LE LIVRE NOIR DE JEAN ROBIN
(ou ROBINOSCOPIE)
4ème
épisode :
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Le dîner de cons
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Le grattin de l’Empire se retrouve,
comme tous les mois, au dîner du Siècle. Pour pimenter les
rencontres, chaque membre a reçu pour consigne de ramener avec lui
un c... de la plus belle espèce. On retrouve, ce soir, entre autres,
Oliderid en compagnie de Pierre Gattaz, Erwanet avec Jacques Attali,
et Jean Robin au bras de Laurence Parisot.
Pour Jeannot, c’est l’occasion ou
jamais de témoigner du terrible ostracisme dont souffre son
incomparable talent.
Jeannot : - Vous vous rendez
compte ? J’ai écrit pas moins de trente livres ! Pendant
ce temps, Socrate n’en a pas écrit un seul, le bouseux !
Il s’esclaffe.
Parisot : - Ah
bon ? Qu’avez-vous donc écrit, cher ami ?
Jeannot, pas
peu fier : - « Gagner un revenu complémentaire :
c’est facile ! », « Le livre pour être heureux »,
« Le livre noir de la souffrance animale »,...
Parisot : - Mais c’est passionnant ! Comment se fait-il qu’on ne vous voie
pas plus souvent sur les plateaux de télé ? Avec un éclectisme
et un talent comme le vôtre...
Jeannot, sombre : - Ça,
c’est la question... Je vais vous faire une confidence. [Il parle
tout bas. Le petit cercle des convives se rapproche. Alain Minc n’en
perd pas une miette. Jacques Attali est tout ouïe.] Je crois que je
suis victime de
l’oligarchie !
Murmures
dans l’assistance. Des invités se pâment. Le personnel tente de les
raviver avec des sels.
Oliderid
et Erwanet font corps avec leur ami Jean Robin.
Parisot,
fébrile : - L’oligarchie ? Que voulez-vous dire, mon
cher ?
Attali,
les narines fumantes : - Je crois, mon jeune ami, qu’on verse là
dans la théorie du complot et ces idées nauséabondes ne sont pas
sans nous rappeler les heures les plus sombres de notre histoire et
si vous voulez mon humble avis [le public se met à tousser], le
ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ...
Minc, agacé : - Jacques,
laissez-le terminer, voyons.
Jeannot, inflexible : -
L’oligarchie, oui, je pèse mes mots. Et vous le savez aussi bien que
moi : la France est écrasée par l’oligarchie cégétiste et
marxiste...
À
ces mots, la tension se
relâche. Les femmes évanouies reprennent leurs esprits. Laurence
Parisot ne peut détacher son regard de Robin, subjuguée. Jeannot
poursuit :
Jeannot : - Oui, bien sûr. Il faut du courage, pour le dire. La France est
paralysée par cette plaie, que représente le syndicalisme
socialo-communiste ! N’êtes-vous pas d’accord avec moi, Mme
Parisot ?
Parisot
reste interdite. Alain Minc lui balance un discret coup de coude.
Parisot : - Hein ? Si, bien sûr ! Vous avez évidemment raison,
monsieur Robin ! La CGT est à l’origine de la crise du pays !
Jeannot : - Ce sont ces 1%, responsables de tous nos maux. Ils font la pluie et
le beau temps. Nous tous [il contemple l’assemblée qui l’encercle]
sommes les 99%. Il serait temps que l’on se révolte !
Erwanet
et Oliderid l’acclament. Les membres du Siècle, réunis autour de
Jeannot, restent ébahis. Ils se pincent. Les esprits les plus
joueurs, parmi eux, comprennent que c’est Laurence Parisot, ce soir,
qui est tombée sur le bon cheval, et qu’elle va remporter le
concours haut la main.
Parisot,
se resaisissant : - Oui, monsieur Robin, vous avez entièrement
raison. Je lève mon verre à votre courage et votre perspicacité !
Standing
ovation pour Jeannot. Celui-ci rougit. Erwanet et Oliderid commencent
à en prendre ombrage et voient d’un mauvais œil cette concurrence
libre et non faussée.
Sous
des tonnerres d’applaudissements, Jeannot souffle à Parisot :
Jeannot : - Madame Parisot, je suis certain que vous pourriez m’ouvrir les
portes des grands médias. Qu’en pensez-vous ?
Épilogue.
Gattaz,
Minc, Attali, Parisot discutent, à l’issue du dîner.
Minc : - Alors là, chapeau, chère Laurence ! Vous avez triomphé, ce
soir, avec votre spécimen ! Où l’avez-vous déniché
Parisot,
ravie : - Par hasard ! [Elle se rembrunit.] Remarquez,
au-delà de ma victoire de ce soir, j’ai eu peur de m’être liée à
un sacré boulet... Il m’a demandé de lui ouvrir les portes des
médias.
Attali : - C’est une bonne idée, ça ! Il faut diffuser les idées
néo-libérales !
Parisot
fait la moue.
Parisot : - Vous pensez bien qu’ un porte-parole aussi « nuancé »
que Jean Robin nous saboterait la communication ! Avec un tel
ami, on n’a plus besoin d’ennemis... Ce n’est pas à vous que je vais
rappeler qu’il n’y a rien de mieux qu’un gouvernement de « gauche »
pour appliquer une vraie politique de droite ultra-libérale...
Attali : - Alors, que lui avez-vous répondu ?
Parisot : - Que le lobby de la CGT était trop fort pour moi et mes modestes
relations ! Et il a rétorqué : « Ça
ne m’étonne pas ! Elle est toute-puissante, cette racaille
gaucho-socialo-marxiste... »
Éclats
de rire dans l’assistance. Chacun lève son verre au champion du
soir, le grand Jean Robin.
1er épisode de la Robinoscopie : Jean et Akila
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/daniel-depris-sur-la-big-brother-48026
2ème épisode de la Robinoscopie : Le JT Intelligent
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/jt-intelligent-no38-principales-48340
3ème épisode de la Robinoscopie
: L’interview de Jean Robin
http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/scene-surrealiste-en-direct-sur-48380