Gollum,
Je vous rejoint sur de nombreux points. Cependant, j’avoue que je doute souvent que Confucius soit vraiment resté au stade exotérique. La citation des Entretiens qui me pousse dans ce sens est celle que cite Anne Cheng. La dernière strophe "A soixante-dix ans je suivait les élans de mon cœur sans sortir du droit chemin", montre que le résultat de la voie confucéenne est finalement une libération de l’être par rapport aux règles. L’observance des rites a pour but d’orienter le cœur de l’individu vers la bonne voie, mais elle n’est pas une finalité en soi. Un commentateur de Lao-tseu, Wang Bi, au IIIème siècle avant J.C., faisait la remarque suivante :
"Confucius a fait corps avec le principe suprême inconditionné, lequel est ineffable, c’est pourquoi il n’en parle pas, tandis que Lao-tseu évolue encore dans l’être, c’est pourquoi il ne cesse de s’en gargariser."
Ce qui est en accord avec le passage suivant des Entretiens (XVII.18.) :
Le Maître dit : « Je voudrais ne plus parler. – Maître, dit
Tzeu koung, si vous ne parlez pas, qu’aurions-nous, vos humbles
disciples, à transmettre ? » Le Maître répondit : « Est-ce que le Ciel
parle ? Les quatre saisons suivent leur cours ; tous les êtres
croissent. Est-ce que le Ciel parle jamais ? »