acheter les produits que fabriquent les travailleurs -> baisse de la profitabilité de l’économie dite "réelle" -> déplacement des capitaux vers la finance -> production de signes monétaires supérieur à la création de richesses -> spéculations et bulles financières -> éclatement de bulles de plus en plus grosse -> crise systémique -> crise financière -> crise économique -> crise sociale -> crise politique
 
La théorie date de la deuxième moitié du XIXème siècle et c’est ce qui se passe aujourd’hui (mais ce n’est pas la première fois). Nous sommes pour l’instant entre la crise sociale et la crise politique... il va falloir attendre un peu pour voir la suite.
 
Mais vous voyez donc que vos banquiers apatrides et votre dictature mondiale n’y ai, en définitive, pas pour grande chose. Ce que l’on peut leur reprocher c’est de savoir parfaitement tout cela (1929 est tout de même passé par là depuis) et de n’avoir absolument rien fait pour l’empêcher.


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