Un petit poème de Jean Jaurès pour remonter le niveau :
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L’étonnement éternel
L’Infini, en même temps qu’il est la suprême clarté, est le suprême
mystère. L’être infini est une inépuisable réponse à une inépuisable
question ; Dieu même, en se comprenant comme être et en comprenant tout
par soi, s’étonne d’être ; le jour où nous saurions tout, où nous
verrions tout, nous aurions mis un terme à notre ignorance, mais point à
notre étonnement ; l’étonnement n’est pas seulement à l’origine de la
science, il est au bout et, à l’infini, il se confond avec la science
elle-même ; l’infini a besoin, pour résister à la négation, de
s’affirmer sans cesse, et c’est cette affirmation renouvelée qui
renouvelle le monde ; il y a au fond de toute chose un étonnement divin
qui met dans la monotonie des matins renaissants une fraîcheur d’aurore
première et qui prolonge dans le rêve les perspectives voilées du soir.