Affaire PRISM : l’UE peine à protéger ses données
La
protection des données à l’ère numérique est un véritable nœud gordien
européen. Après des mois d’intenses débats, les eurodéputés réunis lundi
21 octobre à Strasbourg, vont tenter de franchir une première étape sur
la réforme du cadre européen en matière de données personnelles. Un
vote est prévu en commission parlementaire des Libertés civiles, qui
pourrait déboucher sur une limitation plus stricte des transferts de
données de l’Europe vers les Etats-Unis.
"Le
plus vaste programme de surveillance arbitraire de l’histoire humaine".
C’est ainsi qu’Edward Snowden, ex-employé de l’agence de surveillance
américaine (NSA), qualifie le programme Prism, qui permet aux services
secrets américains d’accéder de manière privilégiée, depuis 2007, aux
données de neuf grandes entreprises d’Internet, dont Google, Facebook et
Microsoft. Les documents que Snowden a fournis cet été au Guardian et
au Washington Post ont contribué à lever le voile sur l’ampleur de la
surveillance et de l’espionnage menés par la NSA et ses alliés.
[Le Monde]
Et la France n’est pas en reste. Selon les documents de la NSA obtenus par Le Monde,
les communications téléphoniques des citoyens français sont
interceptées de façon massive. Sur une période de trente jours, du 10
décembre 2012 au 8 janvier 2013, 70,3 millions d’enregistrements de
données téléphoniques des Français ont été effectués par l’agence
américaine. [L’Express].
Suite à ces révélations, le ministre français des Affaires étrangères a
exigé ce matin la convocation immédiate de l’ambassadeur américain à
Paris, qui sera réçu dès aujourd’hui au Quai d’Orsay [Les Echos]
Du côté de l’Union européenne, le quotidien allemand Der Spiegel révèle
que la NSA a installé des mouchards dans les locaux de la
représentation de l’Union à Washington, dans sa délégation auprès de
l’ONU, à New York et jusque dans le bâtiment du Conseil de l’Union
européenne à Bruxelles.
Selon les Echos,
ces révélations soulignent de façon criante le besoin d’avancer
rapidement sur une modernisation du cadre réglementaire européen, qui
date de 1995, soit le tout début de l’ère internet. Il s’agit de
renforcer les règles du jeu, et surtout de les harmoniser à l’échelle
des 28 alors que chaque pays a bricolé son propre système.
Ce
maelström législatif pourrait déboucher sur le vote aujourd’hui au
Parlement européen de mesures renforçant le contrôle sur les
transferts de données vers les pays tiers. Plus question que Google ou
Yahoo puissent encore le faire facilement sauf si ce transfert repose
sur une base juridique européenne ou si le pays tiers a une loi
équivalente à celle en vigueur en Europe. Autres mesures envisagées : le
droit à l’oubli (le fait de pouvoir demander que ses données
personnelles soient effacées par Facebook par exemple) devrait être
institué, ainsi que l’obligation d’un consentement explicite des
internautes pour l’exploitation commerciale de leurs données.
Ce
vote doit encore être confirmé, car le Parlement doit s’entendre avec
les Etats membres qui, très divisés, n’ont toujours pas arrêté de
position commune. Mais le compromis final sur cette législation avant la
fin de la législature au printemps 2014 paraît difficile.
Source : http://www.touteleurope.eu/