-comment tu évalues que
c’est inatteignable ?
------> C’est une très bonne question, très simple
mais dont la réponse devra être très complexe. Je ne vais pas y répondre tout
de suite pour ne pas alourdir l’échange (et le temps que je réfléchisse aussi, d’ailleurs,
il serait intéressant d’y réfléchir ensemble).
Mais nous sommes d’ accord pour
dire que l’évaluation est difficile.
-est-ce que ce n’est pas
seulement la peur de passer pour un utopiste, un optimiste béa qui te conduit à
t’empresser de signifier ton pessimisme.
------> Passer pour un utopiste, voir pour un optimiste
ne me pose pas de problème.
C’est simplement que je
remarque que les utopistes et les optimistes sont les personnes dont viennent
les plus grosses catastrophes, car en se rendant compte que le réel ne
correspond pas à leur idéal et ne leur
permet pas d’arriver à leurs fins, ils essaient coute que coute de le tordre et
c’est là que les catastrophes commencent.
Le truc c’est que les
catastrophes sont justement à mon sens ce qu’il faut éviter. Cela ne signifie
pas non plus qu’il faut être pessimiste, cette attitude là au final ne mène qu’à
l’inaction.
L’idéalisme comme carburant
de l’ action et le réalisme dans l’action me convient très bien, je pense qu’il
faut une combinaison des deux. Et le réalisme passe par l’évaluation.
-Il est vrai que la
projection d’une réussite parait vraiment improbable.
------> Je pense que l’évaluation passe par l’analyse
de la situation(en fait c’est à peu près la même chose, non ?) et c’est
cette analyse qui doit nous amener à déduire si le projet peut aboutir ou non.
S’il peut aboutir, quels
sont les moyens pour y arriver et quel est le moins mauvais d’entre eux (en général,
il n’y en a simplement pas de bons). Ensuite on peut passer à la stratégie.
S’il ne peut absolument pas aboutir,
on peut soit le réviser à la baisse et s’en
contenter, soit l’abandonner pour passer à quelque chose de plus réaliste.
Tout ceci en tenant compte
du paradoxe qu’il faut aussi savoir ne
pas être raisonnable car « aux raisonnables point d’exploit » et donc
qu’il faut un grain de folie idéaliste et utopiste qui doit servir de carburant
émotionnel. En gros il faut être schizophrène.
-Ou bien est-ce vraiment une
estimation basée sur le fait qu’il est difficile de convaincre, qu’il y a
beaucoup de réflexions qui ne s’embarrassent pas de la logique,
------> Cela, il faut faire avec, on y coupera pas,
les humains ont de l’irrationalité en eux , pour le meilleur et pour le pire.
-il y a beaucoup de gens qui
ne veulent pas que l’on s’immisce dans leur réflexion et qui considèrent tout
questionnement sur leur raisonnement comme de l’inquisition
------> Les emmurés bornés, il faut les laisser dans
leurs coins, échanger ne sert strictement à rien, c’est une perte d’énergie.