Une partie de la sélection et de la formation de nos "élites" porte sur la capacité à répondre en toutes circonstances à n’importe quelle question posée, y compris sur les sujets les plus abscons auxquels le politique ne connaît absolument rien.

Là on a un cas d’école. On voit comment la sollicitation intense de ce réflexe surentraîné produit un discours mièvre et stéréotypé, entre langue de bois, mensonge et adaptation au politiquement correct ambiant. Royal y ajoutant une sorte d’épaisseur, de bêtise populaire qui n’appartient qu’à elle.

Chez Machiavel, le mensonge politique est justifié jusqu’à la déloyauté apparente : mais son corollaire est la puissance du prince, sa capacité à agir sur le réel ("agir contre la foi, contre la charité, contre l’humanité, contre la religion"). Chez nos politiciens, le mensonge est systématiquement le corollaire de l’impuissance, de l’incompétence et de la démission.

Pendant que les Américains relocalisent leurs industries (http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20141023trib82c40 f89a/relocalisation-le-made-in-usa-fait-son-grand-retour.html), que les Chinois ne pensent qu’à sécuriser leurs approvisionnements, que les Allemands mènent une politique d’hégémonie nationale dans le cadre européen, que les Russes réarment, et que des jeunes français déboussolé et sans perspective se laissent happer par l’islamisme radical, nos guignols politiques, complètement effacés par les Allemands sur la scène européenne et ne contrôlant plus rien sur le plan économique, industriel ou monétaire, cherchent à (se) dissimuler leur impuissance consentie en revendiquant le leadership moral sur les sujets secondaires dont tout le monde se fout en réalité : Droits de l’Homme, réchauffement climatique, "vivre ensemble"... pourtant il y a déjà l’ONU et l’UNESCO pour ça. Mais non, la France ambitionne de devenir désormais une "marque" morale.

De ce point de vue, la conférence sur le climat de 2015 risque d’être une tartufferie planétaire de premier ordre. Les Américains et les Chinois, responsables de près de la moitié de la pollution planétaire, ont d’ors et déjà montré leur ambition de gérer le problème (réel ou fantasmé, ce n’est pas le sujet) dans le cadre dune relation bilatérale élargie ; les Canadiens et les Australiens ne veulent rien entendre, les Russes n’en pensent pas moins ; quant aux Allemands, ils se sont lancés dans le renouvelable sans nous attendre et en nous faisant bouffer les particules de leurs centrales au charbon. Evidemment, aucun de ces pays ne va disputer le hochet de la sagacité environnementale aux "élites" françaises.  

Conférence sur le climat, exposition universelle, JO... autant de gabegies inutiles visant à conforter nos politiques dans leur universalisme déconnecté de la réalité quotidienne vécue par les Français. Car pendant ce temps-là, chez Peugeot, Renault & cie, la routine continue : énième vague de licenciement, délocalisation d’usine présenté comme un bienfait, etc.