http://www.legrandsoir.info/non-merci-je-suis-marxiste-moi.html  ; faut voir ;o)
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Mariage pour tous : Non merci, je suis marxiste moi !
Marx Lemoine
Le
mariage est le rite d’entrée dans l’institution qu’est la famille. Il a
une fonction sociale et une histoire qui ne correspondent pas à ce
qu’en dit l’idéologie du genre. Il ne s’agit pas de consacrer un couple
parce qu’il s’aime mais d’assurer la reproduction sociale.
Désolé,
je n’irai pas manifester : Il ne s’agit de savoir si des personnes de
même sexe peuvent former un couple. Il s’agit de savoir si elles peuvent
se marier, s’il y a un sens à ce qu’elles se marient. On peut contester
cela sans être ni borné ni homophobe. Il suffit de ne pas se satisfaire
d’arguments de midinette (ils s’aiment donc marions-les) et de prendre
conscience des implications idéologiques et politiques de la théorie du
genre.
Il faut commencer par réfléchir à ce que sont le mariage et la
famille et à ce qu’en dit l’idéologie du genre, puis plus largement à ce
qu’elle dit des différences de sexe et de comportement sexuel.
La famille organise le rapport social de sexe. Elle est une
institution, présente dans toutes les sociétés, dont l’un des objets est
d’assurer la reproduction sociale par le contrôle des filiations. La
prohibition de l’inceste, dont on fait souvent la base de toute culture,
ne se conçoit pas sans elle. Qu’elle soit nucléaire ou communautaire,
la famille est le nœud même de toute société puisqu’elle est au
croisement des rapports sociaux de sexe et des rapports de génération
qui sont présents dans toutes les sociétés, à toutes les époques, et
quel que soit leur mode de production. On peut remettre en cause cela
mais il faut au moins en être conscient.
Reste le second volet du problème : on nous parle « d’orientation
sexuelle ». Que recouvre ce vocabulaire nouveau ? La réponse est : il
s’agit d’un renversement dans la façon de caractériser un individu. Ce
renversement est une opération idéologique.
En effet, on peut caractériser un individu à la fois par son sexe et
sur la base d’un comportement sexuel plus ou moins exclusif. La question
est alors celle de la stabilité de ces classifications. C’est celle des
fondements de l’une et de l’autre et de là c’est la question de ce
qu’on peut fonder sur l’une et sur l’autre. Si la classification par la
différence de sexe a été jusqu’à présent le fondement exclusif de la
structure familiale c’est qu’elle est stable et qu’elle permet à la
famille de jouer son rôle dans le renouvellement de la société. On
voudrait considérer que la seconde classification (celle sur le
comportement) permet un fondement aussi stable. Mais il n’en est rien
car, non seulement l’orientation sexuelle peut varier mais plus encore
elle n’a de sens que par la différence sexuelle. Elle ne peut que venir
après. C’est dans la négation de cette évidence que commence l’opération
idéologique de la théorie du genre. Cette opération consiste à vouloir
substituer à l’identité sexuelle fondamentale (celle qui différencie les
hommes et les femmes), une identité fondée sur la sexualité qui oppose
les hétérosexuels aux homosexuels. On opère un glissement d’une
classification des sujets selon leur sexe à une classification selon le
« genre ».
Cette substitution du sexe par le genre n’est pas légitime : elle est
illogique car elle se fonde sur ce qu’elle nie. En effet, ni
l’hétérosexualité ni l’homosexualité – qui sont la structuration du
désir - n’ont de sens sans référence à la différence sexuelle. La
substitution de l’une par l’autre ou même l’affirmation d’une
équivalence entre ces deux formes « d’identité » s’appuie sur l’un des
faits constatés pour récuser l’autre (sur la variété des comportements
pour occulter la pertinence de la différence des sexes). Une des
conséquences du glissement opéré ainsi par l’idéologie du « genre » est
de construire une classification sexuelle des individus, qui ne concerne
plus leur sexe, mais leurs goûts et qui vise à les enfermer dans une
détermination fixe et définitive, à doter chaque « communauté » d’une
culture propre exclusive de l’autre.
Pour achever le travail de renversement, on ajoute à cela que la
différence des sexes est une « construction sociale ». On part d’une
évidence et d’un constat simple : attribuer un sens à la différence des
sexes est l’un des traits fondamentaux, peut-être même fondateur, de
l’espèce humaine ; le statut des hommes et des femmes dans une société
est largement déterminé socialement (avec le concours des autres
rapports sociaux). L’avenir de l’enfant, garçon ou fille, est marqué par
la structure sociale. L’opération de l’idéologie du genre consiste à
partir de cela pour en faire une opération « performative » c’est-à-dire
qui crée elle-même son objet. L’idéologie du genre dit donc que la
différence des sexes est une construction sociale et sur ce plan elle
voudrait la mettre au même niveau que le choix de « l’orientation
sexuelle ». Ce que cette opération idéologique veut faire oublier c’est
que les constructions sociales ne s’édifient pas de façon absolument
arbitraire et autonome, à partir de rien. La forme historique que prend
la différence des sexes ne peut pas être le prétexte à occulter cette
différence. On omet de voir qu’il n’y a ici ni matière à performativité
ni à un choix parce qu’il n’y a pas de base sur laquelle viendraient se
greffer les objets du choix. Il n’y a pas sous les formes sociales des
statuts masculins ou féminins, un sujet neutre ou asexué. La philosophe
Michèle Le Doeuff fait d’ailleurs remarquer que la « perspective dite de
gender » conduit à sa propre négation. Elle écrit : « on ne croit plus à
des natures sexuées, tout çà c’est du culturellement construit, mais
construit par qui ? Ah ! par les hommes et du coup, comme ils sont
constructeurs de la culture plus que construits par elle, c’est bien une
masculinité en soi, pour soi et réelle qui détermine les productions
culturelles ». On bute toujours sur cette évidence : la différence des
sexes est un fait de nature, la différence des comportements n’en est
qu’une suite. Il n’y a pas égalité entre sexe et orientation sexuelle.
L’un et l’autre n’ont pas le même titre à être le fondement de
l’institution de la famille.
Tout cela ne serait que fantaisie et jeu pour intellos branchés si
cette opération ne venait se greffer sur l’offensive ultra-libérale et
si elle n’en était pas un des fers de lance. Car, il n’y a pas
d’innocence là-dedans. On trouve les mêmes relais et les mêmes
financiers. C’est ainsi qu’en France, on voit s’agiter l’agent
d’influence Pierre Bergé qui est un de ceux qui ont contribué
l’alignement du journal, « de référence », Le Monde. Il en est devenu
l’un des actionnaires et a contribué à le mettre sous le contrôle du
propagandiste Alain Minc. Ce même homme est le financier et
l’inspirateur des groupes LGBT et c’est en leur nom et au milieu d’eux
qu’on l’a entendu faire récemment cette déclaration à l’inspiration
idéologique limpide : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans
les droits, que ce soit la PMA, la GPA. Moi, je suis pour toutes les
libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour
travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distingo qui
est choquant."
Il est clair que la gauche communiste fait fausse route en cette
compagnie. Elle ne voit pas qu’elle serait bien mieux inspirée de se
soucier de ce qui détruit l’institution familiale et devrait se rappeler
ce passage du Manifeste du Parti Communiste : « La famille, dans sa
plénitude, n’existe que pour la bourgeoisie ; elle a pour corollaire la
suppression forcée de toute famille pour le prolétaire …. ». Elle ne
voit pas qu’elle cède sans combattre à l’idéologie du « genre » venue
des Etats-Unis. Ce qui fait que cette idéologie est diffusée avec tant
de complaisance, c’est qu’elle constitue une charge particulièrement
efficace contre le marxisme qu’elle prend si on peut dire à revers.
Cette idéologie a pour avantage de faire l’impasse sur l’idée de
rapports sociaux et de déplacer la conflictualité sociale des rapports
sociaux (qu’ils soient de classe ou de sexe) sur une tolérance
réciproque entre « genres » qui appelle une lutte contre les
discriminations et les préjugés. Elle supplante et annule l’idée de
lutte de classe et de lutte pour l’égalité des sexes. Elle travaille à
la division généralisée en multipliant les sous-groupes LGBT, QIA etc.
(son imagination est infinie).
Marx Lemoine"